Le président de la Ligue Nationale de Rugby, Paul Goze s’est longuement confié via Sport24 pour évoquer ses peurs et ses inquiétudes suite à cette crise financière qui touche le rugby Français.
Dans un premier temps, Paul Goze a indiqué que la baisse des salaires des joueurs était cruciale pour permettre aux clubs de sortir de la crise. Extrait:
“C’est crucial. La masse salariale des joueurs représente environ 65 % des budgets des clubs. Les négociations sont en cours, mais je suis relativement optimiste. Les joueurs ont bien conscience que cette crise inédite réclame un effort de tous. Pas besoin d’être un économiste confirmé pour comprendre que, quelle que soit l’entreprise, si vous n’avez pas de rentrées pendant six mois (de mars à août), la situation devient catastrophique. Si on n’avait pas bénéficié des aides gouvernementales, il y aurait déjà eu des dépôts de bilan. Mais je suis confiant dans la solidarité des joueurs.”
Il rappelle que la DNACG a préconisé une baisse de 30% des salaires des joueurs du Top 14. Extrait:
“La DNACG a indiqué un pourcentage de 30 % de baisse des masses salariales, fixé par rapport à la baisse estimée des revenus du rugby professionnel la saison prochaine. Mais ce sera fluctuant selon les clubs. Certains ont des actionnaires puissants qui peuvent compenser une partie. À chaque club de trouver un accord adapté à sa situation.”
Par ailleurs, la LNR envisage de baisser le plafond salarial du Top 14 suite à cette crise. Cependant, cet abaissement du Salary Cap ne pourra pas se faire la saison prochaine, mais à partir de la saison 2021 / 2022. Extrait:
“En ce qui concerne la saison 2020-2021, les engagements contractuels ayant été pris à 90 % avant le début de cette crise sanitaire, le Salary-Cap ne peut pas être modulé. Mais nous réfléchissons à une tendance baissière à partir de la saison 2021-2022. Je pense que les mentalités ont évolué et qu’on pourrait imaginer que la tendance baissière du Salary-Cap soit accompagnée de l’intégration d’un Marquee player. Mais c’est mon point de vue, les discussions n’ont pas commencé.”
Aussi, Paul Goze a expliqué que la reprise du Top 14 à huis clos – même partiel – mettrait automatiquement en faillite un grand nombre de clubs du Top 14. Extrait:
“En cas de huis clos, ou même de jauge partielle, jusqu’à la fin de l’année civile, ça veut dire obligatoirement dépôt de bilan et faillite d’un grand nombre de clubs, tous ceux qui ne sont pas soutenus financièrement par un actionnaire puissant. Les revenus liés à la présence de public et de partenaires lors des matchs représentent 60 % des revenus des clubs. Contre seulement 20 % pour la part des droits télé. On ne peut pas s’en passer.”
Pour conclure, Paul Goze a expliqué compter sur l’Etat pour aider le rugby Français à sortir de cette mauvaise passe. Extrait:
“Une exonération des charges salariales et patronales jusqu’à fin 2021. Qui compenserait un huis clos de quatre à cinq mois. Mais si le huis clos devait se poursuivre toute la saison, cela ne suffirait pas. On demanderait alors un fonds de soutien de l’État au rugby professionnel pour pouvoir tenir sans aucun revenu.”