Non sélectionné depuis le début du Tournoi des 6 Nations, le demi de mêlée Maxime Lucu fait son retour en Italie. Un an après une édition douloureuse, lors de laquelle il avait remplacé Antoine Dupont parti à 7, où les critiques étaient allés jusqu’à atteindre sa famille, le Bordelais a expliqué à RMC Sport qu’il n’avait jamais lâché. Et qu’il reste persuadé du potentiel des Bleus, dans le Tournoi ou en vue de la Coupe du monde en Australie.
Maxime Lucu, quelle est l’équipe la plus forte, la France ou l’Angleterre?
La France, toujours. Sur le match précédent, ça n’a pas forcément été le cas sur le papier. Dans la rivalité, on va dire qu’on est toujours meilleurs, mais ça n’a pas souri la dernière fois.
Vous voyez toutefois où on veut en venir, par rapport à ce dernier match. A son contenu notamment…
On a pas mal débriefé. On sait un peu les scories que l’on a pu avoir. Notamment ces trois ou quatre en avants, pas loin de la ligne, sur les derniers gestes. C’est sûr que s’il y en avait une ou deux au fond, j’aurais aimé voir un petit peu le résultat. Mais on a loupé un petit peu d’efficacité pendant qu’eux, à chaque fois qu’ils venaient dans notre camp, ils scoraient. Sur le match, ils ont été plus réalistes et meilleurs, on va dire. Et nous, on a eu des petites scories qui ont fait qu’on s’est un peu effrités. Après, quand tu ne mets pas au fond les occasions, c’est difficile derrière de gagner. Surtout à l’extérieur.
Justement, après le match, vos coéquipiers avaient du mal à expliquer ces fautes de mains. Est-ce que, quelques jours plus tard, on trouve cette explication?
Je ne pense pas que c’est trop explicable, on va dire. Parce que tout ce qu’on a mis en œuvre pour arriver à ces derniers gestes-là a été remarquable et parfait. Ce sont des choses que l’on n’arrivait pas forcément à réaliser sur les matchs précédents. On l’avait réussi contre le pays de Galles. Là, on l’a réussi contre l’Angleterre. On s’est créé, je crois, onze franchissements. Ce sont les derniers gestes qui ont pêché. On a eu parfois énormément de réussite sur les rebonds, comme face à la Nouvelle-Zélande en novembre. Et là, on a eu un peu plus de difficultés contre l’Angleterre. Ce qui fait que, quand on ne met pas au fond, c’est compliqué. Et ça, c’est de l’adresse technique à réaliser tous les week-ends, toutes les semaines. On sait que c’est des joueurs qui, tous les week-ends, y arrivent. Là, ce n’était pas en notre faveur. On n’a pas eu ce destin-là qui nous a réussi sur pas mal de matchs.
Est-ce que c’est plus dur encore d’évacuer une défaite d’un point, comme ça, sur la dernière action? Plus que toute autre défaite?
Ça a été très difficile. Sachant qu’en plus, derrière, il y avait une semaine sans match. Donc pas mal de remises en question. On a tendance aussi à voir beaucoup de négatif sur des matchs comme ça. Parce que c’est une défaite. Donc, on a pas mal de temps pour se dire qu’on a loupé beaucoup d’occasions. Mais on a aussi regardé ce qui a très bien marché. Et ce qui a mis à mal la défense anglaise, qui était l’une des meilleures depuis l’année dernière. Il fallait analyser tout ça. Mais c’est sûr qu’elle a fait très mal à la tête. Parce que, quand on voit le match, on se demandait comment on avait pu perdre sur la fin.
Si on parle du contenu du match, est-ce que vous n’avez pas le sentiment de vous être quelque peu essoufflés à produire beaucoup de jeu sur toute la rencontre?
Je ne sais pas si on a produit tant de jeu que ça. C’est juste qu’on s’est un petit peu adaptés au jeu des Anglais, qui ont énormément tapé de coups de pied. Je crois que c’était une quarantaine dans le match. Donc, il a aussi fallu traiter des ballons dans ce sens-là. Alors, parfois il aurait fallu peut-être un peu plus taper nous aussi quand on était dans notre camp. Mais on a trouvé énormément de solutions aussi par rapport à ça. On a énormément de ballons en possession. Ce qui n’était pas forcément le cas des matchs précédents, comme face à la Nouvelle-Zélande par exemple. Là, on avait beaucoup de ballons dans les mains. Donc, il a fallu en traiter un peu plus que la normale. Et il y a des fois où on a très bien joué. Parfois, on aurait peut-être dû poser la main sur le ballon et voir ce qu’on pouvait faire de mieux. Mais en tout cas, sur l’ensemble du match, je trouve qu’on a vraiment réalisé un super match en attaque. Et comme je le disais, si on avait mis une ou deux occasions au bout en première mi-temps, je pense que l’issue aurait été différente.
“Tout du match piège, c’est certain”
Cette équipe a toujours été identifié par la “dépossession”. À l’automne, vous avez encore mis beaucoup de pression sur le jeu au pied. Contre le pays de Galles aussi en début de Tournoi. Mais là, on constate qu’il y a eu beaucoup de jeu produit contre l’Angleterre. Du coup, quelle est vraiment votre identité de votre jeu?
Forcément que la dépossession, comme on le joue depuis un petit moment, c’est notre point fort. On l’a très bien fait lors de tournée de novembre. On a mis à mal pratiquement toutes les équipes. Contre le pays de Galles, on a eu un peu plus le ballon aussi. Parce qu’on mettait un mal à cette équipe galloise, il est vrai aussi dans le jeu au pied. En fait, il faut trouver l’alternance avec ça. Comme je le disais, on a eu énormément de coups de pied de la part des Anglais. Donc, il a fallu s’adapter aussi. Mais je trouve qu’on a joué très haut aussi par rapport à ce qu’on fait d’habitude contre les Anglais. On était souvent dans leur camp. Donc, il ne faut pas utiliser le pied pour utiliser le pied non plus. Je pense qu’on l’a fait à bon escient. Même si, parfois, comme je le disais, sur deux ou trois ballons, peut-être que dans l’euphorie on s’est dit qu’on allait relancer un petit peu. On s’est mis en danger par rapport à ça. Et les Anglais sont revenus. Mais en tout cas, on était très haut par rapport à ce que l’on fait d’habitude sur le terrain. Donc ce n’était pas non plus nécessaire de taper tout le temps. On a voulu produire, on a mis à mal l’équipe d’Angleterre. Maintenant, on a pêché sur ce qu’on faisait de bien d’habitude, sur le dernier geste. Et c’est ça qui a primé, je pense, sur ce match.
Mais vous pouvez donc vous adapter entre le match du pays de Galles et l’Angleterre, par exemple. Est-ce que, concernant la stratégie, vous êtes plus caméléon?
Oui, on s’est bien adapté contre les Anglais. Je pense que la première mi-temps est significative de ce qu’on a pu mettre en place toute la semaine. On nous disait souvent qu’on se débarrassait trop vite du ballon. Là, on a vu qu’en tenant le ballon, on a mis à mal les Anglais. On a trouvé des opportunités sur le large et sur les extérieurs. Et après, comme je le dis et que je me répète, si on avait marqué, je pense que la première mi-temps reflétait un petit peu l’état d’esprit que l’on avait mis en Angleterre. Donc il ne faut pas tout jeter. Parce qu’on a fait des choses que l’on n’arrivait pas forcément à faire précédemment. Et là, on l’a très bien réalisé. Notamment offensivement.
Ce match en Italie a-t-il tout d’un piège? Le public estime souvent “normal” pour la France de gagner là-bas. Ce ne serait pas si “normal”?
On sait que l’Italie est à prendre au sérieux. On reste sur un match nul contre eux au précédent 6 Nations. Là, ils ont battu les Gallois. On sait qu’ils jouent de mieux en mieux et qu’ils sont difficiles à jouer, surtout chez eux. Ils ont une équipe qui ne lâche rien. Donc, il faudra s’adapter à ça. On sait que c’est une équipe qui met énormément de pression dans les rucks. C’est même l’équipe qui met le plus de pression dans ce secteur sur ce début de Tournoi. Donc, il faudra faire attention à ça. On a vu les Écossais en difficulté contre eux. On a vu les Gallois aussi. Donc, si on ne met pas en place notre jeu, si on n’est pas sérieux sur la stratégie, ça va être un match difficile, comme on l’a eu l’année dernière. Donc, c’est une équipe à prendre très au sérieux. Et il y a tout du match-pièce, c’est certain.
“On a vu le bénéfice du 7-1 chez d’autres équipes”
C’est pour ça que vous ne serez peut-être pas trop de sept avant sur le banc?
C’est ce qu’on a travaillé.
C’est particulier. Ça n’a jamais été fait en équipe de France…
C’est sûr. Mais on a vu des équipes le réaliser. Et qui l’ont très bien fait. Et on a vu tout le bénéfice qu’il y a eu, notamment devant. Parce que c’est le but aussi. C’est sûr qu’on a un gros combat qui va se jouer devant, contre les Italiens. Parce que, comme je disais, ils ont une pression dans les regroupements, qui est l’une des meilleures en ce moment, et depuis un an. Ils sont en énorme progression. Donc, si on arrive à avoir des ballons rapides, on aura des occasions pour peut-être avoir des situations pour marquer et prendre le large là-dessus. Mais on aura un gros rendez-vous là-dessus. Donc, c’est un schéma qui a été travaillé pour ça.
Votre équipe doit-elle, ces dernières semaines, progresser sur la conquête ?
La conquête, elle était plutôt bonne. Parce qu’on sort sur un 100% en touche contre les Anglais. Mais il y a un travail aussi qui a été réalisé, notamment sur la pression dans les rucks, où on a perdu un petit peu plus de ballons contre les Anglais. On savait que le point de rendez-vous était là, notamment avec une troisième ligne qui était dense chez eux. On a perdu quelques ballons qui ont été importants, et notamment le dernier ruck, qui amène la pénalité pour la touche et l’essai derrière. On sait qu’on a une cible qui sera là. Et qu’on a travaillé toute cette semaine. On a mis l’accent là-dessus. Et qu’on a pointé du doigt ce secteur contre les Anglais. Donc, on est attendus là-dessus. On a un peu plus de difficultés.
Au regard du classement, vous pouvez encore remporter le Tournoi. Et dans vos têtes?
Oui, aussi. Parce que, comptablement, on est dans la course encore. On sait qu’on a deux déplacements qui seront difficiles, en Italie et en Irlande. Mais si on sort victorieux de ces deux matchs-là, on sera en position de gagner le Tournoi contre l’Écosse à la fin. Donc, on va prendre le match de l’Italie dans un premier temps. Mais, avec trois victoires, on est dans la course pour le gagner. C’est ce qui a été dit directement après le match de l’Angleterre dans les vestiaires. Bien sûr qu’il fallait relever la tête. Que la déception, elle était là et c’est normal. Mais qu’il fallait aussi penser aux trois derniers matchs qui restaient. Parce qu’un Tournoi, c’est long. On l’a vu les années précédentes. Tous les points comptent. Donc, à nous d’aller chercher quelque chose sur ces trois matchs.
On compare souvent votre génération aux meilleures. Quand on voit l’Afrique du Sud qui est double championne du monde, l’Irlande qui a remporté deux Tournois de suite et est en bonne position pour en gagner un troisième, qu’est-ce qui vous manque pour avoir leur régularité?
Il ne manque pas grand-chose. Quand on voit le quart de finale que l’on a joué en Coupe du monde, on le perd un point. Si la victoire avait été là, personne ne connaît l’issue. On aurait pu avoir quelque chose de beau à l’arrivée. Là, on perd en Angleterre d’un point. En fait, on est tout le temps dans la course avec les grosses équipes et on est dans les matchs. Maintenant, il faut réussir à tuer ces matchs-là bien plus tôt. Il faut continuer sur ce qu’on est en train de mettre en place et travailler, parce qu’on est toujours dans les matchs, peu importe la nation que l’on joue. On l’a vu lors de la tournée de novembre: on est sortis victorieux de trois victoires contre des équipes de l’hémisphère sud qui ne sont pas faciles à négocier, notamment les All Blacks. On voit qu’on est là, mais il manque ces petits détails, parfois, sur des fins de matchs qui coûtent cher. Et à ce niveau-là, c’est important. Quand on voit les Sud-Africains qui, en demi-finale, gagnent aussi d’un point contre les Anglais et qui, derrière, sont champions du monde. D’un point aussi! Il faut qu’on arrive à faire tourner cette pièce-là du bon côté dans les matchs importants. C’est ça qu’il nous manque un petit peu, parfois. Des petits détails qui font qu’à ce niveau-là, on le paye cher.
“Ce quart de finale va faire mal pendant longtemps”
Cette élimination en quart de finale de Coupe du monde a été un énorme traumatisme pour votre groupe. Est-il complètement effacé?
Non. Je pense qu’honnêtement, ce groupe-là l’aura longtemps dans sa tête. Je parle pour moi, mais même collectivement. Je pense que ce quart de finale, il va faire mal pendant un petit moment parce que déjà, c’est à la maison, parce qu’on perd d’un point, en ayant un match qui paraissait abouti dans la façon de jouer les Sud-Africains. Un petit peu plus contre les Anglais aussi, où on voit qu’on domine ce match-là, mais on ne gagne pas. Il y a forcément quelque chose à travailler là-dessus. C’est ce qu’on fait avec les scénarios que l’on travaille dans la semaine. Il n’y a pas à tout remettre en question. Au contraire. On est tout le temps dans ce que l’on veut faire depuis maintenant quatre-cinq ans dans le projet. Il faut continuer dans ce sens et la pièce tombera du bon côté si mentalement, on se met au niveau de ça. En tout cas, on travaille ces petits détails.
Depuis l’automne, le sélectionneur Fabien Galthié n’hésite pas à faire des roulements, y compris chez les cadres. Ça a concerné Charles Ollivon, Gaël Fickou, Grégory Alldritt. Voir un Damian Penaud, votre coéquipier à l’UBB, hors du groupe, ça fait bizarre?
Forcément que ça fait bizarre. Parce que Damian, on sait l’atout offensif qu’il représente et la qualité qu’il peut amener sur des matchs. On l’a vu encore qu’en Angleterre. Mais comme tu le dis si bien aussi, c’est que ce groupe-là, il est étoffé. Il bosse à 42. Il y a énormément de qualité aussi quand on voit sur le banc ou même qui pousse derrière pour jouer les matchs. On dit que les semaines sont un éternel recommencement parce qu’il faut aller chercher le maillot, comme on le dit souvent. C’est ça aussi la qualité de la profondeur que l’on voit, qu’on avait peut-être un peu moins avant. Là, on voit qu’on peut travailler à beaucoup plus, que chacun a sa place dans le groupe et qu’il peut aller chercher des maillots. Damian ne participera pas à match en Italie. Mais on voit que Théo (Attissogbe) et même Louis (Bielle-Biarrey) amènent toute leur fougue et leur jeunesse. On voit que tous les week-ends, ils performent, que ce soit en club ou en sélection. Il y a un roulement. On l’a vu lors de la tournée de novembre. On le voit là. Le but, c’est aussi d’amener de la stimulation au sein du groupe et que les victoires soient là, peu importe les joueurs qui jouent sur le terrain. C’est le très haut niveau. Il est impitoyable.
On vous sait également proche de Matthieu Jalibert. Ce n’est pas toujours facile pour lui?
Non, ce n’est pas évident. On le sait. Le haut niveau et l’équipe de France, c’est le sommet du rugby mondial. Quand on est joueur, on a envie de titiller et de côtoyer ce niveau-là. Mais on sait aussi que, parfois, il y a des choix qui sont faits et des périodes qui ne sont pas si évidentes que ça. Le but, c’est mentalement d’être prêt à ça, de travailler là-dessus et de savoir que rien n’est joué, peu importe la situation. Que l’on soit titulaire, ou même remplaçant, ou même hors groupe, on sait qu’on a une carte à jouer dans ce groupe-là. Si on y est, c’est que le staff nous fait confiance. Maintenant, il y a des choix qui sont faits sur certains matchs, d’autres qui sont dans les autres matchs. Il faut surtout travailler mentalement par rapport à ça et s’entraider aussi. Parce qu’il y a des périodes qui ne sont pas évidentes, ça c’est certain.
Vous aimeriez qu’il y ait d’autres débats autour de la personne de Matthieu?
Forcément qu’autour de Matthieu, il y a ce débat-là, notamment, défensivement. On l’a vu, offensivement, il a été excellent contre les Anglais, et ça, on ne le découvre pas maintenant. C’est un excellent joueur, qui apporte tout ce qu’il peut en attaque. Cette folie-là. Il a montré aussi que, malgré tout ce qu’on pouvait dire par rapport au système qui était mis en place, il avait sa place. Et après, c’est défensivement où il doit travailler encore plus. Il doit monter son exigence là-dessus, parce qu’au niveau international, ces moments-là coûtent cher. Mais en tout cas, il travaille tous les jours. Il en est conscient et il n’est pas abattu aujourd’hui. Forcément, c’est une déception de ne pas jouer. Mais comme n’importe quel mec du groupe, on sait qu’il travaille pour, et en tout cas, il a un net progrès là-dessus.
“J’ai dû en parler parce que ça a été difficile”
Et Maxime Lucu, il va comment?
Maxime Lucu va bien. Je suis content d’être là. J’essaie de montrer, d’apporter au groupe ce que je peux, et après, dès que j’aurai l’occasion de pouvoir porter ce maillot bleu, ça doit donner tout pour le groupe et moi-même. Pour être épanoui là-dessus.
On a envie de dire “toujours là”. Critiqué, souvent soumis à la concurrence, mais “toujours là”…
Oui, toujours là. C’est un caractère que j’ai depuis que je suis tout petit. C’est de ne jamais rien lâcher par rapport à ça. Je sais que j’ai eu beaucoup de moments où ça a été compliqué et que j’ai pas mal été décrié. Mais le club m’a permis aussi de revenir là-dessus. Ça a permis aussi de reprendre confiance et de croire en ce qu’on peut mettre en place la semaine. Moi, je travaille beaucoup pour aider, que ce soit l’équipe en club ou même en équipe de France. Et j’aime plutôt parler de ce qui se passe sur le terrain que ce qu’il y a en dehors. Je me sers du terrain pour faire parler de moi, et j’arrive plutôt bien à le faire. Donc je suis satisfait.
Mais en tout cas, s’il y a une chose que je ne ferai jamais, c’est de lâcher par rapport à ce qu’il s’est dit ou autre. C’est mon tempérament qui est comme ça. On s’entoure déjà de ses proches, parce que c’est hyper important là-dessus. On se sert aussi de répondre sur le terrain par rapport à ce que j’ai fait avec le club. J’avais une fin de saison avec l’Union Bordeaux-Bègles qui était hyper importante, avec la Coupe d’Europe et la fin du Top 14. Comme je dis, je n’ai pas perdu trop de temps à discuter en dehors des terrains. Le but, c’est de répondre sur le terrain, de travailler encore plus, parce que je savais aussi que j’avais eu des lacunes par rapport à ce tournoi-là, que je n’avais peut-être pas été au niveau du rendez-vous, et qu’il fallait que je me remette en question aussi moi-même. Il y a eu toute cette période-là, se servir des proches et du groupe et ensuite répondre sur le terrain avec tout le caractère que l’on me connaît. Je n’ai pas lâché par rapport à ça. J’ai fait une plutôt bonne fin de saison, un bon début de saison. Tout est reparti et j’ai laissé ça derrière. On a forcément des périodes compliquées quand on est dans le haut niveau. Tout n’est pas rose. Je me suis servi de cette grosse tempête pour travailler des choses un peu plus sur moi-même et un peu plus en profondeur.
Ça vous change aussi? Vous parlez de vos proches, qui ont eux-mêmes été destinataires des critiques. On imagine que ça doit toucher au centuple. Est-ce qu’on perd un peu de sa spontanéité, de sa jovialité quand on traverse ça?
Forcément, il y a eu un moment compliqué à la sortie du Tournoi des 6 Nations. Mais ça a été collectif aussi, parce qu’on n’a pas forcément réussi ce tournoi-là l’année dernière, où on a déçu un petit peu. Et après, forcément que ça m’a touché. Ça m’a remis en question aussi. Mais comme j’ai dit, j’ai un peu baissé la tête. Je n’ai pas trop parlé. Je me suis servi du terrain pour lâcher un petit peu ce que j’avais à l’intérieur. Ça m’a plutôt souri. Après, je me suis accroché à ce que je sais faire. J’ai travaillé sur moi-même aussi. J’en ai parlé aussi autour de moi. Je crois qu’il n’y a aucun joueur qui n’est pas passé par des périodes compliquées dans sa carrière. Sois tu décides de baisser la tête, de lâcher et de te morfondre. Sois tu décides aussi de te tirer vers le haut, d’essayer de tirer profit de ça et de savoir que maintenant tout ça est derrière. Aujourd’hui, je me suis servi de cette période compliquée pour être épanoui aujourd’hui et être heureux sur le terrain.
Ça ne se fait pas en un claquement de doigts pour appréhender tout ça?
Non. Je commence à avoir un peu d’expérience parce que ça fait un petit peu de temps que je suis à ce niveau dans le Top 14, en Pro D2 ou en équipe de France. Je me suis servi aussi de mon expérience que j’avais, de ce que je savais faire. Je me suis recroquevillé sur mes points forts, sur le travail mental. En parler aussi parce que ça a été difficile. Une fois tout mis à plat, il a fallu repartir de l’avant et montrer qu’il ne fallait pas baisser la tête et que ce qui était dit sur moi était vrai. Il a fallu changer tout ça et je suis content de l’avoir réalisé sur le terrain.
“Fier d’être encore là”
Ça vous rend fier?
Ça rend fier, forcément. Je suis fier d’être encore là. Comme je le disais en tournée novembre, ce n’était pas évident pour moi de revenir en équipe de France parce qu’il y a de la concurrence au poste de demi de mêlée. Vu que j’avais un petit peu échoué aux 6 Nations, ce n’était pas quelque chose d’évident d’être là, présent dans les 42. De l’être, c’est déjà une fierté. En plus de ça, ça montre que le travail réalisé tous les jours et le fait de ne rien lâcher, d’avoir cette abnégation qui est là au quotidien, ça m’a permis aussi de créer un caractère un peu plus fort sur moi et je me sens un peu mieux, mentalement en tout cas. Plus fort que ce que j’étais précédemment.
Pour terminer, dans vos objectifs personnels, est-ce que la Coupe du monde en Australie est en ligne de mire?
Forcément que j’y pense. En étant ici avec l’équipe de France, on a tous un objectif de participer à la Coupe du monde en 2027. Je sais que j’avance en âge (32 ans, ndlr), je sais qu’il y a énormément de concurrence aussi. En tout cas, je me sens de mieux en mieux physiquement plus j’avance en âge. Je joue, je m’entraîne tous les jours, je viens en équipe de France pour porter le maillot le plus souvent possible et aussi avoir cet objectif-là de groupe qui veut aller en Australie. Forcément que c’est dans un coin de ma tête. J’avance étape par étape mais en tout cas, je l’ai au fond de ma tête.
Avoir une deuxième chance, de la soulever?
Oui, exactement. Ce n’est pas donné à tout le monde de faire des Coupes du monde, d’en gagner aussi. Si on peut travailler en conséquence et déjà y participer. Et avoir ce rêve-là de rattraper cette Coupe du monde 2023, ça serait quelque chose de fort mentalement.
Via RMC Sport