Ce-dernier tire la sonnette d’alarme. Il évoque un manque à gagner considérable pour le monde amateur. Extrait:
“On nous dit que l’on risque d’aménager un peu les jauges car on a du mal à comprendre que dans un stade de 80 000 personnes, ce soit à huis clos alors qu’en Angleterre ils ont 2 000 personnes. Mais pour le moment, on ne sait pas du tout. Le sport, c’est comme la culture, on est tous à la même enseigne, on suit les restrictions gouvernementales. Mais si les gens ne reviennent pas au stade, ce sera très difficile de terminer la saison car un club de rugby vit à 80% de billetterie, d’hospitalités et de sponsoring. C’est donc un manque à gagner considérable. Et de l’autre côté, il y a des charges fixes : il faut payer les joueurs qui jouent et c’est normal.”
Il concède être très inquiet pour le monde du sport. Il craint la faillite de nombreux clubs. Extrait:
“Dans un stade d’une capacité de 10 000 personnes, si on dit qu’on autorise la venue de 2 000 supporters, il faut organiser la venue de ces 2 000 personnes. Je veux de la solidarité. Je connais bien le premier ministre et je sais très bien qu’il ne ferme pas les musées, les théâtre et les stades par plaisir car c’est un passionné de rugby et de sport. On est dans la merde, c’est clair, et le monde du sport en premier. Mais il faut être solidaires. On espère que petit à petit on pourra retrouver une vie normale et que les gens pourront revenir dans les stades. Il peut y avoir une différence entre un lieu ouvert comme dans un stade et un lieu fermée comme dans une salle. Si on me dit qu’on met 1 personne tous les 4 sièges dans un stade et 1 personne tous les 8 sièges dans une salle fermée, ça me paraîtrait logique !”
Par ailleurs, il affirme que les joueurs jouent au rugby pour faire vibrer les supporters. Ces huis clos sont donc une grosse déception pour les joueurs également. Extrait:
“Un sportif est là pour faire vibrer les stades. Alors là ils jouent, mais ils ne transmettent rien. Si j’avais entraîné, j’aurai parlé du huis clos à mes joueurs pour leur dire qu’il n’allait pas y avoir le 16ème homme qui nous pousse d’habitude. Mais les joueurs s’habituent. Ils s’habituent à jouer à huis clos. La motivation est la même mais il manque quelque chose. Et pour certains, il y a moins de pression quand il n’y a pas de supporters. Mais un sportif, il veut jouer devant du monde, c’est clair.”
Au niveau amateur, la FFR a mis un plan de relance. Bernard Laporte dévoile le fonctionnement de ce plan de relance. Extrait:
“On a mis un plan de relance pour le rugby amateur. Quand les gens s’inscrivent dans les clubs en septembre, ils prennent une licence. Jusqu’à présent, cette licence était reversée à la Fédération Française de Rugby. Aujourd’hui, on leur laisse la licence. Les clubs amateurs, en terme de trésorerie sont plus riches qu’avant. Mais cela ne suffit pas. Nous, on attend avec impatience la reprise car le monde amateur ne joue pas. Dans des petits villages où le club de rugby est le côté social du village, c’est un village qui meurt. On a déjà réussi à faire en sorte que les mineurs puissent jouer et c’est une bonne chose. Il y a la pratique avec des conditions à respecter mais au moins les jeunes peuvent pratiquer. Maintenant, on espère pouvoir ouvrir pour les seniors. Il faut que ça reprenne !”
Il peste néanmoins contre certaines mesures de l’Etat. Extrait:
“On nous disait que l’on pouvait jouer au rugby mais qu’on ne pouvait pas rejoindre les vestiaires pour éviter les clusters. Mais quand on joue au rugby on se frotte à tout le monde. Vous ne pensez pas qu’il y a quelque chose qui n’est pas logique dans tout cela ? Soit on joue soit on ne joue pas. Mais nous on espère rejouer car le monde amateur a besoin de retrouver les stades.”
Aussi, Bernard Laporte est en colère contre les médecins qui ne tiennent pas tous le même discours et qui créent une grosse cacophonie. Extrait:
“C’est dramatique pour tout le monde. Si on continue comme cela, il y aura des faillites pour les restaurants mais également dans le monde du sport. On est tous sur le même bateau. Certains parlent de reconfinement et je suis déçu. Je veux bien qu’on me dise qu’on ne maîtrise pas le virus et qu’on ne le connait pas. Mais si tout le monde disait la même chose et qu’il n’y a pas 50 paroles différentes chez les médecins, il n’y aurait pas de cacophonie. La cacophonie vient de là ! Nos médecins en France ne sont pas capables d’avoir une parole unique. Si on avait une parole unique en Europe, tout le monde serait à la même enseigne.”
Pour conclure, Bernard Laporte craint la fermeture des frontières. Ce serai dramatique pour le monde du rugby, mais pas que. Extrait:
“S’ils ferment les frontières pendant deux mois, on ne pourra pas jouer le Tournoi des Six-Nations ! Le monde du sport ne pourra pas tenir un an de plus. Ce n’est pas possible. Et pas que dans la France mais dans le monde entier. Il va y avoir un effondrement des clubs, ce n’est pas possible ! Ce n’est pas possible d’avoir aucune recette. On a des aides mais on ne s’attend pas à avoir 100% d’aides. L’argent, personne ne le fabrique. La perte sèche de la FFR est de 27 millions d’euros nets sur cet exercice. On va avoir un dédommagement de l’Etat d’un million et demi. Vous voulez que l’on demande quoi à l’Etat ? Qu’il nous rembourse l’intégralité des pertes ? Non ! L’Etat en fait déjà beaucoup et l’argent ne se fabrique pas.”