Ce lundi, le consultant de Midi Olympique, Xavier Garbajosa analyse la victoire du XV de France dans ce Tournoi des Six-Nations 2025.
Il revient notamment sur le raté des Bleus contre l’Angleterre, à Twickenham.
Il estime que cette défaite contre le XV de la Rose reste un accident rare pour les Bleus.
Il s’explique. Extrait:
Si l’on fait un « flash-back », tout s’est bien passé contre le pays de Galles, mais la défaite en Angleterre qui était le premier gros test de la compétition, un match que les Bleus dominent de la tête et des épaules sans que l’efficacité ne soit au rendez-vous, plombe l’ambition du grand chelem. Une forme de frustration aurait pu naître. Pour moi, la défaite à Twickenham est un accident rare.
La suite ? La France a déroulé son rugby en Italie et réalisé un magnifique exploit en Irlande. Tout sauf une surprise tant il y a dans le jeu des Bleus de la maîtrise, de la puissance et de l’expérience. Le sentiment de supériorité est indéniable. Et le match face à l’Écosse résume assez bien l’ensemble de la compétition. En première mi-temps, cette belle équipe d’Écosse s’est nourrie des approximations françaises. À la mi-temps, elle aurait pu mener au score sans que personne ne crie au scandale. Après la force collective de cette équipe de France, c’est qu’elle ne doute que très peu ou pas du tout. Elle a montré une capacité d’accélération et une énergie en seconde mi-temps, grâce au « bomb squad » notamment, remarquable.
Il confirme les propos du sélectionneur Fabien Galthié : rien n’a été épargné au XV de France durant le Tournoi. Extrait:
Effectivement, quand tu vis certains moments, certains faits de jeu, des faits marquants, des blessures, des suspensions, la sensation d’avoir un traitement différent des autres peut apparaître. C’est aussi l’essence d’une union au sein d’un groupe. Les joueurs se sont nourris autour du sentiment d’être « le chassé », ce qui oblige à se resserrer et ce qui rend plus fort. Ce n’est peut-être qu’un symbole, mais j’ai trouvé touchant, lors de la remise du trophée, qu’Antoine Dupont puisse être au milieu de tous ses partenaires. Un vrai symbole de l’état d’esprit et la communion de cette équipe.
Il se confie ensuite sur les 30 essais inscrits par les Bleus au cours du Tournoi. Extrait:
L’équipe de France est relativement offensive. Une équipe qui ne joue pas petits bras pour gagner les matchs. Elle se donne les moyens de gagner. C’est une évolution marquante de ce Tournoi due aussi à la qualité des joueurs. Franchement, quand je regarde le triangle arrière, c’est impressionnant. Quand Bielle-Biarrey, devenu une machine à marquer, inscrit l’essai à la 42e minute, c’est aussi une preuve de la qualité française sur les ballons de récupération.
Cet essai, c’est le tournant du match. À cet instant, les Bleus sont un peu dans le dur avec seulement trois points d’avance. On est passé d’un possible avantage au score si l’essai écossais juste avant la mi-temps n’avait pas été refusé à une avance confortable pour les Bleus en quelques minutes. Les Bleus sont des tueurs, ils sont diaboliques. Ils ont crucifié les Écossais quand on les pensait en difficulté.
Il explique pourquoi l’absence d’Antoine Dupont n’a pas pesé pour les Bleus. Extrait:
Il y a une force collective qui se dégage de cette équipe. Elle ne doute jamais, malgré les aléas. L’absence d’Antoine Dupont aurait pu peser. Au-delà du joueur de rugby qui l’est, il symbolise le leadership. Quand tu joues autour d’un mec comme ça, tu te sens rassuré. Il y a comme une bulle de confiance autour de lui. Là, les Bleus ne l’avaient pas avec eux. Et pourtant… Quelle résilience.
Il explique également pourquoi l’équipe de France est meilleure qu’en 2023. Extrait:
Cette équipe-là, aujourd’hui, est sûrement meilleure principalement parce qu’elle a désormais une profondeur d’effectif exceptionnelle. Le XV de France tournait sur un groupe un peu plus réduit il y a deux ans. Des garçons ont émergé. Ça amène plus de concurrence, encore plus d’émulation, quelque chose de plus vertueux. Ensuite, elle est peut-être meilleure car elle vient de gagner le Tournoi. Tout simplement. Être sacré dans cette compétition avec trois déplacements dont deux en Irlande et en Angleterre, c’est beau. Ce n’est que la deuxième fois depuis 2007 dans le Tournoi des 6 Nations. Ça veut quand même dire quelque chose.
On ne retient que le nom des vainqueurs. Deuxième ou troisième, tout le monde oublie. Voilà pourquoi il était aussi important de gagner ce Tournoi. Et finalement, il y a quand même une forme de méritocratie, une justice sportive. Les meilleurs ont gagné. On peut regretter le grand chelem. Les Bleus ont pris un autre chemin, peut-être plus difficile. Mais aussi plus beau dans le scénario.