Pointé du doigt pour sa gestion de la Coupe du monde de rugby 2023, Claude Atcher n’a pas tardé à réagir.
Quelques heures seulement après la présentation du rapport de la Cour des comptes, l’ancien directeur général de l’événement a adressé à Midi Olympique un long droit de réponse, dans lequel il réfute les accusations, s’en prend à ses successeurs, et dénonce une décision “purement politique”.
Un contre-rapport à chaud
Alors que Pierre Moscovici, président de la Cour des comptes, détaillait lors d’une conférence de presse les dérives financières entourant l’organisation du Mondial de rugby en France, Claude Atcher publiait un document technique de cinq pages, structuré en 38 points. L’objectif : livrer sa propre version des faits et redresser ce qu’il considère comme une lecture biaisée de son rôle dans l’organisation du tournoi.
Dès les premières lignes, Claude Atcher revendique un bilan économique positif sous sa direction. Extrait :
Comme vous pourrez le lire dans cette note, le résultat d’exploitation est positif malgré des dépenses injustifiées, toutes engagées après mon départ d’environ 45 millions d’euros dont vous trouverez le détail dans le droit de réponse. Un résultat positif de 55 millions d’euros et 478 millions de recettes contre 476 initialement prévues.
Des décisions post-départ dans le viseur
Dans son courrier, Claude Atcher exprime son incompréhension face au traitement de la Cour des comptes, qui, selon lui, ne tient pas compte de ses arguments. Extrait :
Les résultats de l’évènement au dossier de candidature de la France et notamment à ma gestion entre 2018 et 2022, sans que mes explications n’aient été jamais prises en compte et sans jamais évoquer les mauvaises décisions prises après mon départ par des personnes dénuées de toute expérience en matière de gestion de grands événements sportifs.
Il insiste : les erreurs ont été commises après son éviction, et c’est cela qui aurait coûté cher au rugby français.
Dans sa “conclusion”, il résume la logique de son argumentaire en accusant ouvertement ses successeurs. Extrait :
La gestion catastrophique de l’événement après mon départ a privé le rugby français d’environ 50 millions d’euros de résultat. C’est là le résultat d’une décision purement politique prise au détriment de l’intérêt général. La Cour des comptes, qui n’a pas tenu compte des nombreux documents que je lui ai communiqué lors de la phase contradictoire, a préféré masquer ces erreurs en me désignant, entre autres, comme bouc émissaire.
Une défense structurée et offensive
Dans ce texte technique, Claude Atcher développe sept grands axes : la qualité du dossier de candidature, la gouvernance validée par l’État, les dérives du projet Campus 2023, un audit biaisé selon lui, ou encore l’explosion injustifiée des dépenses après son départ.
Il critique notamment une gestion “dévoyée” de l’hospitalité et des déplacements qui aurait plombé le modèle économique initial.
Un passé qui pèse lourd
Pour rappel, Claude Atcher avait été démis de ses fonctions en octobre 2022, un an avant le coup d’envoi du Mondial. Un rapport de l’inspection du travail avait alors mis en lumière des méthodes managériales jugées problématiques. Malgré son rôle central dans la conquête de l’organisation de la Coupe du monde 2023, l’homme avait été brutalement écarté à la suite de cette affaire.
Aujourd’hui, alors que la Cour des comptes évoque une “opacité de gestion” et des “dérives structurelles“, Claude Atcher tente de rétablir sa version des faits. En contre-feu médiatique, son courrier pourrait bien relancer les tensions autour de l’événement, au-delà du terrain sportif.
Les 38 points de réponse de Claude Atcher sont à lire en intégralité sur le site du Midi Olympique.