L’ancien deuxième ligne international Français Fabien Pelous était l’invité exceptionnel de la ‘Commission de discipline’ de Mourad Boudjellal, émission diffusée sur Eurosport 2 chaque vendredi soir.
Lors de cet entretien, Fabien Pelous a été amené à évoquer son opposition à Bernard Laporte à la tête de la Fédération Française de Rugby. Extrait:
“Je ne sais pas si on peut dire que je suis le meilleur ennemi de Bernard Laporte. Mais je suis élu au Comité directeur dans l’opposition. Oui, j’ai été le seul à voter contre lui quand Pierre Camou et Serge Blanco s’étaient abstenus. Mais ça a été un concours de circonstance. C’était dans l’euphorie de la victoire de Bernard Laporte, on se réunit et il y a cette élection. Il faut désigner le nouveau président et je me voyais mal désigner Bernard Laporte cinq minutes après avoir soutenu Pierre Camou pendant des années. Voilà pourquoi j’ai voté contre Bernard Laporte. Il n’y avait pas d’animosité particulière.”
L’ancien joueur du Stade-Toulousain estime que Bernard Laporte n’est pas représentatif du rugby Français. Il s’explique. Extrait:
“Il n’y a pas eu de cassure avec Bernard Laporte lorsqu’il portait le survêtement. On a toujours eu des relations plutôt bonnes. On avait un intérêt commun: que l’équipe de France soit bonne. Mais c’est que lorsqu’il s’est présenté aux élections… Je trouve qu’il n’est pas représentatif de ce qu’est le rugby. Il peut être représentatif d’une certaine forme de rugby, mais il n’est pas symbolique du rassemblement qu’il doit y avoir autour d’une Fédération. La problématique de la Fédération, c’est que c’est une Fédération. Ce n’est pas une entreprise ou un club. Le président de la Fédération doit représenter tout le rugby. Je pense qu’il est plutôt symbolique d’un rugby de très haut niveau et dans la recherche de la performance. Mais le rugby en général, c’est la recherche du vivre ensemble. Il y a un temps pour tout. Pour l’heure, mon temps n’est pas venu. Mais je vais continuer ce travail d’opposition même si je n’aime pas trop ce mot. On n’est pas dans l’opposition systématique. Bien au contraire car je trouve que des choses ont été très bien faites.”
Selon lui, Bernard Laporte est passé trop rapidement du poste d’entraîneur au poste de président de la Fédération Française de Rugby. Extrait:
“Pour ma part, sa transition entraîneur – président de la Fédération s’est faite un peu tôt. Avec cette lettre de Guy Mocquet, je me demandais s’il se servait de nous pour faire de la politique ou si c’était vraiment un concours de circonstance. Moi, je n’y crois pas trop. Avec Bernard Laporte, j’ai des oppositions d’idées.”
Questionné sur les différentes affaires qui ont touché la FFR, Fabien Pelous estime que cela ne donne pas une bonne image de la Fédération. Extrait:
“Je ne suis pas à la Fédération au quotidien, mais ce n’est quand même pas très positif. Ces affaires ont créé une ambiance délétère. Il y a une image du rugby qui est impactée.”
Le président Toulonnais Mourad Boudjellal l’a ensuite questionné sur le petit tacle qu’il adresse à Sébastien Chabal dans son livre. Fabien Pelous met les choses au clair. Extrait:
“Sébastien Chabal était un excellent joueur de rugby. Mais ce que je veux dire, c’est que sur cette Coupe du monde, on avait eu une hyper-médiatisation de Sébastien Chabal. Mais si on avait dû en valoriser un, c’était plutôt Thierry Dusautoir qui avait fait une Coupe du monde extraordinaire ! Je voulais montrer à travers cela le paradoxe qu’il y avait entre la médiatisation et la valeur sportive. Franchement, je n’ai rien contre Sébastien Chabal et je suis très heureux de ce qui lui est arrivé. Mais sportivement, s’il y en avait un à valoriser, c’était Thierry Dusautoir.”
Pour conclure, Fabien Pelous a évoqué le licenciement de Guy Novès par Bernard Laporte. Il trouve la méthode dégueulasse même si, sur le fond, il peut-être d’accord sur le départ de Guy Novès. Extrait:
“Je ne sais pas si Guy Novès aurait permis à l’équipe de France d’avoir un meilleur palmarès sur ces derniers matches. Je ne sais pas car ça reste du sport et on ne peut jamais savoir. Je ne sais pas si se séparer de Guy Novès a été une erreur ou non. Mais la façon dont ça a été fait, c’était vraiment dégueulasse. Sur la forme, c’était dégueulasse. Sur le fond, virer un entraîneur car il a un manque de résultat, ça arrive. Par contre le faire sur des problématiques d’ego… c’est franchement dégueulasse. L’ego, ça fait avancer les hommes mais ça fait aussi faire beaucoup de conneries. Il voulait la peau de Novès. Le sortir de l’entraînement de l’équipe de France, ça suffisait à avoir sa peau. Mais il a voulu insister. Ce n’est pas tellement sur le fait de virer Novès que je suis choqué, mais c’est de faire prendre un tel risque financier à la Fédération. J’ai souvent entendu Bernard Laporte parler de faute professionnelle, et là pour le coup c’est une faute professionnelle. Dans beaucoup d’entreprises, ça mériterait une éviction pour faute grave. J’ai trouvé cela irresponsable.”