Le XV de France défie l’Irlande à Dublin ce samedi (15h15) à l’occasion de la quatrième journée du Tournoi des VI Nations. Depuis plusieurs années, cette rencontre est devenue un véritable classique du rugby mondial.
Et si le coq français, toujours aussi fier, prenait désormais plus de plaisir à piétiner le trèfle irlandais que la rose anglaise? Comme de vieux voisins qu’on aime tant détester, peut-être parfois plus par habitude ou par respect pour l’histoire, le traditionnel “Crunch” contre l’Angleterre reste un match à part. Mais depuis quelques années, les Bleus se sont trouvés de nouveaux meilleurs ennemis.
Ce samedi (15h15), l’Irlande et la France vont se retrouver à Dublin pour la quatrième journée du Tournoi des 6 Nations. Une rencontre érigée au rang de sommet mondial au fil des passes d’armes mémorables entre les deux pays ces dernières années.
“Les trois dernières éditions du Tournoi, c’est nous et les Irlandais qui les avons gagnées”, a résumé Antoine Dupont en conférence de presse de veille de match, vendredi.
En 2023 et 2024, l’Irlande a remporté le titre (dont un Grand Chelem en 2023) après avoir battu deux fois les hommes de Fabien Galthié (32-19 à Dublin en 2023 ; 38-17 à Marseille en 2024). Scénario inverse en 2022, où le parcours des Bleus vers le Grand Chelem avait débuté par un succès fondateur contre les Irlandais au Stade de France lors de la première journée (30-24). “Je pense que ces quatre ou cinq dernières années, les deux équipes sont les meilleures d’Europe”, tranche Pirate Irwin, journaliste à l’AFP.
Les cinq derniers matchs entre la France et l’Irlande (3 victoires pour la France, 2 pour l’Irlande)
02/02/2024 à Marseille (Tournoi): Irlande bat France 38 à 17
11/02/2023 à Dublin (Tournoi): Irlande bat France 32 à 19
12/02/2022 au Stade de France (Tournoi), France bat Irlande 30 à 24
14/02/2021 à Dublin (Tournoi): France bat Irlande 15 à 13
31/10/2020 au Stade de France (Tournoi): France bat Irlande 35 à 27
Cette rivalité s’exporte également dans les compétitions de clubs. Les trois dernières finales de Champions Cup ont proposé une affiche franco-irlandaise, avec un Leinster à chaque fois battu par un pensionnaire du Top 14 (La Rochelle en 2022 et 2023, le Stade Toulousain en 2024).
Le dernier titre de l’Irlande dans la compétition, en 2018 grâce au Leinster, a par ailleurs été glané… face au Racing 92. “On a aussi eu une histoire en Champions Cup, où ça a parfois été heureux pour nous – que ça soit Toulouse et La Rochelle – et parfois pour eux”, a détaillé Antoine Dupont vendredi. “Donc ça fait quelques saisons qu’on se joue les titres européens. On commence à se connaître très bien maintenant.”
“Une finale”
Cette année encore, même si l’Angleterre n’est pas encore mathématiquement hors course, le Tournoi des 6 Nations devrait se jouer entre les Bleus et le XV du Trèfle. La France, deuxième à trois points de l’Irlande, peut repasser devant au classement en cas de victoire à Dublin. A l’inverse, les Irlandais sont les seuls à pouvoir encore rêver du Grand Chelem. Ce sans-faute leur tendra les bras en cas de victoire face aux Bleus, la dernière journée étant un déplacement sur la pelouse de l’Italie, samedi prochain. Au point que le choc de ce samedi est perçu comme une véritable finale.
“Une finale, oui. C’est exactement comme ça que nous voyons les choses”, valide Johnny Watterson, journaliste à l’Irish Times. “Nous recevons l’Italie pour le dernier match et nous verrons si nous pouvons battre la France pour remporter le titre. (…) Je pense que même avant le Tournoi, nous considérions ce match comme le plus important.”
Preuve de l’électricité autour de cette rencontre, The Guardian ose la comparaison footballistique avec un Arsenal-Manchester United du début des années 2000. “C’est une rivalité intense, mais elle n’est pas alimentée par des raisons géographiques ou une antipathie historique. C’est juste une rivalité basée sur l’éclat des deux équipes, les deux équipes dominantes se battant pour le statut d’alpha“, développe le quotidien britannique.
Un choc des philosophies de jeu
En dehors de l’enjeu sportif, l’affrontement entre les deux mastodontes du rugby européen est également un choc entre deux philosophies. D’un côté, l’Irlande, connue pour sa rigueur et ses lancements de jeu millimétrés. De l’autre, la France, réputée pour son jeu imprévisible et sa capacité à sortir du cadre.
Vainqueurs de l’Angleterre, de l’Ecosse et du pays de Galles, les joueurs de Simon Easterby paraissent toutefois moins dominateurs que les années précédentes, quand leur jeu structuré et rapide ne laissait que des miettes à ses adversaires. Les Irlandais se basent désormais sur la charnière composée du pendant irlandais de Dupont, Jamison Gibson-Park, et du jeune ouvreur Sam Prendergast, héritier de la légende Jonny Sexton.
Grosse bataille d’avants, ballons hauts en forme de menaces pour les Français, duels de flèches sur les ailes… A Lansdowne Road, les matchs dans le match ne manqueront pas entre les deux meilleures équipes du Tournoi “Pour avoir un ordre d’idées, depuis 2020, (l’Irlande) a joué 31 matches chez elle, elle en a gagné 29, elle en a perdu deux: face à la France en 2021 et la Nouvelle-Zélande en novembre”, a rappelé Fabien Galthié cette semaine: “C’est vrai que le défi est immense, c’est ce qu’on recherche.” Les supporters aussi, histoire de rajouter une nouvelle pierre à cette rivalité naissante.
Via RMC Sport