Dans l’Equipe, Guy Novès s’est confié sur la décision du Conseil des Prud’hommes, qui le déboute de certaines demandes, notamment le règlement d’heures supplémentaires, mais déboute la Fédération du licenciement pour faute grave, et lui octroie plus d’un million d’euros.
Quand vous avez entendu la première phrase de la décision expliquant que vous étiez « débouté », comment avez-vous réagi ?
(Il sourit) Le président du conseil des prud’hommes a dit que j’étais débouté d’une certaine somme, je me suis dit que le reste devait être quelque part. Mon avocat et ma fille (qui est également avocate) m’ont dit que normalement, le verdict n’était pas annoncé de cette façon. Mais ils m’ont rassuré et dit de garder confiance.
Finalement, la seconde partie de la décision est plus sympa ! Depuis le début, je souhaitais laver mon honneur et démontrer que le licenciement était abusif et qu’il n’y avait pas de faute grave. C’est fait. C’est finalement un retour à la normale après une période très compliquée à vivre où on m’a fait passer pour un naze en m’écartant. Cette décision, je l’attendais surtout pour rassurer tous ceux qui croyaient en moi.
Quelle a été votre première réaction intérieure quand vous avez entendu que le licenciement était reconnu comme « abusif » et qu’il n’y avait pas de « faute grave » de votre part ?
Enfin…(il le répète trois fois). On me disait que je ne pouvais pas perdre. Mais tant que la décision n’était pas officielle, il y avait un doute. Je m’étais préparé à tous les scénarios face à la Fédération française de rugby. Mais j’aurais eu du mal à entendre autre chose, même si je m’étais préparé à une éventuelle défaite.
Qu’est-ce qui prédomine : le soulagement ou la revanche ?
Ce n’est pas une revanche. ! Ce sont des gens qui ne m’intéressent pas, que je ne souhaite plus côtoyer. Est-ce leur défaite ou ma victoire ? Je ne sais pas. Mais mon honneur est lavé. C’est le plus important. Après le verdict, je suis allé chercher ma petite fille à la sortie de l’école (Eloïse, 8 ans, la fille de Vincent Clerc). Vous savez ce qu’elle m’a dit ? “Papy, tu as gagné ton procès !”C’est ça qui est important pour moi. L’argent, c’était tellement secondaire dans cette affaire. Cet argent, je n’en ai pas besoin pour vivre, donc je n’ai, à aucun moment, imaginé ce que j’en ferai. J’avais l’impression d’être en hibernation pendant quinze mois, comme coincé dans un glaçon. (…)
L’avenir, vous le voyez comment?
C’est encore trop tôt. Je ne sais pas de quoi sera fait mon avenir.
Vous le voyez plus sur un terrain…
(il coupe) Non, je ne me vois nulle part. On verra… J’attendais la décision depuis tellement de temps. J’ai simplement envie de me poser, de récupérer ces nuits sans sommeil. Le sentiment d’injustice était très important. Laissez-moi enfin me reposer. C’est tellement agréable d’avoir entendu ce que j’ai entendu. »