L’ouvreur international Français Romain Ntamack s’est longuement confié via Midi Olympique suite au sacre des Bleus, samedi soir au Stade de France.
Il ne le cache pas : le saveur de ce titre est particulier.
Il explique pourquoi. Extrait:
C’est différent mais chaque victoire est source de fierté et de bonheur. Vu le contexte de cette édition, la saveur est particulière. On sait que les années impaires, c’est encore plus dur de s’imposer et ce n’est pas arrivé souvent dans l’histoire du rugby français. On voulait relever ce défi. Le grand chelem s’est joué à un point en Angleterre mais l’équipe a eu les ressources pour se relever et se surpasser. Par le passé, on aurait peut-être fini deuxièmes… Là, on a eu la force de caractère suffisante pour atteindre l’objectif.
Selon lui, l’équipe de France est plus forte qu’en 2023. Extrait:
Je pense que nous sommes plus forts sur tous les aspects du jeu, l’équipe maîtrise mieux son sujet, elle a acquis de l’expérience. Je n’y étais pas mais le vécu de la Coupe du monde, même si elle a été douloureuse, a fait progresser tous les gars. En parallèle, il y a de nouveaux mecs qui ont amené un vent de fraîcheur et ont permis d’élever encore le niveau. J’espère, je pense même, que l’on sera encore plus fort à la prochaine Coupe du monde.
Toutes ces épreuves ont forgé notre caractère et renforcé la cohésion du groupe. Il fallait traverser ça pour gagner le Tournoi. Ça a représenté beaucoup de travail, de solidarité de la part des 42 qui ont tout donné. C’est évidemment très important de l’avoir emporté mais ce n’est pas une fin en soi. Ça ne va faire que nous pousser et nous donner l’envie de gagner en confiance et en expérience d’ici 2027. On a la Coupe du monde en point de mire.
Il revient ensuite sur son carton rouge contre le Pays-de-Galles qui lui a fait rater une partie du Tournoi. Extrait:
Ce n’est pas forcément comme ça que j’avais imaginé mon retour. Ça fera partie de mon histoire en bleu. Pendant longtemps, j’ai eu des très hauts et, là, j’ai connu quelques bas ces derniers temps avec les blessures et cette suspension. Je garderai tout de même un très bon souvenir de ce Tournoi : j’ai pu revenir, jouer trois matchs sur cinq et je suis content de mes performances, même si je peux encore m’améliorer dans plusieurs secteurs.
Il confirme avoir ressenti une grosse injustice. Extrait:
Il y a surtout eu un sentiment d’injustice quand je vois qu’en parallèle Ringrose, qui avait été exclu pour la même action, a pu revenir plus vite. Je m’en suis servi pour me motiver, relever la tête et travailler. Après, je ne pouvais que m’appliquer sur ce que je maîtrisais. Je suis resté au contact de l’équipe pour garder les automatismes.
Dès son retour en équipe de France, Romain Ntamack a retrouvé son poste d’ouvreur. Il confirme avoir la confiance du staff. Extrait:
De sentir la confiance du staff est très gratifiant, effectivement. Fabien (Galthié), Patrick (Arlettaz) et l’ensemble du staff m’ont rapidement témoigné de leur soutien. J’essaie de leur rendre cette confiance à chaque match et je pense avoir fait le nécessaire sur ce Tournoi. Même si, encore une fois, je ne pense pas avoir exploité mon plein potentiel.
Fait rare : lors de ce Tournoi, Romain Ntamack a réussi les 29 plaquages qu’il a tenté. L’ouvreur Toulousain affirme adorer le secteur défensif. Extrait:
Je ne m’en suis jamais caché, j’aime ce secteur qui fait partie de notre sport. On doit s’y investir, surtout au niveau international. Quand on voit à quoi tient le dénouement d’un match, un plaquage manqué peut tout changer. Je ne suis pas le plus costaud des joueurs mais je m’applique pour faire en sorte que les attaquants n’avancent pas trop dans ma zone. Les stats ont l’air de prouver que je ne m’en sors pas trop mal.
Chacun se fera son propre avis. On a tous des étiquettes, de toute manière. Je ne me soucie pas de celles que l’on me colle sur le dos. Ce qui m’importe, c’est de faire le boulot : il y aura des matchs où je ne ferai que défendre, d’autres où il y aura plus d’espaces et je pourrai faire briller mes partenaires. Dans les deux cas, je ressors des matchs très heureux, sans ressentir de frustration.
Dans la foulée, il parle de l’évolution du secteur offensif. Extrait:
Par rapport au premier mandat, il y a une vraie évolution du fait de l’arrivée de Patrick Arlettaz, qui est très tourné vers l’offensive. Il a fallu trouver un juste milieu pour faire la bascule. Sur ce point, le collectif a bien avancé et passé un cap. Notre nombre d’essais en témoigne. En tant que joueurs, c’est super intéressant d’avoir un jeu porté sur l’attaque. On a des gars qui ont faim de ballons, d’espaces. Ça permet d’exploiter les qualités de tous en gardant notre grosse rigueur. Quand cette balance est trouvée, on devient une équipe très difficile à battre.
Le jeu est différent, l’équipe aussi. À l’époque, on avait cinq sélections et 23 ans de moyenne d’âge. Nous avons une équipe bien plus expérimentée, qui a du vécu au plus haut niveau et qui permet de se lâcher davantage.
Pour conclure, il exprime son envie de disputer la Tournée estivale des Bleus en Nouvelle-Zélande, au mois de juillet prochain. Extrait:
Depuis le début du mandat de Fabien (Galthié), il est acquis que les finalistes ou les éléments dits premiums sont protégés, ce qui fait que je n’ai pas encore connu de tournée. Mais une tournée chez les All Blacks, il n’y en a pas cinquante. C’est à ne pas négliger. Ce seront des matchs extraordinaires à disputer. Qu’il y ait Toulouse ou non en finale du championnat, j’irai avec grand plaisir. J’en ai parlé avec d’autres joueurs qui ne sont pas fermés à l’idée d’y aller. Après, il faut que la Ligue et la Fédé en discutent. Mais à mon sens, s’il y a une concession à faire, ce serait pour celle-là. D’autant que, d’après ce que j’ai compris, ce pourrait être les dernières tournées d’été.