L’équipe de France affronte l’Écosse samedi au Stade de France (21h) pour aller décrocher la victoire finale dans le 6 Nations. Un match qui pourrait permettre à certains Bleus de battre des records de points ou d’essais et qui pourrait permettre aux hommes de Fabien Galthié de battre le record d’essais inscrits sur une compétition. Un record loin d’être anecdotique.
La France pourrait marquer l’histoire du 6 Nations samedi sur les coups de 23h en devenant la nation ayant marqué le plus d’essais sur une édition. Un record que les hommes de Fabien Galthié pourraient d’ailleurs déjà détenir sans la maladresse de Twickenham. Les Bleus ont inscrit 26 essais, proches du record de l’Angleterre et les 29 essais de 2001.
Le sélectionneur ne s’en cachait pas au soir de la victoire éclatante de Dublin, le projet offensif est presque en place: “On tient quelque chose là! Oui, vraiment. Ce n’est pas encore abouti mais au bout ça fait 26 marqués, sans compter ceux qui sont restés dans la soute. Pour le moment, les défenses, ont du mal à nous contrôler.” Il faut dire que la palette offensive des Bleus a beaucoup évolué depuis la prise en main de Fabien Galthié qui avait fait de la dépossession une force.
Des attaques éclairs sur des ballons de récupération qui avaient permis notamment de décrocher le Grand Chelem en 2022. Mais depuis les règles ont évolué et les Bleus ont dû se réinventer après l’échec de la coupe du monde. Une évolution que notre consultant Yann Delaigue a observé: “Aujourd’hui, les arbitres arbitrent un peu différemment, en donnant plutôt la faveur à l’équipe offensive. On a su plutôt bien réagir dans la stratégie, avec notamment Patrick Arlettaz, pour avoir un jeu offensif plus adapté aux règles du moment, et on voit que c’est très efficace. On a choisi un jeu offensif plutôt autour du numéro 9. C’est un jeu qui nous va très bien, puisque nos forces vives sont quand même autour d’Antoine Dupont, bien entendu, et puis avec des avants aussi performants, perforants, mais aussi très joueurs.”
La patte Arlettaz
Le chantier offensif était l’une des priorités de ce Tournoi. On avait pu voir sur la tournée de novembre quelques évolutions avec notamment un jeu de chasse précis (coup de pied dans le fond du terrain pour profiter de la vitesse de nos ailiers), des joueurs qui dézonaient, quelques cellules d’avant organisées autour d’Antoine Dupont. Et depuis le début du Tournoi, les Bleus ont été encore plus loin pour offrir notamment de longues séquences de possession offensive comme sur l’essai de Paul Boudehent contre l’Irlande.
William Servat louait la qualité des joueurs cette semaine: “On prend du plaisir offensivement. Patrick Arlettaz apporte beaucoup avec son caractère. La complicité que l’on peut avoir sur les cellules offensives avec l’idée de Fabien au milieu qui chapeaute tout ça. Cette réussite c’est aussi l’implication et la qualité de nos joueurs. Le projet évolue, la structure a évolué. Les joueurs sont grands et on exploite leurs qualités. On a la chance d’avoir des avants qui ont des mains et qui peuvent cette passe de plus.”
Une variété offensive indéfendable
Les trois quarts se sont gavés d’essais sur ce tournoi avec 18 essais dont 7 pour le seul Louis Bielle-Biarrey. Mais la vraie force de cette équipe de France tient en la qualité de son pack. Et tout le langage offensif qui tourne autour des Bleus est lié à la structure du jeu d’avant. On connaissait le jeu “en black” depuis quelques années avec des avants qui ramassent rapidement le ballon au sol derrière au ruck pour aller défier au ras. Et depuis quelques mois, il y a le jeu “en tank” dont l’image est toute trouvée: rouler sur son adversaire grâce à la densité de nos avants. Avec une idée précise: une structure de quatre avants à côté d’Antoine Dupont ou Maxime Lucu pour multiplier les solutions offensives et empêcher l’adversaire de défendre avec la possibilité du défi physique ou la possibilité de jouer dans l’intervalle grâce aux mains.
L’équipe de Galthié maîtrise toutes les formes de jeu et arrive à les enchaîner sur de longues possessions de plus d’une minute trente. Contre l’Irlande, les Bleus ont pu alterner du jeu “en black”, du jeu “en tank”, du jeu dans la défense, derrière la défense avec les trois quarts pour finir avec un essai de Paul Boudehent et ce sentiment que les Irlandais n’avaient aucune solution pour défendre face à rouleau compresseur. Et les Bleus rajoutent toujours la dépossession, la chasse, le jeu dans le sens une palette quasi infinie.
L’école toulousaine au service des Bleus
Et le banc en 7-1 permet aux avants de ne pas compter les efforts et de tout donner le temps où ils sont sur le terrain. Yann Delaigue est impressionné par cette puissance collective: “On est hyper conquérants devant, on a du gros tonnage dynamique avec des mecs qui savent aussi faire des passes. Je pense qu’on a le paquet d’avants des plus performants au monde qui allient puissance, vitesse, vision du jeu, technique individuelle.” Une technique individuelle fortement travaillée au Stade Toulousain.
L’équipe de France a quasiment fini la partie avec 7 avants du Stade Toulousain contre l’Irlande (Baille, Marchand, Aldegheri, Flament sorti à la 75e minute, Meafou, Cros et Jelonch). Des joueurs qui ont l’habitude chaque semaine de produire ce jeu fait de passes dans le dos, de recherche d’intervalles… Contre l’Ecosse, le staff des Bleus a reconduit sa bomb squad à connotation toulousaine pour aller décrocher cette victoire et ce record (229 points le record de points sur un tournoi pour l’Angleterre contre 183 pour les Bleus aujourd’hui) qui validerait définitivement le projet offensif des Bleus.
Via RMC Sport