Vendredi dernier, le président du Rugby Club Toulonnais, Mourad Boudjellal a accueilli dans son émission de la Commission de discipline le journaliste rugby de France Télévisions: Matthieu Lartot.
Ce-dernier s’est confié au sujet de divers sujets et notamment de l’équipe de France qui est malade depuis de nombreuses années désormais.
Voici ses propos.
Les défaites de l’équipe de France:
“Je préférerais commenter les victoires de l’équipe de France. Ce n’est pas toujours facile car on fait ce métier de présentateur pour véhiculer des émotions et notamment la joie. En ce moment, l’encéphalogramme est assez plat. Combien de victoires de l’équipe de France j’ai commenté en trois ans ? Pas beaucoup… neuf !”
Les tribunes vides du Stade de France:
“Les tribunes vides du Stade de France pour France – Fidji, c’est une catastrophe, même si nous avons des techniques de réalisation pour faire en sorte que ça ne se voit pas trop à la télévision. C’est une catastrophe surtout quand on compare à ce qui existe ailleurs. On a la chance de diffuser le Tournoi des Six-Nations. Quand on voit Twickenham, le Millennium de Cardiff et tous ces grands stades de rugby pleins à craquer… Puis au delà de l’affluence, c’est l’atmosphère qui y règne, c’est la tradition, c’est le poids de l’histoire, c’est la ferveur des supporters. Et il y a un contrat qui oblige l’équipe de France de jouer au Stade de France. Alors quand il est plein il est bien. Mais quand le match se joue à 40 000 supporters comme c’était le cas face aux Fidji, c’est mortifère.”
Ses critiques envers le XV de France:
“Demandez à Marc Lièvremont et à Philippe Saint-André si je m’interdis de critiquer les différents staffs du XV de France… Non ! J’ai une liberté de ton. Ils ne m’appellent pas, mais nous avons eu des explications, parfois à la sortie de plateau. En général, les encadrants viennent sur le plateau de Stade 2 les lendemains de match. On s’est expliqué avec Marc Lièvremont souvent et parfois avec Philippe Saint-André. Bernard Laporte ne m’a jamais appelé, Jacques Brunel non plus, pas pour l’instant.”
Les audiences du rugby en forte baisse sur France 2:
“Les audiences du rugby sur France 2 ? C’est inquiétant. Mon patron se dit que ça lui permettra peut-être de renégocier à la baisse les droits (rire). On est en contrat jusqu’en 2022 sur le Tournoi. On n’arrive pas à chiffrer les défaites. Ça coûte en terme de prestige car le rugby Français a besoin de gagner. La mission du service public est de montrer des matches en clair à un plus grand nombre. Quand on voit un peu le nouveau visage médiatique et comme tout cela s’est transformé avec de nouveaux opérateurs qui arrivent, c’est presque un luxe de pouvoir suivre le sport à la télévision. Nous, on est là pour montrer l’équipe de France. Mais qu’est-ce-qu’il s’est passé dans le rugby Français depuis 2012 ? Rien. Il n’y a pas de match référence. Ce sont des moments difficiles avec des stades vides et des affluences qui baissent. Ça veut aussi dire que notre rugby est malade. Les audiences de la Coupe d’Europe baissent aussi. On a encore quelques locomotives comme Toulon, le Stade-Toulousain et Clermont même si l’ASM ne joue pas la Champions Cup cette saison. Mais il y a une érosion des audiences.”
La perte de la Coupe d’Europe par France Télévisions au bénéficie de BeIn Sports:
“La Coupe d’Europe est désormais diffusée sur BeIn Sports et c’est en raison d’un gros chèque. Mais c’est la vision à court terme de certains qui se disent: “il y a un gros chèque qui arrive je vais l’encaisser”. Mais ça ne fait pas de bien sur le long terme au rugby Français. Nous, on a accompagné cette compétition depuis 1996. Et le fait qu’il n’y ait plus qu’une affiche sur France Télévisions, on perd ce côté feuilleton. Je milite pour que France Télévisions diffuse deux affiches par journées en clair, mais on a une situation budgétaire compliquée et nous avons de grosses économies à faire. Il faut savoir qu’une saison de Coupe d’Europe, ça représente le montant qu’on nous a demandé d’économiser cette année, c’est-à-dire 13 à 15 millions d’euros. Et ce n’est pas Fabien Galthié qui coûte cher (rire).”
Il dément être le chat noir de l’équipe de France:
“Vous avez dit que j’étais le chat noir du rugby Français, mais je vous rappelle que j’ai commenté les trois titres de Toulon (rire). Puis jusqu’à preuve du contraire, la France n’a jamais été championne du monde sur TF1, et les tournées d’été diffusées sur Canal +, je ne sais même pas si la France a remporté un match.”
Même si le Mondial ne sera pas sur France 2, il explique ne pas vouloir manquer un match:
“On ne diffusera pas la Coupe du monde mais je suis un amoureux de rugby et je la regarderais sur une autre chaîne bien évidemment.”
La raison de ses nombreux jeux de mots:
“Mes jeux de mots ? Cela fait partie de mon approche. Je suis là pour instaurer une humeur. Je ne dis pas qu’ils sont toujours bons. Mais on est là pour passer un moment sympa et on ne veut pas se prendre trop au sérieux.”
Son travail aux côtés de Fabien Galthié:
“Fabien Galthié est un bon camarade, c’est un bon vivant. Après, je ne suis pas sûr que retrouver un club soit son intention. Je pense qu’il est très content dans ce qu’il fait aujourd’hui et France Télévisions lui permet de continuer à vivre tout cela par procuration même si je ne suis pas inquiet pour lui. Un jour ou l’autre il y retournera. Fabien Galthié ne nous coûte pas cher, il nous fait même faire des économies car quand on va à Toulon pour commenter la Coupe d’Europe, on ne va plus à l’hôtel mais on va chez lui… et c’est vous qui payez la maison (rire).”
Son pronostic pour le Tournoi des Six-Nations:
“Je vois trois victoires sur cinq pour la France lors de ce Tournoi des Six-Nations.”
La virulence des supporters sur les réseaux sociaux vis-à-vis de ses commentaires à la télévision:
“A l’époque des grands Toulon – Clermont, les Clermontois considéraient que j’étais pro Toulonnais et les Toulonnais pensaient que j’étais pro Clermontois. Sur les réseaux sociaux… C’était un peu virulent. J’essaie d’être dans l’équilibre. On avait cette chance de commenter beaucoup de clubs Français et je pense m’être autant enthousiasmer sur les commentaires d’un match de Clermont que d’un match de Toulon. Quand il y a deux clubs Français face à face, que le meilleur gagne.”