L’arbitre Laurent Cardona a dirigé le dernier match de sa carrière, il y a deux semaines.
C’était la finale de Pro D2 opposant Mont-de-Marsan à Bayonne et remportée par les Basques.
Lors d’un entretien accordé au journal Sud-Ouest, Laurent Cardona explique ne pas avoir de rancœur de ne pas avoir pu diriger une finale de Top 14. Extrait:
“J’ai été l’un des deux arbitres choisis pour faire une finale professionnelle. Certes, c’est la Pro D2, évidemment que chaque arbitre et compétiteur veut le meilleur, que le Top 14 était un objectif. Mais la Pro D2, c’est un sacré honneur de l’avoir faite. À choisir entre un barrage de Top 14 et la finale de Pro D2, il n’y a pas photo. Il n’y a aucune déception, au contraire.”
Deux semaines avant cette finale de Pro D2, Laurent Cardona avait dirigé le match de Top 14 entre Toulon et Pau, au Stade Mayol.
Pour lui, terminer sa carrière à Mayol était quelque chose d’important, par rapport à l’affaire de la “pipasse” datant de 2014 et de son clash avec Bernard Laporte. Extrait:
“Je l’avais en tête depuis longtemps, je savais où je voulais faire mon dernier match de championnat. Il fallait que je referme ce livre, même si entre guillemets hors caméra, les réconciliations avaient déjà été faites. Mais je voulais que cela se fasse devant les caméras.”
Il revient sur cette affaire qui avait fait grand bruit à l’époque. Extrait:
“Le livre s’était ouvert en 2014, sur ce fameux match Toulon – Grenoble où Toulon perd sur une dernière situation. C’était le grand Toulon avec les Bakkies Botha, Jonny Wilkinson, une énorme équipe qui ne fonctionnait pas bien à l’époque. Grenoble était plutôt une équipe de bas de tableau, entraînée par Fabrice Landreau. Cette victoire de Grenoble avait mis le feu aux poudres et Bernard Laporte et Mourad Boudjellal avaient largement surréagi. Ils s’en étaient pris à moi en allant au-delà de l’arbitre, ils s’en étaient pris à l’homme. Cela m’avait perturbé, c’était parti dans la presse, dans le « Moscato Show » sur RMC… Mais quelques mois après, on avait mangé ensemble, c’était passé. Même Mourad m’avait dit « Laurent, c’est grâce à cette défaite que nous sommes à la veille de deux finales ». Il disait presque que c’était grâce à moi (rires).
À l’époque, je n’étais pas semi-professionnel, je travaillais à Renault à Marseille. J’étais arrivé à m’isoler et à me couper de ce déchaînement. Je me disais que je n’étais pas le meilleur arbitre du monde, mais j’étais le plus connu ! Et c’est ce qu’on retient, finalement (rires). C’était une vraie crise et il fallait que je trouve les opportunités là-dedans, celles d’être connu et reconnu. À l’époque où Mourad Boudjellal était très présent dans la presse et critiqué, il avait dit « tant qu’on parle de moi, en bien ou en mal, on parle de moi », j’avais adoré cette petite maxime. Au final, j’en ai retiré plus de positif que de négatif. Les gens m’en parlaient dans la rue, dans les stades…”
Pour cette dernière rencontre à Mayol, Laurent Cardona aurait réellement voulu voir Mourad Boudjellal à Mayol. Mais l’ancien président du Rugby Club Toulonnais était à l’étranger et donc pas disponible. Extrait:
“Je voulais que Mourad et Bernard soient là, mais Mourad était à l’étranger. Il m’a fait une petite vidéo, il m’a félicité pour ma carrière et m’a redit que grâce à moi, ils avaient été doubles champions d’Europe et de Top 14. Bernard, lui, est venu dans le vestiaire et m’a offert ce petit cadeau symbolique. Pour tout vous dire, c’est ce que je voulais faire, je voulais marquer le truc (sourire). Mais je n’ai pas osé, c’est le président de la Fédération… Et c’est lui qui l’a fait, j’ai trouvé ça très drôle. Je pense que l’épisode Toulon restera dans les mémoires. Maintenant, on n’arrête pas de me parler de cette pipe. Je la mettrai dans la boîte à souvenirs (sourire) !”