Le consultant rugby de Canal +, Sébastien Chabal s’est confié dans le Canal Rugby Club pour évoquer la crise que traverse le Top 14 et le rugby Français dans sa globalité.
Ce-dernier a avant tout une pensée pour les joueurs en cette période de confinement. Il rappelle combien il est compliqué de se maintenir en forme physiquement à la maison. Extrait:
“Pour n’importe qui, quand on part faire du sport, c’est la tête qui nous guide. Si la tête a envie, elle peut nous amener loin. Les joueurs sont dans l’incertitude la plus totale comme le monde entier. On ne sait pas ce que cette pandémie nous réserve, on ne sait pas quand on sera dé-confiné. On prend cela 15 jours par 15 jours et j’ai bien peur que ça dure encore quelques semaines. Les joueurs ont un peu de matériel chez eux pour se maintenir en forme, mais ce n’est pas de la haute performance. Il n’y a pas le travail collectif qui est primordial dans ce sport. Ça va être compliqué. Puis il y a l’incertitude autour des joueurs qui sont en fin de contrat. Il va y avoir des remises en question sur le recrutement.”
Il précise que beaucoup d’équations sont à résoudre au sein du rugby Français. Extrait:
“On voit que tous les clubs demandent des baisses de salaires. Il va falloir que les joueurs soient d’accord et accepte la diminution. Je pense qu’ils le feront car c’est dans l’intérêt général du sport. Il y a beaucoup de paramètres et d’équations avec beaucoup d’inconnus aujourd’hui. Quand on parle de faire rejouer cette saison et de la poursuivre, pour moi, il y a des enjeux bien plus importants que de penser à finir cette saison.”
Concernant la suite à donner au Top 14, Sébastien Chabal explique que là encore, la situation est très compliquée. Extrait:
“C’est compliqué de ne pas finir une saison et de ne pas désigner un champion. Si on fige une image sur le classement actuel, est-ce que l’on est certain que ce classement aurait été celui de la fin de saison régulière ? Il y a déjà une injustice et cela ne serait pas correct. Faire des phases finales à huit club, ça rendrait les choses plus équitables. Ça pourrait peut-être se jouer dans ce cadre-là. Mais je ne vois pas quelle serait la perception de ce titre si on devait nommer un champion. La saison est biaisée. Les amateurs de rugby seraient contents et les joueurs seraient content de retrouver la pelouse avant de partir en vacances et de préparer la saison prochaine. Mais dans ce contexte, on parle de matches de rugby avec plus de 10 000 personnes. Et je pense que l’on se dirige vers une sortie de confinement par zone géographique. Je n’imagine pas qu’à la sortie du confinement, l’état autorise des regroupements de 5 000, 10 000 ou 15 000 personnes. Quel est l’intérêt de faire des matches devant 1 000 personnes ? Continuer la saison ferait du bien à l’économie des clubs car c’est compliqué. Certains sont des mécènes mais la plupart de ces mécènes sont des chefs d’entreprise et ils doivent être touchés dans leurs business respectifs. Je pense que le rugby est une petite brique plaisir. Il faut voir comment ils vont traiter cette petite brique plaisir.”
Selon lui, il faudra accepter que cette saison soit terminée et repartir sur la préparation de la prochaine saison. Extrait:
“Il va falloir accepter que cette saison se termine si elle est terminée. Très honnêtement, ça me rendrait triste pour l’UBB, mais on n’était pas sûr qu’ils allaient aller au bout. C’était la saison où vraiment ils avaient vraiment franchi un palier et où ils avaient vraiment leur chance de remporter le Bouclier. Il va falloir que tout le monde fasse une croix sur cette saison. Les trois premiers vont râler et les trois derniers seront contents mais c’est comme ça. C’est un cas de force majeure et il ne faut pas oublier que ça ne reste que du sport, même si derrière le sport, ça reste une entreprise. Un système de bonus malus ce serait équitable, mais il faudra faire table rase du passé. Tant pi pour ceux qui avaient un avantage et tant mieux pour ceux qui avaient déjà un peu de plomb dans l’aile. Repartons et on verra ce que la saison prochaine nous réserve, en espérant que justice soit faite à l’issue de la saison prochaine.”
Par ailleurs, il affirme être contre un Top 16. Extrait:
“Un Top 16 ? Jouer pour jouer, au bout d’un moment ça n’a plus de sens. Quand les joueurs n’ont plus d’essence dans le moteur, le spectacle va être dégradé. Marc Lièvremont disait qu’il fallait peut-être réfléchir et repenser le rugby Mondial. Cela pourrait simplifier beaucoup de choses si on venait à vivre de nouveau ce genre d’épidémie.”
Pour conclure, Sébastien Chabal précise que l’arbitrage vidéo est la seule chose qui ne lui manque pas pendant cette période d’arrêt. Extrait:
“Ce qui me manque le moins ? C’est l’arbitrage vidéo. C’est un bonheur !”