Le président du Biarritz Olympique, Jean-Baptiste Aldigé s’est confié via Rugbyrama au sujet de la Commission de discipline de la Ligue Nationale de Rugby dont il n’arrive pas du tout à comprendre certaines décisions.
Bien évidemment, le patron du BO fait référence à l’allègement de la sanction écopée par le Toulousain Joe Tekori pour son plaquage dangereux sur le talonneur Biarrot Romain Ruffenach.
Pour avoir participé à un programme de sensibilisation, Joe Tekori a vu sa sanction de quatre semaines être écourtée d’une semaine.
Pour Jean-Baptiste Aldigé, ce n’est pas possible d’arriver à ce genre de résultat. Extrait:
“Tout d’abord, je veux signaler que ces réactions n’ont rien à voir avec le Stade toulousain. C’est un club que je respecte, j’ai beaucoup d’amitié pour le Stade et son président. Elles n’ont rien à voir, non plus, avec le joueur et la personne qu’est Iosefa Tekori. C’est un grand joueur et un chic type. Là, on parle d’un cas de discipline, d’un geste violent sur un de mes joueurs, qui a donné lieu à une décision de la commission de discipline pour le moins ubuesque. Nous avons fait de la santé des joueurs la grande cause nationale numéro une. Si c’est pour arriver à ce genre de résultat lorsqu’il y a vraiment un blessé et un mauvais geste, ça ne sert strictement à rien. J’ai en tête le cas du joueur de Castres, qui a mis un plaquage incompréhensible sur Maxime Lucu. Il prend douze semaines et la justification, c’est de dire “vous vous rendez compte, il aurait pu le tuer”.”
Il ne comprend pas que la Commission de discipline de la LNR puisse, via des additions et des soustractions, faire évoluer les sanctions des joueurs pour des gestes similaires. Extrait:
“De l’autre côté, vous avez Joe Tekori, pour qui j’ai de l’amitié, qui chope Romain Ruffenach au cou. Ce dernier est blessé pour les huit prochains mois. Il n’a qu’une chance sur trois de revenir à son niveau physique d’avant blessure. Et là, on vous explique par des additions, des soustractions, que la sanction est de sept semaines, qu’elle repasse à six, puis huit. On multiplie par l’hypoténuse et pythagore et on arrive à quatre et ensuite, on vous dit qu’on enlève une semaine parce qu’en effet, ils ont bien lu le règlement de World Rugby. Mon problème, ce n’est pas le règlement de World Rugby. Mon problème, c’est la nature de la sanction à l’origine. Je n’ose même pas imaginer si ça avait été un grand joueur du XV de France qui avait subi le même placage et qui avait été blessé. Si ça avait été un joueur du XV de France, je peux vous dire qu’on aurait même demandé à Emmanuel Macron de faire un communiqué afin de savoir ce qu’il en pensait.”
Selon lui, il n’est plus possible que cette Commission de discipline adresse des sanctions différentes pour des gestes similaires. Extrait:
“Les joueurs jouent, les arbitres arbitrent et derrière, si la commission de discipline n’est pas capable d’assumer le fonctionnement, ça ne peut pas marcher. Comment voulez-vous que tous les staffs et clubs travaillent dans la sérénité, quand vous voyez les décisions qui se suivent et qui sont toutes différentes et plus incompréhensibles les unes que les autres. Aujourd’hui, il y a un vrai besoin au sein des instances de la Ligue de réfléchir au bon fonctionnement de cette commission, à commencer par sa nomination. Si vous voulez savoir comment elle a été nommée, elle a été réélue par un comité directeur à 7 heures du matin, il y a deux ou trois mois. La moitié des mecs ne savait pas pourquoi ils votaient et cette commission a été élue à douze voix contre onze avec deux abstentions. Si on est une commission élue, sur le travail passé, à douze voix contre onze, on n’est pas légitime. Comme tout le monde le sait, il m’a souvent été donné la chance d’avoir affaire à elle. On est en France, un pays de droit et il y a donc une présomption d’innocence. Quand on vous accuse de quelque chose, celui qui vous accuse doit amener la preuve de votre culpabilité et non pas l’inverse. Quand vous allez face à cette commission, c’est à vous de prouver que vous êtes innocent, plutôt qu’à eux de prouver que vous êtes coupable. Ce n’est pas du droit.”
Pour conclure, Jean-Baptiste Aldigé affirme que des règles précisent doivent être appliquées avec un barème précis bien défini. Extrait:
“Je suis pour un monde où il y a des règles, des lois, qui s’appliquent avec un barème bien défini, pour qu’on ne soit pas sur le fruit du hasard et des petits arrangements. C’est un monde qui se porterait beaucoup mieux. Aujourd’hui, sur le cas Tekori, est-ce qu’il aurait dû prendre 5, 6, 8 semaines, je n’en sais rien et je n’ai rien à dire. Ce serait juste faire du sentiment que de donner des choses non-factuelles. Moi, ce que je sais, c’est qu’il y a des textes, des gens pour les faire appliquer et c’est là que ça se passe. On ne peut pas comparer, aujourd’hui, le cas du joueur castrais qui plaque Maxime Lucu qui, fort heureusement, n’a rien, et qui prend douze semaines. Et de l’autre côté, un joueur qui fait un plaquage haut sur un joueur du BO, lequel est blessé pour huit mois, et à la fin, on se retrouve avec trois semaines de suspension. Ce n’est pas possible, c’est illogique. J’ai eu de nombreuses fois affaire à eux. Je sais qu’en parlant, je m’expose à des représailles, car c’est leur façon de fonctionner. Mais peu importe, défendre mon joueur et son intégrité dans cette situation est bien plus important pour moi.”