La reprise du Top 14 à huis clos : c’est la hantise actuelle des présidents des clubs du championnat Français.
En effet, contrairement au football, les principales entrées d’argent des clubs de rugby sont la billetterie, le sponsoring, les hospitalités ou encore le merchandising les jours de matches.
Sans ces entrées d’argent, le modèle économique du rugby Français s’effondrerait. Et cela pourrait justement survenir si les matches devaient se jouer à huis clos pour le début de la saison 2020 / 2021.
Interrogé via Midi Olympique, le président de la Ligue Nationale de Rugby, Paul Goze a expliqué avoir demandé l’aide de l’Etat pour traverser cette période catastrophique sur le plan financier. Extrait:
« On prépare un dossier pour obtenir un soutien massif du gouvernement dans le cas où nous serions à huis clos au démarrage de la saison en septembre. Partiel ou total, c’est pareil. Les clubs ne pourront pas passer la crise. Surtout si cela dure au-delà de deux-trois mois. »
Pour le président de Toulouse Didier Lacroix, l’affaire est simple : à huis clos pendant un mois et le club tirera le rideau. Extrait:
« Qu’est-ce qu’il se passe si on joue à huis clos ? Sans aide, au bout d’un mois, ce n’est plus : “Je suis septième du Top 14, je vais me qualifier ou pas ?” Mais : “J’arrête !” Sans accompagnement, on a l’intégralité de nos charges et 80 % de recettes en moins. »
Même son de cloche du côté du président Palois Bernard Pontneau. Extrait:
« On peut tenir trois matches et, au quatrième, on ne peut plus payer le car ! On jouera trois matches puis ce sera le dépôt de bilan partout. Et soyez sûrs que même ceux qui ont fait de ces clubs leurs danseuses diront stop ! Le huis clos prolongé, c’est la mort des clubs… »
Pour le président de Bayonne Philippe Tayeb, l’affaire est la même. Extrait:
« Deux matches à huis clos et c’est la faillite. Pour nous, un gros match, c’est 250 000 à 260 000 euros de recettes en termes de billetterie et d’hospitalités. Un match moyen, c’est 140 000… »
Du côté du Stade-Français Paris, l’inquiétude est la même. Le directeur général Thomas Lombard fait le point. Extrait:
« Le pire, c’est le huis clos ou la jauge partielle. Les pertes sèches de billetterie, l’incapacité à exploiter nos loges auront un impact financier très lourd. »
A Lyon, ce n’est pas mieux comme l’explique le président Yann Roubert. Extrait:
« Sans public ni accompagnement de l’État et des institutions, on survivrait un match, deux maximum. Le modèle du huis clos, voire de la jauge partielle, ne serait ni durable ni adapté, et ne nous permettrait pas une espérance de vie prolongée. Nous sommes tellement dépendants de ces “revenus stade”… La jauge partielle, ce serait un moindre mal, mais pas une solution pérenne. Huis clos ou pas de match, en attendant un retour à la normale, ce sont deux options dramatiques. Si le diffuseur se contente du huis clos, ça ne sauvera que 15 à 20 % des revenus des clubs. C’est important mais ça ne suffit pas à sauver les clubs. »