Après une semaine tumultueuse qui a vu les joueurs se resserrer et l’encadrement écarter Morgan Parra et Camille Lopez, le XV de France doit traduire cette reprise en main sur le terrain, samedi au Stade de France (15h15) contre l’Ecosse, sous peine de s’enfoncer dans la crise.
A lourde défaite, grands remèdes: la raclée subie en Angleterre (44-8) lors de la 2e journée du Tournoi des six nations, le 10 février, a au moins eu le mérite de secouer le rugby français. Car la situation est inquiétante: à quasiment sept mois jour pour jour de son premier match de la Coupe du monde au Japon, le 21 septembre contre l’Argentine, les Bleus affichent l’effroyable bilan de dix défaites en treize rencontres depuis que Jacques Brunel en a repris les rênes fin 2017. Et semblent s’éloigner des meilleures sélections mondiales, sans espoir visible de combler le gouffre à court terme.
Le très court terme, justement, est ce qui occupe l’esprit du XV de France, qui a suffisamment de problèmes à régler pour ne pas se projeter: battus au Stade de France par les Gallois (24-19) avant de sombrer à Twickenham, ils sont à la recherche d’une simple victoire pour éloigner le spectre, avant d’aller en Irlande (10 mars) puis en Italie (16 mars), d’une première Cuillère de bois dans le Tournoi depuis… 1957!
“Besoin de se ressouder”
Face à des Écossais qui n’ont plus gagné en France depuis 20 ans, et fortement diminués par l’absence de plus d’un tiers de leurs titulaires (Hogg, Russell, Jones, Barclay, Wilson et Nel). Mais ce XV de France qui a perdu quatre de cinq matches disputés au Stade de France depuis un an (Irlande, Afrique du Sud, Fidji et pays de Galles) a de quoi trembler. Et pour éviter une nouvelle désillusion, les joueurs ont souhaité se resserrer: ils ont obtenu un allègement de leurs obligations médiatiques et la création d’un “conseil des joueurs”, chargé d’épauler le capitaine Guilhem Guirado et de faire remonter leurs doléances auprès du staff.
“Aujourd’hui, on a besoin de se ressouder. On a besoin de se sentir unis, ensemble, et pour ça, il faut vivre dans le groupe. Tout ce qui est extérieur, il faut faire barrage, et aller à l’essentiel. Et l’essentiel c’est le terrain” explique Wenceslas Lauret.
“Rage”
A leur demande, l’annonce de la composition a également été avancée de 48 heures, au mardi, pour “mieux se préparer”, selon Gaël Fickou. Et l’entraînement du capitaine de veille de match a lieu au Stade de France, et non plus à Marcoussis. Le sélectionneur Jacques Brunel a également tenté un coup, en écartant sa charnière Parra-Lopez, qu’il souhaitait pourtant installer jusqu’à la Coupe du monde, mais coupable de s’être noyée à Twickenham. Et, probablement, d’avoir (à peine) critiqué devant la presse, dans les couloirs, l’encadrement.
Les Clermontois ont été remplacés par les Toulousains Antoine Dupont (22 ans, 11 sél.) et Romain Ntamack (19 ans, 2 sél.), qui forment une association aussi prometteuse qu’inexpérimentée. A charge à eux, ainsi qu’à leurs vingt-et-un coéquipiers, de traduire “la rage” qui anime le groupe, selon Lambey, en victoire.