Le talonneur du Stade-Français Paris, Rémi Bonfils a pris sa retraite anticipée il y a quelques semaines en raison de commotions cérébrales à répétition.
Lors d’un entretien accordé au quotidien sportif L’équipe, le joueur Parisien a expliqué le calvaire qu’il a vécu en raison de ces commotions cérébrales. Extrait:
“J’ai fait plusieurs commotions tout au long de ma carrière. Elles ont toujours été très bien prises en charge par mes différents médecins : Alexis Savigny Stade Français, à qui je dois beaucoup, plus récemment Elliot Rubio, le nouveau médecin du club, et le professeur Jean-François Chermann neurologue. Le souci, c’est que j’en ai fait quatre très rapprochées depuis le mois de janvier 2019. J’ai commencé à avoir des débuts de symptômes : vertiges, maux de tête, problèmes de concentration. Dès que j’étais dans une pièce avec du monde et du bruit, j’avais l’impression d’être sur un bateau, que tout tournait autour de moi. C’était aussi devenu difficile de faire le focus, de discuter avec quelqu’un. Et puis surtout, je ressentais pas mal de fatigue.”
Malgré des périodes de repos, les symptômes revenaient et persistaient dans la vie de tous les jours. Extrait:
“J’ai d’abord connu une période de repos. J’ai repris pendant l’intersaison. Tout allait bien mais j’en ai refait une assez rapidement contre Bayonne et là, les mêmes symptômes sont revenus mais amplifiés. Le pire, ce sont les vertiges. Ils sont assez brefs, à peine trois ou quatre secondes, mais ils arrivent plusieurs fois dans la journée. Le match contre Bayonne était le samedi 7 septembre, et le mercredi suivant, je commençais une formation en management opérationnel à l’EM Lyon. Tout se passait par visioconférence, le simple fait de rester devant un écran était infernal.”
Il tient alors à prévenir les joueurs sur les commotions. Extrait:
“J’ai l’impression que dans l’inconscient des joueurs, s’ils ne font pas une grosse perte de connaissance qui les éteint pendant plusieurs secondes sur la pelouse, ce n’est pas une commotion. On peut avoir l’impression d’être juste sonné. Le message est vraiment que les joueurs prennent soin d’eux, qu’ils s’écoutent et que les staffs fassent de la prévention. Il faudrait une liberté de parole totale sur le sujet. Ce qui est bâtard avec une commotion, c’est que, souvent, quarante-huit heures après, vous pouvez refaire du sport, alors que votre cerveau a besoin d’une véritable plage de récupération. Les joueurs ont le devoir de s’écouter, parce qu’une fois la mécanique négative enclenchée, cela devient difficile de s’en sortir. Et puis le neurologue va tirer des conclusions sur ce que le joueur lui dit. Or s’il ne lui dit pas tout…”
Aujourd’hui, il va mieux. Mais il ne peut toujours pas faire de musculation. Extrait:
“Ça va mieux mais ce n’est pas encore ça. Les vertiges sont encore là. Depuis Noël, je refais un peu de vélo et de course. Cela me fait du bien. En revanche, la musculation, ce n’est toujours pas possible.”