Lors d’un long entretien accordé à Midi Olympique, le pilier droit de l’Aviron Bayonnais, Tevita Tatafu a raconté son enfance.
Il l’affirme : petit, il ne pensait en aucun cas devenir un joueur professionnel. Extrait:
Petit, je n’ai jamais pensé devenir joueur de rugby professionnel. J’allais à l’école, où je me bagarrais avec les autres (rires), puis je rentrais à la maison pour aider ma mère ou mon père, qui travaillait dans les montagnes. Il y cultivait du taro, du kava et du manioc. Je répétais cette routine tous les jours, sauf le dimanche, où nous allions à l’église. À la maison, nous étions nombreux, car j’ai sept sœurs et deux petits frères.
Dans la foulée, il se souvient de son arrivée en France et plus précisément à Bayonne.
Il explique comment il a été contacté par le club Basque. Extrait:
J’étais prêt pour partir en Nouvelle-Zélande, où deux clubs me voulaient, dont les Hastings Boys. J’avais aussi une piste au Japon. Mais un jour, mon coach aux Tonga m’explique que Toma (Taufa) et Yannick Bru l’ont appelé. Toma avait montré des vidéos de mes matchs à Yannick. Il m’a contacté et j’ai finalement opté pour la France. J’avais alors 17 ans.
Son arrivée en France a été très difficile à accepter. Il a d’ailleurs téléphoné à sa maman en pleur, pour lui exprimer son envie de retourner aux Tonga. Extrait:
J’étais trop triste. C’était la première fois que je partais loin de ma famille. Une fois arrivé aux Fidji, où j’avais une escale, j’ai demandé à la sécurité de l’aéroport si elle pouvait me ramener aux Tonga. Je voulais faire demi-tour, j’étais tout seul. J’ai appelé ma mère. Je pleurais. Elle m’a dit qu’il fallait que je pense à eux et que je sois fort.
Il faisait un peu froid. C’était en octobre, j’étais en short et en tongs. Fred Bonhomme (son agent, N.D.L.R.) m’attendait à l’aéroport. Il me parlait en anglais. Je lui répondais “yes, yes”, mais je ne comprenais rien à ce qu’il me disait. À l’époque, je ne parlais que tongien.
Il confirme que ses débuts ont été difficiles avec les Crabos. Extrait:
Le premier jour, avec les Crabos, avait été très dur. Je ne comprenais pas grand-chose et les autres joueurs couraient beaucoup, et trop vite. Le deuxième jour, on a fait dix ou onze mêlées de suite. J’avais mal partout, je n’en pouvais plus ! Aux Tonga, on en faisait trois ou quatre maximums. En France, le ballon était sans cesse en activité, alors qu’aux Tonga, on prenait la balle et on fonçait tout droit. On ne faisait jamais de passe !
Concernant son premier match avec les professionnels, il s’en remémore très bien. Extrait:
C’était contre Brive (février 2021, N.D.L.R.). C’était dur, notamment en mêlée. C’est à ce moment que j’ai commencé à travailler plus, dans ce secteur. Je n’étais pas fort en mêlée. Je ne comprenais pas comment ça fonctionnait. J’avais beaucoup de mal.
Avec Matis Perchaud, on ne se parlait pas beaucoup, car je ne comprenais pas bien le français et lui ne parlait pas Anglais. On se criait juste dessus pour s’encourager : “Allez, allez”. Quand j’ai vu qu’il démarrait, en haut, je me suis dit que j’allais l’imiter.
Il précise que Yannick Bru et Joël Rey l’ont énormément aidé dans le secteur de la mêlée. Extrait:
Oui, Joël (Rey) et Yannick. Ils ont étudié ma technique. Ce sont des choses que j’ignorais. Pour moi, ce n’était qu’une question de force.