Depuis 2020, Fabien Galthié applique une politique stricte de gestion des joueurs en les préservant des longues tournées estivales dans l’hémisphère sud.
Pourtant, à l’issue du Tournoi des 6 Nations, plusieurs cadres comme Romain Ntamack, Thomas Ramos et Grégory Alldritt ont exprimé leur envie de disputer les trois test-matchs face aux All Blacks en juillet prochain.
Une volonté que le sélectionneur des Bleus tempère avec fermeté dans un entretien accordé au Figaro.
Fabien Galthié rappelle que l’accumulation des matchs représente un véritable danger pour la santé des joueurs. Extrait :
Je n’ai pas de position arrêtée, mais on a défini une politique de gestion des joueurs par rapport au calendrier existant. Les internationaux en sont environ à 20 matchs depuis le début de la saison. Ils peuvent la finir à 35 s’ils jouent tout. World Rugby préconise une saison à 2000 minutes maximum. Au-delà, avec les protège-dents connectés, on sait qu’il y a des contacts qui mettent en danger la santé du joueur. Je veux bien prendre des joueurs qui ont 35 matchs, mais c’est du court-termisme.
Le sélectionneur met en avant le besoin de repos, notamment pour un joueur comme Romain Ntamack, revenu récemment d’une grave blessure. Extrait :
J’ai dit à Romain : “On va voir à combien de minutes tu vas finir la saison, dans quel état sera ton genou et puis, surtout, quelle période de récupération tu vas avoir après…” Nous avons décidé de ne pas prendre certains joueurs lors des tournées d’été pour sacraliser une période de récupération, juillet-août, durant laquelle ils se régénèrent. Si on les emmène en Nouvelle-Zélande, ça les amène au 20 juillet. Est-ce que ces joueurs peuvent passer un accord avec leur club pour qu’ils soient à l’arrêt deux mois ensuite, c’est-à-dire sans compétition jusqu’à fin septembre ? Je pose la question…
Interrogé sur le bénéfice que pourrait représenter une telle tournée en vue de la Coupe du monde 2027 en Australie, Fabien Galthié campe sur ses positions et insiste sur les risques liés à un enchaînement trop intense. Extrait :
Si on trouve un aménagement, on peut y réfléchir. Sinon, franchement, si c’est pour se dégrader physiquement, nous mettre en danger jusqu’à 2027, ça n’a aucun intérêt. Si les joueurs viennent avec trop de minutes déjà jouées et n’ont pas de plage de récupération après, je les ai perdus pour la Coupe du monde. Ils n’auront pas le temps de se régénérer, ni pour la tournée de novembre prochain – où l’on reçoit l’Afrique du Sud, les Fidji et l’Australie – ni pour le tournoi 2026. Et, après, il y a une dette de régénération qui les met en danger sur leur niveau. Ce serait égoïste de simplement dire : “Je veux la meilleure équipe possible pour aller défier les All Blacks.” Mais qu’est-ce qui compte en premier ? C’est la santé des joueurs.
Si les discussions restent ouvertes, la ligne directrice du sélectionneur semble claire : préserver ses cadres pour les échéances majeures à venir, quitte à se priver d’un test grandeur nature face aux All Blacks.