Le demi-de-mêlée international Français Maxime Lucu sera titulaire contre l’Ecosse, ce samedi soir au Stade de France.
Ce-dernier s’est longuement confié via Midi Olympique.
Il a exprimé son énorme joie de pouvoir jouer une telle rencontre, au Stade de France. Extrait:
Jouer cette finale au Stade de France, devant notre public, c’est vraiment un kif. Nous l’avions vécu en 2022 pour le grand chelem. On sait que nous sommes attendus, que l’ambiance sera probablement énorme. C’est donc d’abord un plaisir.
Le Tournoi des 6 Nations est de plus en plus relevé. Après la défaite en Angleterre, les premiers mots d’Antoine (Dupont) ont été : “Rien n’est fini.” On s’est donc convaincu qu’on pouvait encore gagner ce Tournoi. On s’est donné les moyens de réussir et on a aujourd’hui la possibilité de jouer cette finale contre l’Écosse. Ce titre, on le veut. On sait, au fond de nous, que nos supporters l’attendent aussi. Malheureusement, par le passé, on a fini deux ou trois fois deuxième de cette compétition. C’est rageant au regard du potentiel et du talent qu’il y a dans cette équipe. Nous avons tous conscience qu’on aurait dû gagner bien plus de titres mais nous sommes tombés sur des générations de joueurs en Irlande ou en Angleterre avec du talent aussi.
Il est ensuite revenu sur la défaite rageante concédée contre l’Angleterre, à Twickenham. Extrait:
Le contenu du match en Angleterre ressemble beaucoup à celui de l’Irlande, mais il y a eu quelques erreurs, quelques détails qui nous ont coûté cher. C’est regrettable car nous n’avons jamais autant franchi le rideau défensif adverse que contre l’Angleterre. Globalement, sur l’ensemble du Tournoi, nous sommes performants offensivement. On a déjà inscrit 26 essais. La différence entre le match à Twickenham et celui en Irlande, c’est le réalisme et ce dernier geste qui nous ont fait défaut. Mais nous ne sommes pas tombés dans le grand n’importe quoi, nous n’avons pas tout remis en cause, ni mis à la poubelle le travail effectué. On savait que nous étions sur la bonne voie. Et on l’a montré en Irlande.
Il refuse d’affirmer que le système offensif des Bleus a été construit autour d’Antoine Dupont. Extrait:
Je ne crois pas. C’est un système de jeu que l’on travaille depuis un an maintenant. L’an passé, nous avons eu du mal à nous l’approprier peut-être parce que nous dominions moins sur la ligne d’avantage que cette saison. Cette année, nous sommes un peu meilleurs sur cet aspect-là. Le fait également qu’il y ait cette nouvelle règle autour des rucks où le demi de mêlée ne peut pas être plaqué par les joueurs intéressés par la phase de combat au sol, ça offre du temps au numéro 9. Et nous jouons beaucoup autour de ça. Et puis, notre jeu est basé sur nos avants avec des courses qui sont de plus en plus efficaces. On joue beaucoup autour du ruck, mais aussi de la ligne d’avantage avec quatre ou cinq joueurs à plat, ce qui met en difficulté les défenses adverses notamment parce que nous avons des gros porteurs de balles comme “Manny” (Meafou), Anthony (Jelonch) et d’autres. Ce jeu fatigue les défenses et crée des espaces.
Il ne cache pas avoir moins de capacité physique qu’Antoine Dupont. Extrait:
Quand Antoine est présent, il faut se servir de ses qualités, c’est une évidence. Quand je parle des gros porteurs, il en fait partie (rires). Autour des rucks, il est une menace permanente. Sa capacité à se sortir des défenseurs est bluffante. Ça permet à l’équipe de jouer dans l’avancée. Et ce serait dommage de s’en priver. J’ai moins de capacités physiques que lui, j’essaie davantage d’animer ma zone de jeu en éjectant pour les gros porteurs à côté de moi. Du coup, je peux comprendre que ça donne l’impression d’un autre système de jeu.
Maxime Lucu tente ensuite d’explique sa prestation XXL effectuée contre l’Irlande. Extrait:
C’est peut-être le match où je me suis le moins posé de questions. J’étais le seul trois-quarts sur le banc des remplaçants, je devais donc être prêt pour entrer en jeu à n’importe quel moment. C’est arrivé assez rapidement avec la blessure d’Antoine. J’ai donc été très vite dans le vif du sujet. Pas le temps de cogiter, pas de temps de tergiverser. J’ai essayé d’appliquer la stratégie travaillée au plus juste, au plus près des demandes du staff. Et au final, c’est peut-être un de mes meilleurs matchs en équipe de France. Il fallait que je me lâche, je crois que je l’ai fait.
Maxime Lucu concède ne pas avoir été au niveau lors du Tournoi de l’année 2024. Extrait:
Collectivement, nous avons déçu lors du Tournoi 2024. Moi, je n’ai pas répondu aux attentes du staff. Clairement, je n’ai pas été à la hauteur de ce rendez-vous-là. Je suis le premier maillon du système offensif. Si l’équipe joue mal, la charnière est souvent responsable. Je l’ai appris avec l’expérience. Je ne voulais pas me trouver d’excuse, je me suis donc remis en cause. J’ai fait un gros boulot d’analyse et beaucoup discuté avec le staff, avec Fabien. Pour me remettre en confiance, je me suis beaucoup appuyé sur mon club avec lequel nous sommes allés chercher une finale de Top 14, même si elle s’est mal terminée. Mais, au fond de moi, j’étais déçu de penser que mon histoire en bleu allait peut-être se terminer de cette façon.
Il a d’ailleurs eu très peur de ne pas être convoqué par Fabien Galthié après son Tournoi de 2024. Extrait:
Je me suis forcément posé la question. L’équipe de France, ce n’est jamais acquis. J’ai toujours eu envie de continuer à montrer que je pouvais revenir, que je pouvais encore apporter quelque chose à l’équipe de France. C’est mon caractère. J’avais envie de croire que je n’étais pas fini et que ce n’était pas le vrai Max qu’on avait vu.
Le demi-de-mêlée Bordelais a ensuite parlé de sa transformation manquée avec l’UBB, en quart de finale de Champions Cup contre les Harlequins.
Il évoque un moment terrible à vivre. Extrait:
J’ai souvent le don de me foutre dans des situations un peu merdiques (rires). Ça a été encore un moment difficile, j’ai reçu beaucoup de messages très négatifs. J’ai été contraint de couper mes réseaux sociaux, c’était infernal. Autant pour moi que pour ma famille. Je n’avais pas envie de discuter avec ces gens-là. Je n’ai d’ailleurs plus aucune activité sur les réseaux sociaux et je me sens beaucoup mieux. Le pire, c’est que sur ce match-là, je sais pourquoi je me suis foiré. Et je sais aussi tout ce que j’ai réussi. Bref, je me suis retrouvé dans une galère juste pour un coup de pied raté. Et quand j’ai fait le bilan de mon année 2024, je me suis dit que je n’aurais pas pu faire pire en termes de résultats.
Pour moi, l’échec a été énorme. Je me sens différent depuis cet épisode. Je me suis posé beaucoup de questions. Qu’est-ce que j’en fais de cet échec ? Est-ce que je baisse la tête et je laisse tomber ? Est-ce que je cherche à comprendre et je fais un travail d’analyse ? Avec mon caractère, j’ai eu envie de remonter la pente. Je me suis donc servi de cet échec pour en comprendre les raisons. C’est un peu l’histoire de ma carrière. On m’a souvent dit que mon plus gros talent se trouvait dans ma tête. Autant m’en servir pour ne rien lâcher. Et aujourd’hui, j’ai le sentiment d’être un peu plus costaud.
Il comprend tout à fait le fait d’avoir été déclassé lors de la Tournée d’automne. Extrait:
Pour moi, c’était mérité. Il fallait peut-être en passer par là pour me remettre en question. Je me suis accroché. Je suis quand même revenu, mais en étant troisième demi de mêlée derrière Antoine (Dupont) et Nolann (Le Garrec). Mais je ne vis pas ma situation aujourd’hui comme une revanche. Surtout, la roue tourne très vite. Je suis très heureux de ma performance de samedi en Irlande mais j’ai surtout envie de la réitérer à l’avenir.
Fabien a eu une carrière de joueur avec des hauts et des bas. Il m’en a beaucoup parlé, même pendant le Tournoi 2024. Je n’étais peut-être pas très à l’écoute, j’avais juste envie d’être sur le terrain et d’être bon, mais je n’y arrivais pas. Après la compétition, nous avons beaucoup discuté. Des échanges sincères où il m’a dit être désolé pour moi et déçu. J’ai aussi apprécié son discours car il ne m’a pas isolé. Pour lui, l’échec était aussi collectif. Ça m’a fait du bien d’entendre que je ne portais pas seul la responsabilité de l’échec. Mais je lui ai aussi dit que je comprenais mon déclassement. Sans aucun souci.
Il n’a qu’une seule hâte désormais : que les Bleus remportent le Tournoi ce samedi soir. Extrait:
Un titre, c’est tellement fort qu’il aura forcément une saveur particulière. Et peut-être un peu plus pour moi effectivement au regard de mon parcours ces derniers mois. On a quelque chose de beau à aller chercher. Se retrouver dans cette position, ce n’était pas gagné, surtout après la défaite contre l’Angleterre. Tout le monde nous pensait finis. C’est là que les mots d’Antoine ont été importants. Il nous a remis en selle tout de suite après la défaite de Twickenham. Ça nous a reboostés et on a su aller chercher cette victoire en Irlande qui nous permet d’avoir notre destin entre les mains. Maintenant, j’essaie de ne pas trop y penser. Ce serait quand même con de se foirer si près du but. Mais j’ai le sentiment qu’on mérite d’être enfin récompensé.