Dans un entretien accordé à RMC Sport, Abdelatif Benazzi a sèchement reproché à Bernard Laporte “d’être sectaire” et “de s’entourer de copains au détriment des compétences” au sein de la Fédération Française de Rugby. L’ancien capitaine des Bleus réclame plus de sérénité et des jeunes, à deux jours du déplacement en Irlande, dans le cadre de la 4e journée du Tournoi des VI Nations, dimanche (15h).
Abdelatif Benazzi suit avec émotion les résultats du XV de France depuis sa retraite internationale, prise il y a 18 ans après avoir comptabilisé 78 sélections dont trois Coupe du monde en 1991, 1995 et 1999. L’ancien joueur d’Agen fustige les agissements de Bernard Laporte à la présidence de la Fédération Française de Rugby. Il dit haut et fort son désir de le voir changer pour que l’équipe nationale retrouve des couleurs. “Ce n’est pas moi qui ai sifflé Bernard Laporte quand il a été montré sur l’écran du Stade de France, s’est-il défendu. Les gens le sentent.”
Benazzi regrette un climat délétère
“Bernard Laporte avait un objectif, c’était d’éclater la Ligue, de gérer l’équipe de France et tout le rugby par le biais de la Fédération. Aujourd’hui, ils sont en train de recoller les morceaux mais cela a créé un environnement pas du tout stable dans la tête des joueurs et de ceux qui travaillent à la fédération. Il faut un peu plus de sérénité et de communication.”
En mai 2018, la FFR et la LNR (Ligue Nationale de Rugby) ont signé une convention afin de régir leurs relations après plusieurs mois d’affrontements médiatiques qui ont même mené les deux instances devant les tribunaux et le Conseil d’Etat.
Laporte doit être moins “sectaire”
“Il faut respecter les avis des uns et des autres, a poursuivi Abdelatif Bennazi, capitaine du XV de France à partir de 1996. Arrêtons d’être sectaire. Ce que l’on reproche à Bernard Laporte, c’est d’être sectaire et de s’entourer de copains au détriment des compétences qu’il a pour faire avancer le rugby. Chacun a ses qualités, chacun a ses défauts mais il faut travailler main dans la main pour aller de l’avant. On a tellement souffert de cet égoïsme…”
“Du jamais-vu dans l’histoire du XV de France”
Battus à domicile par le pays de Galles à Saint-Denis (19-24), humiliés par l’Angleterre (8-44) les hommes de Jacques Brunel ont repris goût à un succès contre l’Ecosse (27-10), mais n’abordent pas le déplacement en Irlande, dimanche, avec de grandes certitudes. Cet écart abyssal de niveau entre Français et Irlandais, Abdelatif Benazzi ne l’accepte pas.
“On a pris du retard alors que toutes les autres équipes ont de l’avance, a-t-il regretté. Nous sommes la dixième nation mondiale et je n’ai jamais vu ça. C’est quelque chose qui peut faire réfléchir. (..) On a perdu des matchs mais tout le monde en a perdus. Cela nous est déjà arrivé d’en perdre quatre-cinq de suite. Mais une série de défaites et de doutes aussi longue, c’est du jamais-vu dans l’histoire du XV de France. Il y a de quoi se poser des questions.”
“Cette équipe a des ressources”
“Il y a une Coupe du monde à préparer, un Tournoi à finir avec ces jeunes et cette ambition. On ne sait jamais. En 1999, nous avons battu les All Blacks alors que nous étions en détresse durant le Tournoi. Mais les deux ou trois mois de préparation peuvent vous donner les moyens d’être ambitieux. Cela peut se passer sur un match. Je ne dis pas que la France va être championne du monde mais cette équipe a des ressources et elle peut exister. Il faut lui donner les moyens et un environnement stable avec moins de scandales.”