Même les journalistes du quotidien L’équipe ont décidé de ne pas faire le voyage jusqu’en Australie.
Dans son édition du jour, le journal sportif explique pourquoi, pour la première fois, L’équipe a décidé de ne pas suivre l’équipe de France jusqu’en Australie pour couvrir cette Tournée estivale.
En réalité, ce n’est pas en raison des conditions sanitaires très strictes que L’équipe a refusé d’effectuer le voyage jusqu’en Australie. C’est surtout pour protester contre le protocole média décidé par la Fédération Française de Rugby.
Comme expliqué il y a quelques semaines, la Fédération Française de Rugby a décidé d’interdire à tous les joueurs du groupe France de parler de l’équipe de France sans autorisation.
Autrement dit, à chaque fois qu’un journaliste interview un joueur, il est dans l’interdiction de lui poser des questions sur le XV de France s’il n’a pas reçu préalablement une autorisation de la Fédération. Du moins, le joueur refusera systématiquement d’évoquer tout sujet autour de l’équipe de France sans autorisation.
L’équipe explique que ce sont les patrons du groupe France qui ont instauré cette règle au fil des mois pour avoir une totale maîtrise de la communication des Bleus.
Les journalistes de L’équipe comprennent qu’une telle mesure puisse être adoptée lors des rassemblements du XV de France ou des compétitions effectuées par les Bleus comme le Tournoi des Six-Nations par exemple.
En revanche, qu’une telle mesure soit valable également lorsque les joueurs sont en club semble totalement absurde.
Dans cette demande d’interview à effectuer auprès de la FFR doivent être précisés les thèmes et sujets abordés, l’identité du journaliste qui se chargera de l’entretien ainsi qu’une date de publication de l’article.
C’est d’ailleurs pour cette raison que le capitaine du XV de France, Charles Ollivon n’a pas été en mesure de parler de l’équipe de France lors d’un long entretien effectué via L’équipe, mi-avril.
Des discussions ont eu lieu entre les journalistes et la direction du groupe France à savoir Raphaël Ibanez et Fabien Galthié, afin de trouver un accord pour que cette règle soit allégée, du moins lorsque le groupe France n’est pas rassemblé. En vain.
Dans son édition du jour, le journal L’équipe exprime son mécontentement. Extrait:
“À nos yeux, la FFR s’arroge là un droit de regard et de veto que rien ne justifie puisqu’elle n’est pas l’employeur des Bleus ni leur tutrice. Par ailleurs, et malgré ce « dépassement de fonction », nous constatons avec regret que les responsables du groupe France se donnent la possibilité, via ce protocole, de rogner la liberté des journalistes. Celle d’interviewer qui ils veulent tant que l’interviewé est d’accord, de poser les questions qu’ils souhaitent et de publier dans le timing qu’ils estiment le meilleur.”
Pire encore : un responsable de la communication de la Fédération Française de Rugby a proposé que toutes les interviews effectuées soient relues par la FFR avant publication. L’équipe a formellement refusé.
Pour sa défense, la FFR a expliqué être dans son droit et estime ne pas nuire à la liberté des journalistes. Elle précise également que d’autres nations ont le même protocole comme la Nouvelle-Zélande ou l’Angleterre.
La FFR a également indiqué que ce protocole a été instauré à la suite de la demande des joueurs qui souhaitaient davantage être accompagnés sur le plan médiatique.
Pourtant, récemment, L’équipe a interviewé un joueur Tricolore, lequel a exprimé son dépit de ne pas pouvoir parler de l’équipe de France. Extrait:
« Si je vous parle sans l’accord, ils vont me défoncer. Je suis le premier dégoûté parce que je suis fier d’être international et de parler de l’équipe de France. »
Pour toutes ces raisons, L’équipe a décidé de ne pas envoyer de reporters en Australie pour cette Tournée estivale. Une première dans l’histoire du journal.