Le centre Pierre-Louis Barassi a rejoué avec le XV de France.
Ce-dernier s’est confié via L’équipe.
Il explique avoir gagné en maturité par rapport à sa première sélection avec les Bleus qui remonte à 2019. Extrait:
Il y a six ans entre les deux, en fait. Il y a plus de maturité. J’ai grandi. Parfois, on nous demande d’être des adultes responsables à partir de 18-19 ans, quand on démarre notre vie professionnelle, mais c’est pas le cas en fait, ce n’est pas possible. Peut-être que tout a été un peu vite à l’époque. On vit des vies qui vont très vite, trop vite. Je pense que je n’étais pas hyper prêt. On grandit, on se transforme, on devient des hommes. C’est un enchaînement d’événements qui m’ont fait changer.
Il affirme avoir traversé des périodes très compliquées au cours de sa carrière, en raison de ses nombreuses blessures. Extrait:
Les premières blessures sont dures à vivre. Puis, c’est une fatalité. On se morfond, on est malheureux, et en fait ça ne nous apporte que du mal. Donc bon… Ça n’apporte pas grand-chose en fait. Indirectement, partir à Toulouse (en 2022), découvrir autre chose, m’a fait prendre conscience de la chance que j’avais de faire tout ça. Quand on est joueur de rugby, il faut apprécier d’être sur le terrain et en profiter au maximum.
Les blessures ne m’ont pas forcément fait grandir, mais j’ai pris conscience que ce jeu était important pour moi. J’ai déjà été épanoui par le passé, mais c’est vrai qu’aujourd’hui je me sens particulièrement bien, ça s’inscrit dans le temps… En fait, c’est surtout que je touche du doigt ce pour quoi je suis venu à Toulouse il y a trois ans. Et ça, ça me fait plaisir. Et je sais aussi que je suis le seul responsable de mon épanouissement. J’ai envie que ça continue.
Il se dit désormais extrêmement heureux de pouvoir faire partie du groupe France. Extrait:
Je suis passé par des phases hyper agréables, des moments inoubliables. C’était incroyable, je suis obligé de le dire. J’ai vécu des semaines qui ont été tops jusqu’à présent. J’ai eu un coup de boost de dingue, j’ai essayé de profiter de chaque minute, de tout ce qu’il se passe. Ce n’est pas tous les jours, et pour moi c’était nouveau quelque part. J’ai donc beaucoup profité de ces moments. Sur le premier match (victoire face au pays de Galles, 43-0), je me suis éclaté. Le deuxième (défaite en Angleterre, 26-25), c’était plus compliqué, il y avait plus de stress. Et c’est souvent après le match qu’on profite le plus. Mais là, avec une défaite d’un point, tu profites moins. Donc j’en garde un goût amer.
C’est aussi le sport, avec ses moments moins sympas. Et cette défaite en Angleterre, il faut faire avec. Je ne suis pas content à titre individuel et collectif, on aurait pu faire mieux. Mais ça ne ternit pas ce qu’il s’est passé jusque-là. Tu as beau être déçu, il faut relativiser et passer à autre chose. Le bilan reste positif pour ma part, car si je sais où je veux aller, je sais aussi d’où je viens. Il ne faut pas que je l’oublie.
Je m’estime super chanceux d’avoir cinq sélections, mais quand je n’en avais que trois, je me disais dans un coin de ma tête qu’il n’y en avait aucune pendant un Tournoi. J’ai toujours eu envie de jouer une rencontre du Six Nations. Quand j’ai reçu mon maillot pour le match face au pays de Galles, j’ai pensé à mon parcours, qui n’a pas toujours été linéaire, j’ai pensé à des jolies choses, aux moments moins sympas qui font ce que je suis…
Il indique ne jamais avoir eu peur de ne plus réussir à réintégrer le groupe France. Extrait:
L’équipe de France, pour moi, c’est la récompense du travail fourni en club et au quotidien, les prestations tous les week-ends. Je savais que tôt ou tard j’aurais l’opportunité de remonter dans le groupe élargi. Mais je ne savais pas si j’aurais de nouveau l’occasion de “matcher”, ça c’est sûr. J’ai eu des blessures, mais des petites blessures, des périodes de moins bonne forme. Je ne me suis jamais dit que le train était passé. Je ne me suis pas mis de pression avec cela.
Il sent désormais que le staff a confiance en lui. Extrait:
Le fait de démarrer témoigne d’une certaine confiance, oui. Mais c’est la sélection, il y a une ultra-compétitivité, une grosse concurrence. Donc la confiance c’est une chose, mais il y a une remise en question perpétuelle. On sait qu’il faut faire des bons matches pour rester pas trop loin du truc.
Être bon sur le terrain et être libéré, ça vient ensemble. On a la chance de faire un sport de dingue et de vivre des émotions de fou. J’ai la chance d’être dans un club incroyable, j’essaie d’en profiter. J’ai vécu des années où je n’étais pas forcément épanoui sportivement, où j’avais des galères, même si d’autres ont de vraies galères, comme être blessé un an, ne pas avoir de club, etc., mais il y a eu des moments pas très agréables oui.
Ça a parfois été compliqué. Mais parfois, je m’en veux, ces derniers jours, de ne pas assez relativiser et profiter. J’ai toujours eu du mal et j’aurais, je pense, toujours du mal à regarder ce que j’ai fait de bien. Je pense à la performance, à ce que je peux faire de mieux, modifier, améliorer, ajouter. Je pense très rarement à me retourner. Ça vient moins naturellement.
Peut-être un peu mon éducation, peut-être un peu l’exigence que j’ai toujours voulu m’imposer. C’est un mélange de beaucoup de choses. Je sais que cette exigence m’a servi, mais je sais aussi qu’elle me dessert. Parce que parfois, c’est bien d’apprécier. Là, je me permets un peu de rester sur le bonheur des deux premiers matches du Tournoi, mais c’est uniquement car c’est repos ce week-end. Si on joue chaque semaine, je n’arrive pas à me poser. C’est moi…