Alors que l’État tarde à trancher sur l’avenir du Stade de France, le processus d’attribution de la nouvelle concession continue de s’étirer. Depuis décembre, le groupe GL Events est en négociations exclusives pour exploiter l’enceinte, mais aucune décision définitive n’a encore été prise.
Un calendrier qui s’étire
Initialement, la signature du contrat devait intervenir en avril après une décision attendue « fin janvier ». Mais le processus prend du retard. « Nous ne sommes pas partis dans l’option de revenir en arrière », confie une source proche des négociations à l’AFP, alors que plusieurs réunions interministérielles ont déjà eu lieu sans déboucher sur un choix officiel.
Mi-décembre, l’État a écarté le concessionnaire historique Vinci-Bouygues au profit de GL Events, qui récupérerait les clés du stade dès le 4 août en cas de confirmation.
Un recours juridique et des incertitudes
Cependant, la décision est contestée. Le consortium actuel, évincé de la procédure, a saisi la justice, dénonçant un traitement inégal. Après un premier rejet de son référé par le tribunal administratif de Montreuil, il a porté l’affaire devant le Conseil d’État.
Interrogé récemment sur BFMTV, Olivier Ginon, PDG de GL Events, est resté prudent : « C’est un processus long. Je ne sais pas qui gagnera, il y a des opérations juridiques. »
Un casse-tête pour les fédérations
En parallèle, les fédérations françaises de football et de rugby doivent s’entendre avec le futur concessionnaire sur l’utilisation du Stade de France. La FFR, favorable à l’offre de GL Events, a déjà trouvé un accord. Mais du côté de la FFF, son président Philippe Diallo temporise, exigeant « des conditions optimisées ». « Ils sont toujours en train de dialoguer », précisent plusieurs sources proches du dossier, expliquant en partie le retard de la décision.
Or, le temps presse. La programmation des concerts et des matchs internationaux impose des délais stricts. Comme l’a rappelé Philippe Diallo, la FIFA attend en mars la liste des stades qui accueilleront les qualifications du Mondial.
Le rôle flou de Paris Entertainment Company
Autre point d’interrogation : l’implication de Paris Entertainment Company, gestionnaire de l’Accor Arena, de l’Arena La Chapelle et du Bataclan. Associée à l’offre de GL Events, elle aurait, selon le tribunal administratif de Montreuil, une mission d’« assistance à maîtrise d’ouvrage en stratégie business ».
Cette implication suscite des questions politiques. L’élu Pierre-Yves Bournazel (Horizons) a interpellé la maire de Paris Anne Hidalgo dans un courrier daté du 24 février : « Je souhaiterais ainsi savoir si vous comptez vous opposer à la signature de ce contrat ou si, à l’inverse, vous allez laisser le directeur général de cette société le signer, ce qui signifierait que la Ville de Paris sera finalement partie prenante de l’exploitation du Stade de France. »
Un dossier sous haute surveillance
La concession signée en 1995 avait déjà fait débat, notamment en raison des indemnités versées par l’État pour compenser l’absence de club résident. Face aux enjeux financiers et politiques, l’État entend sécuriser juridiquement son choix, quitte à repousser encore l’échéance.