Le manager de l’Aviron Bayonnais, Yannick Bru s’est confié dans l’émission Poulain Raffute diffusée sur Rugbyrama.
Ce-dernier est revenu sur la remontée en Top 14 décrochée par le club Basque grâce à sa victoire en finale de Pro D2 contre Mont-de-Marsan.
Il l’affirme : il savait qu’il avait le groupe nécessaire pour aller au bout. Extrait:
“La bringue a été simple et authentique à l’image de la saison que l’on a vécue. On avait envie de fêter cela entre nous. Des gens ont arrêté en même temps que moi donc ça décuple les émotions. On a tissé des relations extraordinaires. Ce qu’on a vécu cette année, c’était très fort et on voulait partager cela entre nous.
Cette D2 est un marathon qu’il faut courir avec des valeurs costauds dans les poches car tous les week-ends on est sur un ring de boxe. Il y a des vertus, des valeurs et du combat tout le temps. Parfois on n’a pas été à la hauteur sur tous les curseurs et on était très attendus. On a été présentés maladroitement en début de saison comme l’ultra favoris. Les autres s’en sont nourris et ça nous a déconcentré. Ils attendaient tous énormément de nous et on s’est déçu parfois nous même. Mais on savait qu’on avait un groupe de compétiteur donc j’espérais que l’on soit présent dans ce dernier tour de piste et dans de bonnes conditions. Je savais qu’on avait de gros compétiteurs dans le groupe et qu’ils attendaient les matches couperets. J’imaginais fort qu’on serait là dans les matches couperets. On a perdu deux fois contre Mont-de-Marsan, on a pris une leçon de stratégie, on a été violés par cette stratégie et ils en ont bien profité. Chez eux, le match est plus équilibré et on était très frustré d’avoir perdu. Mais cette frustration nous a permis d’emmagasiner la colère nécessaire pour faire un très bon match sur le troisième round.”
En fin de contrat avec Bayonne, le technicien Français a décidé de ne pas poursuivre sa carrière au sein du club Basque. Désormais libre de tout contrat, nous ne savons toujours pas de quoi sera fait son avenir.
Interrogé sur le sujet, Yannick Bru indique ne pas encore avoir pris de décision. Extrait:
“Prendre des vacances, ce n’est pas moi. Mais je me suis retourné un peu et ça fait 15 ans que j’entraine. Je viens de faire 15 ans non stop et 4 ans à l’Aviron Bayonnais. Quand tu es dans une écurie d’outsider où tu montes en Top 14, il faut se maintenir, il faut recruter, tu redescends, il faut gérer les contrats, refaire ton effectif et tenter une remontée… C’est une machine à laver ! Ca te bouffe ton énergie. Je pense qu’en tant qu’entraineur, on a besoin de se régénérer, de se former, de s’interroger. Et j’ai vraiment envie de réfléchir à plein de choses.
On parle maintenant du data, de la réalité virtuelle, le métier d’entraineur va changer et j’ai envie de prendre du temps pour moi pour réfléchir à tout cela. Puis j’ai aussi besoin de recharger les batteries et se renouveler. Et il y a la gestion des opportunités. Le Top 14, c’est très compliqué, il y a peu de sièges qui se libèrent. S’il y en a un qui se libère et que tu ne le prends pas, il faut assumer.”
Il remercie Mourad Boudjellal d’avoir fait de très beaux éloges sur sa personne. Extrait:
“Ca me fait plaisir quand Mourad Boudjellal a dit cela. Tout le monde m’a dit que j’étais copain avec Mourad maintenant. Je le remercie car il a son franc parler et je pense que s’il le dit, il le pense. Maintenant, je vous mentirais aussi si je vous disais que je n’avais pas eu de contact pour la saison prochaine. Mais j’ai besoin de temps pour réfléchir. J’ai 49 ans et si je ne voyage pas maintenant, ce sera de plus en plus difficile. J’ai envie de voyager et de découvrir… Je ne dis pas que si une opportunité fantastique venait à se manifester, je ne la prendrais pas. Mais ce n’est pas mon cap pour le moment.”
Pour conclure, Yannick Bru explique pourquoi il veut prendre du recul avant de faire un choix sur son avenir. Extrait:
“A un moment, quand tu débutes ta carrière d’entraineur, tu as envie de bouffer le monde entier. Ensuite tu as des convictions et tu te demandes pourquoi tu fais ça. C’est pour m’épanouir personnellement et prendre ma dose de bonheur. Quand ça devient trop abrutissant… Quand je vois la tête de certains managers sur le bord de la pelouse… Tu te demandes pourquoi tu fais ce métier. Il faut s’épanouir ! Mais il y a aussi l’environnement familial qui supporte cela car on n’a pas de week-end, tu voyages beaucoup, tu joues en décalé, tu rentres la nuit. Pour la vie familial, c’est vraiment chiant ! Tu ne prends pas les mêmes moments de plaisir de Monsieur et Madame X. Mais on est bien payé et on ne peut pas tout avoir.
A un moment donné il faut se poser car les enfants grandissent et il faut les accompagner. Il y a le rôle de père de famille qui s’entrechoque avec la passion d’entrainer. Je suis dans ce moment où j’ai vraiment envie de continuer ce métier. Je ne vais pas arrêter ma carrière d’entraineur sans avoir eu une chance dans une grosse écurie avec des objectifs élevés. Ce serait probablement mon dernier chapitre. Mais là, j’ai envie de donner du temps à ceux que j’aime et me régénérer un peu.”