Depuis samedi et la grave blessure contractée par Antoine Dupont lors du match contre l’Irlande, une vive polémique autour de l’arbitrage a éclaté.
L’Irlandais Tadhg Beirne aurait-il dû être sanctionné par l’arbitre pour son déblayage limite sur Dupont, lui provoquant une grave blessure ?
Interrogé sur le sujet via Le Progrès, Maxime Chalon, ancien joueur et arbitre en Top 14, actuellement membre de la cellule de haute performance de l’arbitrage s’est confié sans langue de bois.
Il demande aux Français d’arrêter la paranoïa autour de l’arbitrage. Extrait:
« Je n’ai pas la sensation que la France soit mieux ou moins bien arbitrée que les autres. Il y a des faits de jeu. Forcément, on regarde devant sa porte avant de regarder devant celle des voisins et on a toujours le sentiment que l’arbitre est passé à côté. Alors que parfois, quand l’arbitre explique la situation, on se rend très bien compte qu’il n’y a pas d’erreur d’arbitrage. Donc il faut arrêter cette paranoïa. Même si des erreurs d’arbitrage, il y en a, et il y en aura encore. »
Il explique que l’émotion et le chauvinisme sont exacerbés étant donné que c’est Antoine Dupont, le chouchou des Français, qui a été touché. Extrait:
« Quand vous commencez l’arbitrage, la première chose qu’on vous apprend, c’est de ne pas juger les conséquences. C’est-à-dire qu’on n’est pas là pour juger si un joueur a eu une arcade ouverte ou s’il a un genou dans la boîte à gants, malheureusement, comme ça a été le cas pour Antoine Dupont. Là, l’émotion est encore plus grande parce que on touche à l’enfant du pays, ça décuple les passions et le chauvinisme, et c’est normal. Mais d’un point de vue de la règle, le fait de dire que c’est un accident de jeu est tout sauf déconnant. On voit très bien que l’Irlandais [Tadhg Beirne, NDLR] ne vient pas dans un but de détruire un joueur, et qu’à ce moment-là Dupont est en train de se retirer. Pour moi, on est sur une situation de fait de jeu et malencontreusement une blessure qui arrive derrière. Mais c’est sûr qu’il faut être intraitable avec les prises crocodiles, les joueurs qui viennent délibérément blesser un adversaire. »
Il défend clairement les arbitres qui doivent fréquemment faire face à des polémiques. Extrait:
« Les rencontres basculent toujours sur une décision, mais une décision qui peut venir d’un joueur ou d’un arbitre. On regarde toujours la conséquence, mais on ne regarde pas la cause : pourquoi l’arbitre a sifflé ou non. C’est là-dessus que les équipes doivent se questionner. Les matchs internationaux, comme en Top 14, se jouent sur des détails. Et c’est ce que nous [avec la cellule de haute performance de l’arbitrage mise en place par la Fédération française de rugby et la Ligue nationale de rugby] on essaie de faire toucher du doigt à nos arbitres : leur montrer la moindre incidence que peut avoir sur le résultat un coup de sifflet ou non. »
Il a ensuite réagi à la tentative de Fabien Galthié de mettre la pression sur l’arbitre avant la rencontre, lors d’une conférence de presse. Extrait:
« Ça fait partie de l’intox, de la pression médiatique et de la préparation d’un avant-match avec l’arbitrage on va dire. C’est le rôle des entraîneurs de mettre la pression sur les arbitres en pointant du doigt ce qui n’a pas marché les autres fois. Du point de vue de l’équipe de France, il y a certaines situations ou certains joueurs qui ont été mal arbitrés. De ce fait, ils mettent une pression positive à l’arbitre. Ça a toujours été le cas dans le championnat, et à l’international encore plus.
Il y a des arbitres qui ne lisent pas du tout la presse et ne vont jamais sur les réseaux sociaux, donc ça n’aura aucun effet sur eux. Par exemple, si je prends mon cas je ne m’occupais pas du tout de ce qui se disait dans la presse avant et après mon match, parce que je ne trouvais pas ça constructif. Et puis il y a ceux qui ont besoin de ça pour se nourrir, pour se construire. C’est plus une pression positive et une augmentation de la concentration. Les arbitres, à ce niveau-là, sont hermétiques à la pression. »