Ce samedi après-midi, l’USAP accueille le Rugby Club Toulonnais au Stade Aimé-Giral à l’occasion de la quatrième journée du Top 14.
Après trois défaites en trois journées, les Catalans voudront forcément obtenir leur première victoire de la saison contre le RCT.
Interrogé dans les colonnes du Midi Olympique, le président de Perpignan, François Rivière a expliqué être conscient que son équipe n’a pas bien démarré la saison. Extrait:
“Pour être franc, ça fait 9 ans que je suis inquiet. Et même 58 ans car je suis né inquiet. C’est vrai que ce n’était pas la meilleure manière de démarrer la saison. On méritait probablement de gagner à Pau et on a malheureusement bien perdu celui face à Brive. Mais ça ne sert à rien de se retourner vers ce qu’il s’est passé, il faut regarder devant.
Oui, Toulon et Castres seront importants à la maison. Mais après, nous allons jouer au Stade français, ce sera un autre moment charnière, et nous irons aussi à Bayonne pendant les vacances de la Toussaint… Ce qui est vrai, c’est que l’on s’est déjà mis la pression. Mais ce n’est pas une raison pour avoir des complexes. Si nous commençons à jouer les Calimero ou à nous flageller, on ne s’en sortira pas. Le collectif a un bon état d’esprit. Maintenant, j’attends de voir comment va se traduire ce caractère sur le terrain. Les adversaires viennent à Aimé-Giral en pensant se rendre chez un petit, pour faire un coup. L’an dernier, ça avait souvent tourné en notre faveur.”
Les supporters de l’USAP ont tendance à râler de voir leur équipe stagner. François Rivière leur répond. Extrait:
“Avant tout, je tiens à dire que je n’oublie pas les supporters qui m’ont un peu sauvé la vie. Quand je suis sorti du coma, il y a six ans, ils m’ont porté par leur amitié. Pour en revenir à la question, oui, quand le supporter n’est pas content, il râle. Ici, en plus, les gens viennent au stade avec la boule au ventre et vivent les matchs dans leur chair. J’aimerais leur dire qu’il ne faut pas qu’ils croient que je ne voie pas ce qu’ils voient : ces derniers temps, les combinaisons ont moins bien marché, la conquête a eu du mal… Ce qu’il faut comprendre, c’est qu’avec les moyens qui sont les nôtres, nous sommes obligés d’être dans la surperformance. Dès qu’il y a une difficulté, que nos Argentins sont absents, qu’il y a des blessés, tout de suite, ça devient dur. Un très grand club, avec un budget trois fois plus élevé que le nôtre, comme La Rochelle, peut se permettre d’être un peu en deçà car ça va tout de même passer. L’Usap ne peut pas. Elle doit être en surrégime pour que ça sourie.”
Selon lui, l’USAP va encore devoir galérer quelques saisons avant de pouvoir enfin prendre son envol. Extrait:
“Je savais qu’en remontant en Top 14, on en aurait pour trois à cinq ans de stabilisation avant de prétendre à rejoindre les dix premières places. Et c’est ce qui va se passer. L’avantage que le supporter a, c’est qu’il peut dire tout haut ce que, parfois, moi, je pense tout bas mais que je ne peux pas dire. Je comprends qu’il râle, que ce ne soit pas toujours simple, mais je lui demande juste d’arrêter de râler vendredi soir pour être à fond derrière l’équipe samedi. Pour gagner contre Toulon et Castres, il faudra que les joueurs soient au top mais que le seizième homme soit aussi au niveau.
C’est vrai que c’est long. Et on aimerait tous que ça aille plus vite. Mais la feuille de route est cohérente, encore une fois. J’en parlais le week-end passé avec le président Merling : La Rochelle a mis vingt ans à se stabiliser dans l’élite, avec quelques allers-retours en Pro D2. Il n’y a pas de clé magique.”
Questionné sur le petit budget de l’USAP, François Rivière explique justement en être fier. Il s’explique. Extrait:
“Ce n’est pas le budget qui compte mais la masse salariale. L’Usap en a une à 7 millions. C’est cette donnée qu’il faut prendre en considération. Peut-être est-ce parce que j’ai été chef d’entreprise mais le club a un niveau de frais généraux qui est excessivement bas. Au niveau de la masse salariale, je pense que l’on est au niveau de Brive et de Bayonne, c’est ce qui est important. Il ne faut pas se tromper de raisonnement. Concernant le budget, les supporters devraient me féliciter car ça veut dire que l’Usap est un club économe. Personnellement, je suis choqué que de très grands clubs dépensent 40 millions là où l’on en dépense 18. Quelque part, ce n’est pas juste. Il devrait y avoir une récompense pour les clubs économes par rapport aux dispendieux. Mon but est que l’on s’approche le plus possible des 10 millions de masse salariale. Après, ce que je peux dire, c’est que, nous, on a annoncé notre vrai budget. À l’heure qu’il est, il est donc fait à 95 %. Demandez à ceux qui se vantent d’avoir un budget à 23 millions s’il est fait. La multiplication des pains, j’y crois dans l’Evangile, je suis plus dubitatif dans le rugby. Mais tant mieux si Bayonne passe de 14 à 23 millions…”
De nombreux supporters se demande si François Rivière est l’homme de la situation. Le président de l’USAP avoue les comprendre. Extrait:
“Que certains se posent des questions, c’est légitime. Cela fait neuf ans que je suis là et vient forcément un moment où il faut parler de transmission. Quand le club sera stabilisé en Top 14, je pourrai envisager ma succession. Ma feuille de route s’inscrit sur trois, quatre ans, avec trois volets : assurer le maintien, donner plus de moyens au secteur sportif et, enfin, moderniser toutes les infrastructures, d’entraînement et de formation. En attendant, ce n’est pas la peine d’ajouter de la difficulté à la difficulté. Même si je sais qu’il y aura toujours des personnes pour dire qu’elles feraient mieux que vous.”
Il concède d’ailleurs avoir reçu des offres de reprises du club, mais rarement des bonnes. Extrait:
“Des offres, il y en a toujours. Le problème est de savoir s’il y en a eu des sérieuses. Si, après mon accident, quelqu’un avait fait une offre sérieuse, il est probable que je l’aurais prise. La difficulté à l’Usap est qu’il faut trouver des personnes qui soient en capacité de mettre des sous sur la table et que ces personnes soient à même d’organiser leur vie pour consacrer du temps au club. Il y a toujours des chimères, comme ailleurs… Regardez à Béziers : le maire a racheté le club à titre provisoire parce qu’il veut trouver des successeurs mais il n’a toujours trouvé personne. Ce n’est pas si simple que ça. Le sport demande de plus en plus de moyens. Et ici, on est dans un territoire béni des dieux mais qui n’est pas très prospère économiquement. Nous avons un terrain de PME essentiellement. Malgré ça, nous avons déjà fait 95 % de notre budget pour 2022-2023 avec plus de 50 partenaires supplémentaires cette année. C’est du jamais vu. Pour le reste, des personnes qui ont des bonnes idées pour l’Usap, j’en ai vu un tas ; des gens qui sont prêts à mettre un gros chèque sur la table, il y en a beaucoup moins.”
Pour conclure, François Rivière indique qu’il écouterait l’offre d’un repreneur sérieux si cela devait se produire. Extrait:
“Je l’écouterai. À titre personnel, je ne fais pas de l’Usap un moyen d’enrichissement. J’ai mis des sous, personne ne m’y a obligé, mais je ne cherche pas à récupérer quoi que ce soit. Ce qui est très important pour le futur, c’est d’avoir un investisseur qui s’engage à un plan de développement du club. Il n’est pas impossible que la Coupe du monde 2023 suscite des vocations, d’ailleurs. En plus, l’Usap est une marque forte. Si vous demandez à des amateurs de rugby de vous citer cinq clubs français, l’Usap en fera partie. En tout cas, on n’est pas fermé. Il y a des personnes qui m’appellent… D’ailleurs, on reçoit des Chinois d’ici une quinzaine de jours. Ils sont fascinés par nos centres d’entraînements, par les structures… Quel qu’il soit, le successeur devra s’engager sur une feuille de route claire, avec un projet de territoire. Ça ne peut plus être, ce qui était peut-être le cas il y a dix ou quinze ans, des problèmes d’ego. On est tous pareils, que ce soit Mohed Altrad, Jacky Lorenzetti… On avait tous un sujet d’ego au début. Quand on a la chance d’avoir un peu réussi, on a tous envie de profiter, d’avoir un peu de lumière, c’est normal. Objectivement, je pense que ce n’est plus ça. En tout cas, l’Usap est ma passion mais ce n’est pas ma vie. Ce n’en est qu’une partie.”