Avant un Irlande-France décisif pour le XV de France samedi dans le Tournoi des 6 Nations, l’ancien sélectionneur des Bleus et actuel chroniqueur RMC Philippe Saint-André a évoqué l’importance de ce match mais surtout celle des choix qui seront faits par Fabien Galthié.
Pour ce match, Fabien Galthié va faire plusieurs choix, celui de Romain Ntamack, est-ce que vous le comprenez?
Sur les 42 joueurs, 4 joueurs ont été blessés. Ça veut dire que la saison commence à être longue, que les joueurs qui font les allers-retours Marcoussis-Club commencent à se blesser énormément. Donc, la logique doit être dans la tête de Fabien Galthié que les 19 qui ont été protégés soient dans le groupe des 23. Il y a les automatismes avec Antoine Dupont, les automatismes aussi avec Ramos quand ils prennent le milieu du terrain, jouer avec deux demi-ouvertures, un ouvreur dans un sens, un ouvreur dans l’autre.
Après, c’est une sensation, mais je ne l’ai pas retrouvé sur la course, sur la vitesse, sur ses changements de direction, sur sa vitesse longue. Je n’ai pas retrouvé Ntamack comme il était auparavant. Alors, peut-être que ces cinq semaines ont été bénéfiques pour lui et qu’il a dû travailler cela, mais on a pu le voir en Coupe d’Europe sur des occasions d’essai où avant il aurait continué à accélérer.
Après, on le sait, une grave blessure du genou, tu reviens au bout de 7-8 mois, mais il te faut des fois 12-14 mois, 15 mois pour être à 100% de tes capacités physiques. Pour l’instant, je n’ai pas retrouvé le Ntamack d’avant son opération du genou. On le sait, ça prend du temps et sûrement que les cinq semaines où il a été à l’herbage à cause du carton rouge ont du lui faire du bien sur l’aspect physique pour retrouver de la vitesse, du pied et de l’explosivité.
L’autre choix de Galthié c’est de remettre Penaud après sa mise à l’écart. Vous me disiez la semaine dernière, soit c’est masterclass de management et il met un triplé à Dublin ou soit il y a un petit risque de le perdre. Est-ce que vous êtes toujours dans ce raisonnement-là?
Oui, surtout que Théo Attissogbe, ce qu’il a fait en Italie, c’est ce que Penaud n’avait pas fait contre l’Angleterre, c’est-à-dire qu’il est monté très fort sur les coups d’envoi. Et il y en a eu énormément parce qu’il y a eu 11 essais.
C’était toujours le premier sur ses coups d’envoi longs et il a fait toujours tomber le receveur du ballon à la source. Il a fait 11 plaquages, il a travaillé énormément pour le groupe, il a été bon dans les duels aériens, il a récupéré avec des tapettes des ballons sur ses duels. On sait qu’il n’y a plus d’escorte et ça a donné des ballons de qualité pour l’équipe de France.
Il a offert un essai aussi à l’autre ailier, il a marqué un essai. Donc, il a fait un très bon match. De le sortir, sincèrement, c’est très compliqué.
J’ai envie de dire que Penaud, là, il sait qu’il n’a pas le droit à l’erreur. Il est bon, il marque trois essais, c’est un masterclass de management. Par contre, s’il ne fait pas un bon match, contre l’Ecosse, on verra Théo Attissogbe. Sincèrement, de sortir un joueur comme ça, avec la performance qu’il a faite en Italie. Il a réédité cette performance au week-end au Racing.
Mais après, quand tu es entraîneur, quand tu es manager, c’est plus simple d’avoir beaucoup de solutions que d’avoir le désert derrière tes titulaires. Ça, ça veut dire aussi que c’est une bonne chose pour le rugby français, pour les clubs, pour la formation. C’est-à-dire qu’on a une génération exceptionnelle.