L’arrière international Ecossais Stuart Hogg évolue désormais du côté de Montpellier.
Le joueur s’est confié via Midi Olympique, un peu avant le match des Bleus contre l’Ecosse, samedi soir au Stade de France.
Il est revenu sur sa décision de rejoindre le MHR. Extrait:
Je n’ai plus joué au rugby pendant un an. Mon corps n’en pouvait plus mais pour tout vous dire, le vrai problème était là-haut (il tapote sa tempe), dans ma tête. J’ai traversé des périodes très sombres. Je n’irai pas dans les détails, mais j’ai fait des erreurs et des mauvais choix. Donc j’ai juste eu envie de rejouer. De retrouver le rugby, sur le terrain.
J’étais consultant pour des médias, et cela me démangeait de retourner sur le terrain. J’ai donc demandé à mon agent s’il y avait une opportunité. J’ai recommencé à m’entraîner, j’ai pris soin de ma tête, j’ai travaillé sur moi et je suis aujourd’hui incroyablement redevable de Bernard Laporte qui m’a offert l’opportunité de rejouer en signant ce contrat de sept mois.
Il aurait beaucoup aimé rejoindre la France plus tôt. Il était d’ailleurs en contact avec Montpellier en 2019. Extrait:
Pour tout vous dire, j’étais en contact avec le MHR en 2019… Mais ma compagne de l’époque ne voulait pas quitter l’Écosse donc nous avons pris une décision familiale. Mais j’ai toujours voulu jouer en France pour me mesurer à ce championnat, ces équipes. Je suis donc incroyablement reconnaissant d’avoir eu cette opportunité de venir ici. Maintenant, je veux jouer mon rôle et apporter tout ce que je peux à l’équipe. Signer un contrat était la première étape, maintenant je veux apporter une différence.
Dans toute ma carrière professionnelle, la saison que je passe à Montpellier est celle qui a la plus grande valeur à mes yeux. J’ai vraiment apprécié la confiance que m’ont accordé les entraîneurs. Bernard (Laporte) et Benoît (Paillaugue) m’ont demandé de jouer au poste d’ouvreur, et je n’ai même pas réfléchi avant de répondre : « Bien sûr que je peux jouer 10. » J’avais tellement envie de jouer…
Il avoue avoir adoré d’être repositionné à l’ouverture. Extrait:
J’ai absolument adoré. C’est presque comme si je découvrais un nouveau sport avec une nouvelle vie. Le fait d’être au cœur du jeu, en permanence, d’avoir autant de responsabilités… J’adore. Tu organises tout le monde, tu conduis le jeu… C’est tellement le top.
Le problème est qu’en Écosse, on a un certain Finn Russell et il est légèrement, très légèrement meilleur que moi ! (rires) En tout cas c’est pour cela que je fais tout ce que ce qui est en mon possible pour être performant. Je n’ai jamais autant travaillé sur mon corps et mon esprit pour en arriver là. Cela devait faire trois ou quatre que je n’avais pas pris autant de plaisir sur le terrain. Et cela peut vous paraître ridicule, mais je suis très heureux d’avoir battu mon record personnel ce matin au développé couché et en pointe de vitesse !
Combien ? Je ne peux pas vous dire, ce n’est pas si impressionnant que cela et après les avants vont me chambrer ! En tout cas j’aime travailler avec les autres ouvreurs du club, Thomas (Vincent), Domingo (Miotti), et Hugo (Reus) qui vient d’arriver. On bosse tous pour donner le meilleur de nous-mêmes, chacun veut être meilleur que l’autre. Et puis quel plaisir de jouer avec un mec comme Cobus Reinach, double champion du monde, Billy Vunipola en huit, Sam Simmonds en troisième ligne… Pour mon premier match en 10, contre Toulon, l’axe 8-9-10 comptait 210 sélections : Cobus, Billy et moi. C’était dingue. Pour autant, je pense qu’on est jamais un produit fini. On apprend tout le temps, de tout et on progresse.
Il ne le cache pas : rejouer au rugby fait clairement partie de sa thérapie. Extrait:
Absolument. À 100 %. Il manquait quelque chose dans ma vie. Le rugby a été ma thérapie. J’ai bossé très dur à la salle pour reconstruire mon corps, et cela m’a fait le plus grand bien à la tête. Récemment, ma compagne a donné naissance à un petit garçon, je ne peux pas être plus reconnaissant. D’ailleurs, elle est anglaise et nous avons eu un débat à propos du lieu de naissance du bébé. Finalement, il est né en France donc en terrain neutre. Ce n’est pas plus mal ! (rires) Le seul truc qui me chagrine, c’est que mes quatre enfants me manquent. Je n’ai pas toujours fait les bons choix, mais j’essaie désormais de les faire pour prendre soin d’eux.
Pendant sa période sans rugby, il a perdu beaucoup de poids. Il explique avoir énormément travaillé pour retrouver son niveau de jeu. Extrait:
J’ai beaucoup stressé d’abord, donc j’ai perdu pas mal de poids. J’ai traversé des moments très difficiles, donc l’entraînement a été une sorte de refuge, une sorte de thérapie. Et puis comme je vous le disais, j’ai voulu être prêt dès qu’une occasion se présentait. Donc j’ai vraiment fait le nécessaire. Il était hors de question que j’attende d’être dans un club pour repasser par une phase de préparation physique. J’ai même bossé trop dur parce que je me suis blessé au mollet en début de saison ! J’ai été stupide… Heureusement, je dois avoir un peu de sang fidjien car de 10 à 12 semaines de convalescence je suis passé à huit !
Son objectif ? Profiter le plus possible et jouer un maximum. Extrait:
Non, en effet. J’ai appris qu’il ne fallait pas regarder trop loin. J’avais tendance à me poser trop de questions. J’essaye de me replacer dans le présent, dans l’instant. Mais maintenant que mon corps est réparé, je veux en profiter au maximum et je me sens capable de jouer pendant encore deux bonnes saisons.