L’ancien demi de mêlée australien Nick Phipps n’a pas mâché ses mots.
Invité de l’émission “Stan Sport Rugby”, l’ex-international aux 72 sélections a jeté un pavé dans la mare en estimant que les meilleures équipes de l’hémisphère Nord ne tiendraient pas le rythme du Super Rugby. Une déclaration qui ne manquera pas de faire réagir.
Un jeu plus rapide dans l’hémisphère Sud
Le débat a émergé autour d’une statistique : la durée moyenne d’un match. En Super Rugby, une rencontre dure en moyenne 91 minutes, soit cinq de moins qu’en Top 14 ou en United Rugby Championship (URC). Les arbitres du Sud, habitués à accélérer le jeu, se retrouvent parfois déconcertés en officiant en Europe.
Phipps illustre son propos avec une action du Tournoi des Six Nations :
“Je regardais les Six Nations il y a quelques semaines et, sur une action (Irlande – Angleterre, 1ᵉre journée du Tournoi, N.D.L.R.), le neuf adverse était à terre en train de faire une pause, prétextant qu’il était blessé. Ben O’Keeffe lui a demandé de se lever, que le jeu allait continuer et que la mêlée allait se jouer. Pareil pour un joueur victime de crampes. Ben O’Keeffe a été critiqué pour cela. Mais on se rend compte que les arbitres approuvent cette volonté d’accélérer le jeu.”
“Les équipes du Nord ne survivraient pas en Super Rugby”
S’appuyant sur cette différence de rythme, Phipps pousse l’analyse plus loin et affirme que les meilleurs clubs européens ne feraient pas le poids en Super Rugby :
“Je dirais que les cinq meilleures équipes de club de l’hémisphère Nord ne pourraient pas être intégrées au Super Rugby, car elles ne survivraient pas. Au contraire, on pourrait placer nos cinq meilleures dans l’hémisphère Nord, elles s’en sortiraient très bien.”
Des propos qui, sans surprise, relancent l’éternel débat sur la suprématie entre les deux hémisphères. Finaliste du Mondial 2015 et passé par les London Irish (2019-2022), l’Australien va ainsi à contre-courant de la thèse selon laquelle le Top 14 serait le championnat le plus exigeant au monde. Mais si les équipes du Nord ont souvent souffert face aux nations du Sud en confrontations internationales, peut-on vraiment imaginer que des clubs comme le Stade Toulousain, le Leinster ou l’Union Bordeaux-Bègles seraient à la peine face aux Blues, aux Reds ou aux Chiefs ?
Une question de calendrier
Il serait également bon de rappeler un facteur essentiel : le volume de matchs disputés. Tandis que les équipes de Super Rugby jouent 14 matchs de saison régulière, les clubs du Top 14 en enchaînent 26, sans compter les rencontres de Coupe d’Europe et les phases finales. Un calendrier autrement plus exigeant physiquement, auquel il faut ajouter les fenêtres internationales. Une contrainte qui ne semble pas avoir été prise en compte dans l’analyse de Phipps.
Vers une Coupe du monde des clubs en 2028 ?
Si elles divisent, ces déclarations pourraient au moins réjouir les instances dirigeantes du rugby mondial. Depuis des années, l’idée d’une Coupe du monde des clubs est sur la table. Un projet qui pourrait enfin voir le jour en 2028. L’occasion rêvée de mettre fin à ces débats et de vérifier, sur le terrain, si les meilleures équipes du Nord peuvent bel et bien rivaliser avec celles du Sud. Mais à quel prix pour des joueurs déjà sursollicités ?