Depuis les propos percutants de Sébastien Chabal sur les dangers des commotions cérébrales, la question est revenue au cœur des débats dans le monde du rugby.
Si les images de joueurs quittant temporairement ou définitivement le terrain sont devenues quasi systématiques à chaque match, le protocole qui encadre ces sorties reste souvent méconnu du grand public.
Midi Libre fait le point sur ce qu’il faut savoir sur le protocole commotion, désormais incontournable dans le rugby professionnel.
Tout commence sur le terrain, au moment du choc. Si un médecin repère un signe suspect, il réalise un geste clair — main vers la tête — pour alerter l’arbitre et indiquer qu’un protocole commotion doit être enclenché. Le joueur concerné quitte alors la pelouse pour être évalué dans une salle dédiée, accompagné d’un médecin indépendant.
Un protocole en plusieurs étapes strictes :
1/ La première phase repose sur une double analyse : celle des symptômes immédiats présentés par le joueur, et celle de l’action vidéo du choc.
2/ Ensuite, onze critères éliminatoires sont scrutés. La présence d’un seul d’entre eux — comme une perte de connaissance, des convulsions ou des troubles de l’équilibre — empêche immédiatement le retour du joueur sur le terrain.
3/ Si aucun critère n’est positif, le joueur enchaîne avec une série de tests cognitifs : il doit restituer une liste de mots et répéter des chiffres à l’envers. Le tout doit être effectué en moins de douze minutes.
4/ Les résultats sont ensuite comparés à ceux enregistrés en début de saison lors d’un test de référence. Si les performances sont équivalentes, le joueur peut être autorisé à reprendre le jeu. Dans le cas contraire, il reste sur le banc.
Dans les premières années de mise en place du protocole, certains joueurs contournaient le système en faussant volontairement leurs tests de début de saison.
Une pratique qui semble aujourd’hui en net recul, comme l’explique un médecin du sport sous couvert d’anonymat. Extrait :
Au début, des joueurs étaient malins, ils ne faisaient pas d’efforts pour avoir des tests pourris et être bien en cas de protocole. On a besoin de la coopération des joueurs. Aujourd’hui, ils le font sérieusement. Même s’ils se sentent bien, ils ne prennent pas de risques.
Le protocole ne s’arrête pas au bord du terrain. Deux heures après, le joueur passe de nouveaux tests de contrôle. Puis, entre 24 et 48 heures plus tard, il est soumis à une évaluation par un neurologue mandaté par la Ligue nationale de rugby (LNR), afin de valider l’absence de séquelles.
Dans un sport de contact aussi exigeant que le rugby, la gestion des commotions est devenue un enjeu de santé publique. Si le protocole actuel ne prétend pas éliminer tous les risques, il vise à renforcer la protection des joueurs et leur suivi médical, à court comme à long terme.