Le président de l’USAP, François Rivière s’est longuement confié via L’équipe.
Ce-dernier est notamment revenu sur le débat autour du Salary Cap.
Il fait partie des présidents du Top 14 qui souhaitent voir le Salary Cap diminuer.
Il explique pourquoi. Extrait:
Ma position est absolument alignée sur ce point. Et ce pour deux raisons. Premièrement, c’est le seul moyen d’équilibrer notre Championnat professionnel et de donner toutes les chances à tous les clubs. Quand certains ont des dépenses qui sont quasiment le double de leur chiffre d’affaires, c’est selon moi une forme de concurrence déloyale.
Les grands clubs bénéficient de la règle des JIFF (joueurs issus des filières de formation) et de la règle des internationaux (crédit salary-cap). Le système tel qu’il est construit actuellement donne une prime aux clubs les plus riches. Ils ont les moyens d’avoir des internationaux, d’avoir une kyrielle de joueurs et notamment des joueurs JIFF, ce qui assèche le marché. Pour des raisons de justice concurrentielles, sportives et territoriales, j’appelle de mes vœux cette baisse du salary-cap, de manière progressive, sur deux ou trois ans. Une prise de conscience est nécessaire.
Il préfère rire quand il constate que le Racing 92 est à l’origine de cette demande de baisse du Salary Cap. Extrait:
Si je voulais être un peu coquin, je dirais que je suis un petit peu étonné et amusé que certains clubs très puissants à l’origine de cette démarche sont peut-être ceux qui ont participé un petit peu à la désorganisation financière du système. Je suis content de voir que certains découvrent tout d’un coup les bienfaits du salary-cap et se convertissent sur le tard. Mais il vaut mieux tard que jamais.
Il tente d’expliquer ce retournement de situation soudain, de la part de certains clubs. Extrait:
Les clubs se sont rendus compte qu’on ne pouvait plus prospérer dans cette voie parce que l’ensemble de notre système était en danger. Surtout quand on voit les difficultés rencontrées par le foot actuellement pour les recettes télé. Il n’est pas impossible que certains présidents se soient dit qu’on allait droit dans le mur. Une dizaine de clubs du Top 14 perd de l’argent. Ils sont financés par des mécènes, d’une manière raisonnable comme c’est mon cas, ou déraisonnable pour d’autres. Ils se sont rendu compte qu’on ne pouvait plus prospérer dans cette voie parce que l’ensemble de notre système était en danger.
Le rugby français perd de l’argent d’une manière très importante depuis des années, quasiment depuis sa professionnalisation. Il ne tient que par les renouvellements (des droits télé) Canal +, ce qui ne peut pas durer infiniment, et par le fait qu’il y a quelques mécènes plus ou moins immensément riches qui financent des clubs. Certains n’ont absolument pas trouvé leur équilibre économique. Je n’ai aucun problème avec Toulouse et La Rochelle qui, eux, ont leur équilibre économique. Bravo à eux. Mais quand je vois la situation d’autres clubs, je suis en revanche un peu plus dubitatif. Pour ceux qui perdent des dizaines de millions, ce n’est pas raisonnable. Et enfin, les clubs font face à une inflation salariale. Au final, le système n’est pas juste ni équitable. Mais les clubs qui ont les plus gros mécènes ne sont pas ceux qui ont les meilleurs résultats sportifs. C’est la justice immanente de l’histoire.
Pour conclure, il confirme que le rugby Français vit clairement au-dessus de ses moyens. Extrait:
Bien sûr. Par les temps qui courent, il est indispensable qu’on donne, nous aussi, dans le rugby, des gages de sérieux et de cohérence financière. Le monde est en train de changer et on ne peut plus de nos jours financer n’importe quoi, n’importe comment. On ne doit pas guider toutes nos dépenses sur les salaires des joueurs de l’équipe première. On doit montrer la volonté d’être raisonnable et raisonné.
À l’USAP, nous n’avons peut-être pas les plus grands joueurs mondiaux mais nous avons une grille de salaires très équilibrée entre le plus haut et le plus bas. C’est très important. Je ne veux pas aligner le club à une politique salariale qui serait totalement décalée, voire odieusement, honteusement décalée par rapport à ce que vit mon territoire. On me dit : “Mais si on fait ça, on n’aura pas les plus grands joueurs”. Mais ils vont aller où les plus grands joueurs ? En Angleterre ? En Angleterre, le système est en quasi faillite. En Afrique du Sud ou en Australie ? Soyons sérieux… La France guide l’essor du rugby français, européen et mondial. Ce n’est pas parce qu’à un moment donné, on va mettre des bémols que pour autant on va s’affaiblir. Pour moi, c’est très sain qu’on mette ce sujet sur la table aujourd’hui.