Le scénario avait tout d’un thriller. Et pourtant, au bout du suspense, c’est La Rochelle qui a vu ses rêves européens s’éteindre, battue à domicile par un Munster roublard et accrocheur (24-25) en huitième de finale de la Champions Cup.
Une fin cruelle, marquée par une décision arbitrale contestée qui a scellé l’élimination du double champion d’Europe, pourtant tout proche d’arracher la qualification.
Le Stade Rochelais avait la possession de la balle de match dans les 22 mètres adverses, à la dernière seconde, le stade Marcel-Deflandre retenant son souffle. Mais une faute sifflée contre Oscar Jegou, accusé d’avoir roulé au sol après un contact, mettait brusquement fin à l’action et, avec elle, aux espoirs des Jaune et Noir.
Dans une atmosphère de confusion totale, les coéquipiers de Grégory Alldritt accouraient vers l’arbitre italien Andrea Piardi pour signaler une faute initiale sur Jegou.
« C’est vraiment important… », insistait Alldritt auprès du référent, alors qu’Uini Atonio avait tenté quelques instants plus tôt d’obtenir des explications.
Sans se rendre à l’écran géant, Piardi échangeait brièvement avec l’arbitre vidéo M. Liperini pour analyser l’action. Les ralentis montraient Oscar Jegou s’abaissant pour affronter Wycherley, le deuxième ligne irlandais remplaçant. Son bras droit semblait effleurer l’épaule du Rochelais avant de toucher très légèrement son visage.
Fautif ou pas ? Le doute planait. Mais Piardi restait inflexible :
« Pour moi, c’est un jeu correct, le joueur est en train de tomber, c’est régulier. »
La pénalité pour le Munster était confirmée. Et Jack Crowley, auteur d’un drop magistral un peu plus tôt, scellait la victoire des siens en trouvant la touche sous les huées du public.
Le Munster, maître du désordre
Si cette dernière action a cristallisé la frustration rochelaise, elle n’a fait qu’illustrer une rencontre hachée, où les Munstermen ont parfaitement su casser le rythme. Multipliant les temps morts, les longues séquences au sol et les contestations verbales, les Irlandais ont transformé la seconde période en un interminable combat de tranchées.
L’arbitre, visiblement agacé, s’est contenté de remontrances orales, notamment envers un Craig Casey très bruyant, mais sans jamais sortir le moindre carton. Une mansuétude difficile à comprendre pour les Rochelais, d’autant que la lenteur des décisions a parfois plombé l’intensité du match. À l’image de cette interminable vérification vidéo sur un essai de pénalité accordé à La Rochelle, alors que les images ne laissaient place à aucun doute.
Des erreurs fatales et une dynamique inquiétante
Au-delà de l’arbitrage, La Rochelle peut aussi s’en vouloir. Trop d’imprécisions, trop d’erreurs individuelles, comme celles de West, Leyds ou Thomas, ont compromis les chances d’un club visiblement en manque de confiance. En face, le Munster a appliqué une recette simple mais efficace : jeu au pied dominant, avants agressifs et une charnière capable d’occuper le terrain à la perfection.
« Il y a beaucoup de frustration et de déception, regrettait Pierre Bourgarit au micro de BeIN Sports. Ça ne se joue pas à grand-chose, comme tous ces matchs [de phase finale]. On a commis pas mal d’erreurs – moi le premier –, et on meurt à un point. Je n’ai pas forcément les mots. »
Ce revers marque un neuvième match consécutif sans victoire pour le Stade Rochelais, désormais privé de Champions Cup. Le club de Vincent Merling n’a plus que le Top 14 pour tenter de redonner du sens à une saison 2025 jusqu’ici morose.
Le Munster, lui, poursuit sa route. Sans éclat, mais avec efficacité. Il retrouvera l’UBB ou l’Ulster en quart de finale, avec l’espoir de prolonger son retour au premier plan européen.