L’ancien sélectionneur de l’Australie, de l’Angleterre et du Japon, Eddie Jones s’est confié via L’équipe.
Ce-dernier a notamment évoqué la forme du XV de France.
Selon lui, la France est parmi les deux meilleures nations du Tournoi. Extrait:
Une chose est certaine, et je suis bien placé pour le savoir, c’est difficile de gagner des titres (Eddie Jones a perdu deux fois en finale de la Coupe du monde lorsqu’il dirigeait l’Australie et l’Angleterre, en 2003 et 2019). Ce ne sont pas seulement les talents qui font gagner les trophées et on a beau en avoir dix ou même vingt dans son équipe, ça ne tourne pas forcément dans le sens qu’on veut.
Depuis 2020, la France est dans les deux meilleures équipes du Tournoi des Six Nations . Elle aurait parfaitement pu remporter la Coupe du monde (2023) mais voilà, cela s’est joué sur des détails…
Il explique les complications que peuvent rencontrer les sélectionneurs lors de leur parcours. Extrait:
Il faut effectuer un travail très précis en amont et bien choisir son groupe de joueurs. Mais, malgré cela, on peut se retrouver avec un poste fragilisé, même un tout petit peu. Par exemple, le poste de pilier droit a été ciblé par les adversaires des Français lors de la dernière Coupe du monde. Il y avait une faiblesse, dans le sens où il n’y avait pas de deuxième joueur aussi fort qu’Atonio et ça, ce n’est pas la faute du sélectionneur.
Un sélectionneur peut seulement choisir, faire avec ce qu’il a, pas développer les joueurs. Un jour, je discutais avec Arsène Wenger (ancien manager d’Arsenal en foot) et il m’avait expliqué que c’est pour cela qu’il refusait les postes d’entraîneur national : « Parce que c’est un job où on ne peut pas contrôler les talents dont on dispose. » La profondeur à un poste, comme celui de pilier droit, un sélectionneur ne peut pas la maîtriser. Dans un groupe, il y a toujours deux ou trois joueurs qui vont te manquer à certains postes et une seule lacune, même du remplaçant du remplaçant, peut faire basculer un grand match dans le mauvais sens.
Dans la foulée, il estime que le maillon faible du XV de France reste le poste d’ouvreur. Il explique pourquoi. Extrait:
Cela va peut-être paraître bizarre mais je dirais le poste d’ouvreur. Je ne parle pas des talents, bien sûr, car Ntamack, Jalibert et Ramos sont des joueurs incroyables, chacun à leur manière. Mais il y a aussi une question d’alchimie et de l’extérieur, elle est plus naturelle entre Dupont et Ntamack qu’entre Dupont et Jalibert. Est-ce que c’est pour cela que Ramos a été choisi à l’automne pour être positionné en 10 ? Je ne sais pas mais il me semble qu’il y a quelque chose d’un peu confus autour de ce poste et que ça peut être une faiblesse.
Il l’affirme : il est désormais impossible de préserver une équipe en raison des réseaux sociaux. Extrait:
Je crois qu’il ne faut même pas essayer. Avec les réseaux sociaux, c’est perdu d’avance. La seule chose à faire, c’est d’insuffler un message fort à l’intérieur du groupe, quelque chose que les joueurs s’approprient et dont les leaders sont garants. Pour un coach, avoir trois ou quatre joueurs de confiance, qui donnent la température du vestiaire, c’est primordial.
Pour conclure, Eddie Jones affirme que le XV de France est en capacité de remporter la Coupe du monde de 2027. Extrait:
Oui, à condition que ce ne soit plus la même équipe qu’en 2023. L’erreur qu’on fait souvent, c’est de chercher à garder les mêmes joueurs pour repartir sur un cycle de quatre ans quand on est passé tout près d’une victoire en Coupe du monde. Mais c’est dur pour ceux qui ont vécu une telle défaite, surtout à domicile, de repartir, de s’entraîner aussi dur, il faut faire entrer des jeunes, jouer différemment. La France a tout ce qu’il faut pour ça !