Il y a quelques semaines, l’information fuitait dans la presse : World Rugby songerait à modifier la règle du carton rouge.
Cette nouvelle règle permettrait à une équipe ayant écopé d’un carton rouge de pouvoir faire rentrer un nouveau joueur sur le terrain 20 minutes après l’exclusion du joueur.
Si le joueur exclu ne pourrait pas effectuer son retour sur la pelouse, en revanche, l’équipe concernée pourrait se retrouver à 15 après 20 minutes passées en infériorité numérique.
Le but est de ne pas sanctionner trop durement l’intégralité d’une équipe mais plutôt de sanctionner le joueur à l’origine d’une faute dangereuse.
Interrogé à ce sujet via Midi Olympique, le manager du Racing 92, Laurent Travers avoue avoir le cul entre deux chaises. Extrait:
« Je ne sais pas trop, au sujet de cette possible réforme, s’il faut voir le verre à moitié plein ou à moitié vide. D’un côté, je suis parfois le premier à pester au sujet de certains cartons rouges qui paraissent trop sévères. Je pense par exemple à celui reçu par Maxime Machenaud lors de notre finale face à Toulon en 2016, où l’on voyait clairement qu’il n’avait pas fait exprès de faire retomber Giteau sur la tête. Toutefois, la première chose, c’est que cela ne nous avait pas empêché de l’emporter, en trouvant des solutions stratégiques. Et la deuxième chose, c’est le message que l’on veut faire passer : le mérite d’un carton rouge définitif, c’est de faire réfléchir les joueurs quant aux conséquences de leur geste et doit les inciter à se maîtriser un peu plus. Si on peut, vingt minutes après avoir reçu un rouge, revenir à quinze contre quinze, les joueurs sauront que les conséquences d’une expulsion ne sont plus les mêmes, et l’on pourrait voir, à nouveau, davantage de plaquages hauts et de gestes imprudents.
En matière de sécurité des joueurs – ce qui était tout de même le point de départ de la réflexion concernant la régulation des plaquages hauts – le message ne me semble pas cohérent. La bonne image, ce serait celle-ci : en imaginant que vous soyez flashé à 150 au lieu de 130, votre comportement sera-t-il le même si les gendarmes immobilisent votre véhicule vingt minutes au bord de la route ou s’ils l’immobilisent une semaine ? Si la sécurité du joueur demeure bien la première priorité du législateur, je crois qu’on ne peut pas revenir en arrière.
Et pourtant, en disant cela, j’ai vraiment le cul entre deux chaises car je trouve régulièrement certains cartons trop sévères. Peut-être faudrait-il être en mesure de différencier les cartons rouges distribués pour brutalité ou jeu dangereux voir ceux distribués pour cumul de deux cartons jaunes. Et encore… Dans n’importe quel sport, un joueur exclu ne peut pas revenir et son équipe reste en infériorité numérique. Cela créerait d’autres problèmes en cascade, déjà que notre sport n’est pas le plus simple à comprendre pour le grand public »