Ce dimanche, Antoine Dupont a annoncé sur ses réseaux sociaux avoir été victime d’une rupture du ligament croisé antérieur du genou droit face à l’Irlande. Le docteur Roger Rua, médecin du sport, détaille cette blessure redoutée chez les sportifs de haut-niveau.
Qu’est-ce qu’un ligament croisé ?
Il y a deux ligaments croisés à l’intérieur du genou. Le ligament croisé antérieur et le ligament croisé postérieur. Ils sont à l’intérieur de l’articulation et servent principalement à rapprocher le fémur du tibia et à empêcher les rotations trop importantes. Ils sont enroulés l’un autour de l’autre et ont un rôle primordial dans la stabilité du genou. Ce sont des ligaments donc ils ne sont pas reliés à des muscles mais à deux parties osseuses, celle du fémur à celle du tibia.
Pourquoi le ligament d’Antoine Dupont s’est-il rompu ?
Souvent le ligament croisé se rompt lorsque le pied est au sol et que le haut du corps et le genou partent en rotation. Le ligament va alors aller au-delà des capacités élastiques du collagène de sa structure. Pour Antoine Dupont, il y a aussi le poids de l’Irlandais, qui vient comme un bras de levier, écraser son genou et mettre une tension insupportable à son ligament. Même s’il n’y avait eu que le coincement de son pied et la rotation du genou, il n’y aurait sûrement pas eu de blessure sans le poids de l’Irlandais. Dans ce type de situation, c’est souvent le ligament croisé antérieur qui est rompu. Cette rupture peut-être soit totale, c’est-à-dire que les morceaux ne sont plus reliés l’un à l’autre, soit partielle. Mais les chirurgiens considèrent qu’une rupture partielle équivaut à une rupture totale car la partie restante du ligament croisé ne peut pas assurer 100% de ce qu’elle pourrait faire en temps normal. L’idée d’une intervention chirurgicale va intervenir dès que l’on parle d’une rupture même partielle d’un ligament croisé.
Donc la suite pour Antoine Dupont c’est forcément une opération ?
Absolument, la cicatrisation d’un ligament croisé n’est pas efficace. La seule façon de redonner sa stabilité à 100% à un genou c’est de l’opérer et de faire une plastie.
En quoi consiste la plastie ?
On va aller chercher des tendons de muscles autour du genou, notamment des ischio-jambiers. On va prendre une partie du tendon, le découper puis le réinsérer à l’intérieur du genou en faisant des trous avec une perceuse au niveau du tibia et du fémur pour pouvoir arrimer le bout de tendon qu’on a pris et installer une tension.
Quelle est la durée d’une indisponibilité pour ce type de blessure ?
J’ai déjà vu des sportifs revenir à six mois mais il faut une super rééducation et une volonté d’acier de revenir. C’est compliqué une fois que vous avez passé le cap de la sidération chirurgicale, même pour un sportif de haut-niveau. Il y a des examens qui permettent de mesurer la stabilité du genou et donc on ne le laissera pas reprendre sur un terrain avant six à huit mois.
Comment va se passer la rééducation ?
Il est en bonne santé et bien musclé. La récupération sera donc forcément plus rapide que pour une personne lambda. Malheureusement, il y a un temps incompressible qui est celui de la cicatrisation des plaies opératoires et surtout de la plastie ligamentaire. Cette dernière prend trois à quatre semaines minimum. Et ensuite on peut commencer la rééducation fonctionnelle. Le but pour les sportifs de haut-niveau, c’est d’être pris en charge immédiatement. Dès aujourd’hui, il a dû être pris en charge pour anticiper la perte d’efficacité des muscles. Si on attend plusieurs semaines pour l’opérer, il va y’avoir une perte musculaire qui va être difficile à rattraper après l’opération. Le but est d’entretenir la musculature pour que l’opération se passe au mieux.
Via RMC Sport