La Cour des comptes a rendu ce mardi un rapport accablant sur la gestion de l’organisation de la Coupe du monde de rugby 2023 en pointant la responsabilité de l’Etat et de la Fédération française de rugby, qui ont essuyé d’importantes pertes financières en raison de nombreux dysfonctionnements.
L’Etat a commis des “défaillances majeures” dans le contrôle de l’organisation du Mondial 2023 de rugby en France, qui a été caractérisée par de nombreux dysfonctionnements et des pertes financières, a affirmé ce mardi la Cour des comptes. Si son rapport pointe en premier lieu la responsabilité du premier directeur général du comité d’organisation, Claude Atcher, celle de la Fédération français de rugby (FFR) et de l’État est engagée “en raison des défaillances majeures constatées dans le contrôle qu’ils auraient dû exercer sur le comité d’organisation“, a affirme la Cour des comptes. Loin des promesses initiales, l’organisation du Mondial 2023 a engendré de lourdes pertes financières, notamment pour la FFR.
“Tout le monde a gagné, sauf les organisateurs” français, a résumé Pierre Moscovici, premier président de la Cour des comptes dans une conférence de presse pour présenter le diagnostic de l’institution. Derrière l'”incontestable succès populaire, médiatique et sportif” que reconnaît le rapport, le Mondial 2023 a laissé des traces et un trou financier béant mettant en danger la Fédération française de rugby. “Les objectifs financiers n’ont pas été atteints et les ressources laissées pour l’héritage du rugby sont quasi nulles“, selon Pierre Moscovici, qui a souligné des “engagements excessifs de la FFR” pour obtenir à la surprise générale l’organisation du Mondial 2023 auprès de la Fédération internationale, World Rugby.
World Rugby a réalisé “le meilleur résultat financier de son histoire”
Au final, World Rugby “a réalisé le meilleur résultat financier de son histoire” grâce à l’évènement et la FFR a elle enregistré “une perte sèche a minima de 19,2 millions d’euros et pouvant atteindre jusqu’à -28,9 millions d’euros”, en fonction de l’issue des contentieux en cours, selon le rapport. Malgré des signaux avant-coureurs pour la Coupe du monde 2023, l’Etat ne s’est réellement intéressée à l’organisation qu’après une crise de gouvernance à l’été 2022, en raison d’accusations de harcèlement contre M. Atcher, ayant mené à des enquêtes plus globales sur le comité d’organisation.
“L’Etat ne dispose pas d’une doctrine claire, étayée pour analyser les conditions dans lesquelles il apporte son soutien” à l’organisation d’une compétition internationale, a estimé Pierre Moscovici, espérant que les recommandations adossées au rapport servent notamment en vue des Jeux olympiques d’hiver 2030 dans les Alpes.