L’arrière Bordelais Romain Buros va fêter sa première sélection avec les Bleus contre les All-Blacks, ce samedi soir au Stade de France.
Le joueur de 27 ans va enfin vivre son rêve : porter le maillot des Bleus, qui plus est contre les Blacks.
Interrogé via Midi Olympique, il explique avoir été très timide plus jeune. Extrait:
Timide et influençable. Énormément timide. Je n’étais pas vraiment du genre à faire des conneries.
Il indique avoir beaucoup changé. Extrait:
J’ai beaucoup changé. J’ai travaillé dessus parce que dans le rugby de haut niveau, si t’es trop timide, tu te fais écraser. C’est clair et net.
Il affirme s’être fait violence pour évoluer. Extrait:
Je me suis fait violence. Je me suis forcé à aller vers les autres. Le fait d’être parti de la maison à 15 ans pour intégrer le Pole Espoirs de Bayonne a probablement accéléré la métamorphose, aussi. […] Je ne dirais pas que je suis exubérant, aujourd’hui. Mais c’est beaucoup mieux…
Il indique notamment que plus jeune, il ne prenait aucun plaisir à marquer un essai. Extrait:
À l’origine, je n’éprouvais aucun plaisir à marquer des essais. Je voulais juste en faire marquer aux autres. Au fur et à mesure, j’ai donc évolué là-dessus. Quand tu grandis, tu as envie de croquer la ligne ; tu te rends compte que ce qui fait parler de toi, c’est aussi de marquer des essais.
Mon jeu a donc changé au fil du temps mais je n’ai jamais oublié ce que m’a dit Christophe Urios, à l’époque où il est arrivé à Bordeaux (2019, N.D.L.R.) : « T’as pas envie de marquer, toi… C’est dommage… » Il avait raison et m’a permis de changer. C’est bien, parfois, de faire une feinte de passe et d’avancer. C’était un équilibre à trouver, quoi.
Dans la foulée, Romain Buros raconte son départ houleux de Pau en 2018, lui qui avait été écarté du groupe. Extrait:
Longtemps, je n’ai pas voulu parler de tout ça. (Il soupire, reprend) J’avais fait le choix de partir pour des raisons en partie liées au staff. Les dirigeants s’étaient alors un peu braqués : ils avaient considéré que le petit jeune crachait sur son club formateur.
Au début, on m’avait donc écarté du groupe professionnel et je ne m’entraînais plus du tout. On avait même demandé aux Espoirs de ne plus me faire jouer. Derrière ça, l’équipe s’était un peu rebellée par rapport à ça et j’avais eu la chance de pouvoir faire la fin de saison.
Tout n’était pas noir, pourtant. Cette mise à l’écart m’avait par exemple permis de faire le tournoi à 10 de Hong Kong ou de participer à un stage à Marrakech avec l’équipe de France à 7… En clair, je ne suis pas le genre de joueur à avoir connu, comme Nicolas Depoortère ou Louis Bielle-Biarrey, une explosion spectaculaire.
J’ai eu, au fil des ans, une progression quasi-linéaire. Et à Bordeaux, Yannick Bru et son staff prônent aujourd’hui un jeu qui me correspond : je continue de progresser ; je prends de l’aisance sur le poste.
Il rappelle avoir participé à plusieurs Tournées avec le XV de France sans avoir pu jouer, notamment celles en Australie et au Japon. Extrait:
J’avais aussi fait l’Australie, l’année d’avant : à l’époque, je sortais d’une longue saison à trente matchs, on venait de perdre une demi-finale avec l’UBB et j’étais dans un « bad mood ». Je pense que ça m’a desservi. C’est là que Fabien Galthié a lancé Melvin Jaminet, qui a eu beaucoup de réussite, notamment dans le jeu au pied.
J’ai reculé dans la hiérarchie. L’été d’après, au Japon, Max Spring fut le titulaire du poste mais a posteriori, je me rends compte que je n’étais pas encore au niveau. Je n’explosais pas tout, à l’entraînement. Derrière ça, je me suis pris la tête. Je voulais absolument bien faire, j’étais exigeant à l’extrême mais j’avais perdu la notion de plaisir. Il est revenu, ces derniers mois.
Critiqué pour sa défense aléatoire, il réagit. Extrait:
C’est une critique que j’accepte complètement parce que je cherche à progresser à ce niveau-là. En début de saison, j’ai commis pas mal d’erreurs défensives. Et j’y travaille, effectivement : parce que je cherche à être le joueur le plus complet possible et que l’arrière reste dans les faits le dernier rempart d’une équipe de rugby. Pour moi, c’est plus une histoire de placement et de timing que d’engagement.
Il ne s’attendait vraiment pas à être titulaire contre les Blacks, ce samedi. Extrait:
Je ne m’y attendais pas forcément. Mais c’est quelque chose que je cherche depuis longtemps. Maintenant, il va falloir que je croque dedans à pleines dents parce que je pense que c’est le genre de moment dont il faut profiter. J’ai aussi une équipe expérimentée autour de moi. Je pourrai m’appuyer sur pas mal de monde. […] Avoir la sélection, ce n’est pas la finalité. La finalité, c’est d’être bon sur cette première sélection.
Pour conclure, il évoque cette équipe des Blacks. Extrait:
Ils sont revenus au sommet de leur rugby et ont clairement fait deux grands matchs sur leurs deux dernières sorties, en Angleterre et en Irlande : il y a eu chez eux de l’intensité, de l’âpreté, des intentions et surtout, une belle utilisation de la fin des escortes, sur les ballons hauts.