L’ouvreur du Rugby Club Toulonnais, Anthony Belleau s’est confié dans l’émission Poulain Raffûte diffusée sur Rugbyrama.
Ce-dernier est notamment revenu sur ses sélections avec le XV de France.
Il se rappelle notamment de sa première sélection avec les Bleus. C’était contre les All-Blacks. Extrait
“Il ne faut pas refuser une sélection que ce soit à 18 ans, 25 ans ou 28 ans. Ca fait deux ou trois ans que je n’ai plus porté le maillot des Bleus et on se rend compte avec un peu de recul que l’on est des privilégiés de pouvoir vivre ce genre de moments. On a de la chance d’être là mais on a travaillé pour cela aussi. J’ai profité de mon passage en sélection et de ma première sélection contre les All-Blacks. J’avais travaillé dur pour être là et j’aurais préféré que l’on gagne ce match-là. Mais une sélection ne se refuse pas.”
Questionné sur la pression d’une première sélection, il affirme avoir été sur un petit nuage qui l’a préservé de cette pression justement. Extrait:
“Avec le recul, je pense que sur le moment, je ne me rendais compte de rien, j’étais sur un petit nuage, je surfais sur la vague et je ne me posais pas de question sur un éventuel échec. Je voulais tellement jouer au rugby et j’étais tellement en train de réaliser plein de bonnes choses que je ne me posais pas de question. Maintenant avec du recul je m’en rends compte. Mais sur le moment non, je ne m’en rendais pas compte de cette pression.”
Une chose est sûre : ce n’était pas la même période pour l’équipe de France. Extrait:
“On ne peut pas dire que l’on surfait sur la vague. C’était une période différente que celle d’aujourd’hui avec tout un système derrière qui était totalement différent. J’étais sur le terrain et j’étais aussi le premier responsable de ces défaites. J’ai le souvenir de matches très courageux où on perd deux ou trois fois à la dernière action et on l’a vécu plusieurs fois. C’était très dur. Il y avait des joueurs qui ont dit qu’à cette époque-là, c’était un peu compliqué. On était dans une période de transition, on avait des choses négatives, des choses qui dataient depuis un petit moment et on se cherchait au niveau du rugby Français entre le championnat et l’équipe de France. Beaucoup de choses étaient en reconstruction et ce n’était pas la période la plus aboutie. Mais on a fait le maximum et il y a eu beaucoup de matches très serrés contre des équipes plus structurées que nous. On n’était pas aidé mais on était aussi les premiers responsables. Il y avait un peu de temps et on était au milieu du brouillon. Ce n’était pas une période où tout était carré.”
Dans la foulée, Anthony Belleau confirme que tu peux vite tomber dans une dépression si tu es mal entouré et que les mauvais résultats s’enchaînent. Extrait:
“Au début, quand tout allait bien, tout se passe bien, on reçoit que des messages positifs et on prend tout. On ne se rend pas compte, t’as l’impression que c’est normal car c’est ton rêve, tu travailles pour, tu es habité par cela depuis tout petit. Quand tu es petit, il n’y a pas ton nom dans les journaux et dans les médias, Si tu es mauvais, tu ne peux t’en prendre qu’à toi-même, il n’y a pas ton nom qui va sortir dans les journaux. Quand tu arrives chez les pro et que tout se passe bien, tu as l’impression d’être dans la continuité et c’est cool. Mais quand tu rencontres un mauvais match et que tu fais un mauvais geste ou que tu te loupes sur une action décisive – ce qui est humain d’ailleurs – et que tu n’es pas préparé à cela, c’est là que ça devient dur. Surtout en équipe de France car c’est très médiatisé. Ca touche et ça peut faire mal si on n’est pas bien entouré. Des sujets tournent justement en ce moment autour des dépressions. Dans le rugby, on a tendance à se taire et à ne pas dire quand on est blessé, c’est important d’avoir une démarche personnelle, trouver un repère sur lequel se poser et vider son sac de temps en temps car ça fait du bien. C’est important de pouvoir extérioriser quand on a des moments plus difficile et le verbaliser. Sinon, ça peut faire beaucoup de dégâts sur la santé mentale du joueur.
Si on pouvait tout anticiper ce serait trop facile. Pour ma part, c’est une question de vécu, des rencontres, une opportunité à saisir et je ne vais pas me livrer à la première personne venue. Il faut vivre le truc à fond avec des hauts et des bas, et ensuite tu fais des rencontres, tu fais des démarches personnelles avec des préparateurs mentaux, des psychologues ou encore des personnes lambdas avec qui on aime bien discuter.”