Le pilier gauche du XV de France, Cyril Baille prendra place sur le banc des remplaçants, ce samedi à Twickenham pour défier l’Angleterre.
Interrogé via Le Parisien, le joueur du Stade-Toulousain est revenu sur sa grave blessure contractée le 21 juin dernier. Extrait:
J’ai eu une grosse blessure, encore. La quatrième de ma carrière. Et quand tu te blesses à nouveau comme ça, plein de questions se posent. Tu te demandes si tu vas revenir…
Il énumère les blessures. Extrait:
La première, en avril 2017 contre Toulon au Vélodrome, je me casse le genou : la rotule s’est cassée en deux et le tendon rotulien a complètement explosé. J’ai mis dix mois à revenir. J’ai repris, et six mois après, je me suis désinséré l’ischio. Six mois aussi de galère.
Puis j’ai été un peu tranquille, jusqu’à ma luxation de l’épaule et la pubalgie que j’ai fait opérer. Et enfin, il y a eu cette dernière grosse blessure : luxation de cheville avec arrachement des deux ligaments et fracture du péroné. Un truc assez sympa aussi (rires). Je ne fais jamais des blessures très communes, c’est toujours un peu compliqué.
Il explique que la première n’a pas fonctionné. Extrait:
Ça a été un peu galère, au début. J’ai eu deux opérations : la première n’a pas marché, je me suis fait réopérer deux jours après. Repasser au bloc, ça a été dur mentalement. Pendant 2-3 semaines, j’ai eu la cheville très gonflée, ça a beaucoup saigné.
Il raconte ensuite sa rééducation. Extrait:
En plusieurs étapes, pour faire en sorte de partir de Toulouse de temps en temps, parce que ça peut être pesant de rester, quand le groupe est en train de jouer. Je suis allé à Cassis en août et à Perpignan en septembre, où j’ai des amis kinés. Puis après être repassé au bloc en octobre pour enlever le « matos », je suis allé à Capbreton, avec Marcelo (Pereira da Costa, ancien physio de Thiago Silva au PSG), une personne atypique qui m’a énormément aidé. J’ai vite recommencé la musculation, j’ai surveillé mon poids.
Il explique qu’il est très compliqué de garder un poids stable au cours d’une blessure. Extrait:
Surtout quand on est pilier ! C’est le piège, on aime quand même bien manger… Et quand tu ne fais pas de sport, le risque, c’est de prendre du poids. J’essaie de mettre en place de choses pour le stabiliser. Je me fais plaisir encore, mais une seule fois par semaine. Et après, j’essaye vraiment de faire gaffe. C’est le corps qui t’envoie un message. Ce que tu fais à 20 ans, tu ne peux plus le faire à 30. Il faut être encore plus sérieux, faire plus d’efforts.
Il raconte ensuite la montée en puissance des jeunes en équipe de France. Extrait:
À 31 ans, avec tous ces jeunes, tu commences à sentir le sapin ! Sérieusement, on essaie de les intégrer le mieux possible. Cela fait un moment qu’on est là. Ça fait du bien aussi de voir cette jeunesse-là répondre présent sur le terrain. On essaie d’être bienveillants avec eux, d‘apporter notre expérience.
Papa depuis deux ans, Cyril Baille explique ce que cela a changé dans sa vie. Extrait:
La paternité, ça change beaucoup de choses. Ça te responsabilise beaucoup plus. Tu as un amour différent, inconditionnel, que tu n’as jamais connu. Dans les moments comme ma blessure, la petite m’a beaucoup aidé.
Quand tu n’as pas le moral, un sourire, un petit jeu… Quand elle voit le coq ou le signe du Stade toulousain, elle dit « papa ». Je me suis beaucoup appuyé sur mon socle familial, ma compagne ou ma fille, qui ont joué un rôle important dans ma remise à niveau sur les terrains. Elles étaient avec moi samedi dernier après le match à Paris. On a fait Notre Dame, la tour Eiffel. Ce sont des moments privilégiés qui font du bien à la tête.
Pour conclure, il évoque son retour à la compétition avec le XV de France. Extrait:
Je m’étais mis le Tournoi 2025 dans un coin de la tête, mais je savais que ça serait très dur à réaliser. Surtout qu’au final, je n’ai repris qu’il y a un mois, c’était chaud time ! Le staff m’a toujours soutenu, je n’ai pas envie de les décevoir. Alors quand j’ai retrouvé le Tournoi, j’étais comme un gosse. Revivre ça, alors qu’il y a trois mois, j’étais juste à reprendre la course…
Je profite pleinement, je me régale. Je veux reprendre du rythme, de la confiance, du plaisir comme j’en ai pris là. Des matchs comme ça, ce sont des moments magiques. Le stade, la Marseillaise… La séquence émotion aussi, avec l’hommage à Medhi (Narjissi). Ça a été des moments forts, très durs. On a tous été émus. On pense à ses parents, à sa sœur, à sa famille. (Il marque une pause). J’y pense très souvent.