Le consultant du Midi Olympique, Richard Dourthe s’est confié dans les colonnes du Midi Olympique suite à la victoire bonifiée du XV de France contre l’Ecosse, samedi dernier à Murrayfield.
Ce-dernier confirme que les Bleus se sont montrés très costauds contre les Ecossais.
Cependant, il regrette les quelques trous d’air du XV de France lors de cette rencontre.
Il concède être dur avec les Bleus, mais il leur demande de prendre conscience qu’ils sont désormais devenus la bête à abattre et qu’ils doivent donc tuer rapidement les matches quand ils le peuvent. Extrait:
“L’Écosse n’est pas une nation mineure du rugby mondial. Elle l’a d’ailleurs prouvé ces derniers mois : elle a battu l’Australie, vaincu l’Angleterre et si Finn Russell n’avait pas eu les fils qui se touchent à Cardiff, elle aurait aussi fessé les Gallois. Pourtant, j’ai eu l’impression samedi que la sélection de Gregor Townsend aurait pu attaquer cent ans, elle aurait seulement pu marquer par miracle, sur des faits de jeu ou des cadeaux disséminés ici et là par les Tricolores.
Parce qu’ils sont costauds, nos Bleus. Ils font mal à l’impact, ont un talent insolent et se battent dans les rucks comme des chiens de talus. Mais quitte à passer pour le pisse-froid de service, je vous assure que leur première mi-temps fut trop flottante, trop fragile et un rien frustrante, au vu de l’incroyable potentiel qu’ils dégagent aujourd’hui. Si l’équipe de France veut faire
peur, et ce sera le cas un jour, il lui faut dès à présent gommer ces trous d’air, ces moments de doute qu’elle crée de toutes pièces.
Sus aux pompiers pyromanes, quoi ! Qu’on le veuille ou non, la bande à Galthié aurait dû enterrer l’Ecosse en vingt minutes, frapper la bête et la mettre à mort, sans ne jamais lui permettre de revenir dans la course et faire enfler, dans les tribunes de Murrayfield, le vent de l’espoir. Si l’on veut arriver à moyen terme, c’est-à-dire dans un peu plus d’un an, au statut auquel on aspire, les opportunités de l’adversaire doivent être seulement celles qu’il s’est créées lui-même. Je pense, sans trop m’avancer, que le staff a eu peu ou prou la même analyse que moi puisqu’en deuxième mi-temps, les Bleus ont arrêté la distribution de friandises, ont joué comme ils auraient dû toujours le faire et ont logiquement fait exploser l’Ecosse…
Suis-je dur ? Peut-être. Mais nos garçons doivent comprendre qu’ils auraient pu tout perdre face à un adversaire de plus fort calibre, en jouant de la sorte. Ils doivent aussi prendre en compte qu’ils sont désormais devenus la bête à abattre dans le Tournoi des 6 Nations, des chelemards en puissance et qu’en ce sens, les Gallois les recevront à Cardiff comme s’ils affrontaient les Springboks, l’Angleterre ou les All Blacks. Rien n’est fini, Messieurs !
J’ai même envie de vous dire que tout commence aujourd’hui, à l’heure où les béni-oui-oui du continent vous voient marcher sur vos deux derniers adversaires. Ne les écoutez pas. Ne vous endormez pas. Ne vous relâchez plus et si ça peut vous aider, sucez la roue de votre gigantesque capitaine (Antoine Dupont); combattez comme l’a fait votre talonneur (Julien Marchand) et surtout, mordez dans la balle comme la croque avec appétit votre pilier gauche. Cyril Baille, nom de Dieu ! S’il n’était pas sorti du terrain à l’heure de jeu, il aurait terminé la rencontre avec le trophée d’homme du match qu’ont offert à Dupont les mecs du 6 Nations : Baille, il pousse fort en mêlée, joue les ballons comme un trois-quarts centre et combat dans les rucks. A-t-il aussi pilo-té l’avion du retour? Va savoir.
A Murrayfield, j’ai quoi qu’il en soit vu un immense pilier gauche, un champion aux faux airs de nounours et qui se transforme en tigre, dès lors qu’il entre sur le terrain. Je sais de quoi je parle, j’étais pareil : un loup sur la pelouse et un agneau à la ville…”