Invité dans l’émission Poulain Raffûte, l’ancienne légende du XV de France, Philippe Sella revient sur les phases les plus compliquées qu’il a eu à affronter depuis qu’il est touché par son cancer.
L’ancien trois-quarts centre explique notamment qu’il a connu de gros moments de doute mais a trouvé la force de s’en remettre.
Voici le témoignage très fort de Philippe Sella :
“Les doutes ont existé. Je me suis senti fatigué, faible. J’ai eu la première opération, puis s’est venu après cette première opération. Tu re-découvres certaines choses que tu ne connaissais pas. Arriver à se retenir au côté urinaire, ce n’est pas marrant et c’est gênant. On t’oblige d’avoir une couche pendant un certain temps, le temps que tout revienne à la normale. On te demande de faire différentes séances de kiné et il faut les faire et ne pas avoir peur. La problématique sexuelle, le fait de ne plus avoir de rapports sexuels peut-être à vie ou peut-être pas car c’est différent pour chacun…
Après les opérations, j’ai des réactions mais pas d’érection. Peut-être que demain ce sera toujours comme ça, je ne sais pas ! Cela, ça perturbe le côté psychologique plus que le côté physique. On sait qu’il va y avoir plusieurs étapes et une évolution. Il faut accepter cela. Mais je suis heureux d’être en vie et c’est ça qui est important. Heureux d’avoir été pris à temps, d’avoir fait les tests qu’il fallait. La prévention, c’est ne pas attendre. J’ai un ami qui était mon voisin à Agen, il a attendu, il était dans le déni, il se mentait. Et à un moment il s’est retrouvé très fatigué au lit. Trois mois après, il est décédé d’un cancer généralisé alors que s’il avait fait des contrôles, s’il avait osé, il serait toujours là. C’était un super mec ! C’était un joyeux ! Mais il n’osait pas aller au bout.
J’ai ressenti le besoin d’en parler et c’est personnel. J’avais besoin d’évacuer une pression interne. J’ai discuté avec le médecin qui m’a opéré de ce qu’il pouvait y avoir comme contrecoup. J’ai voulu partager tout cela pour que ceux qui ne souhaitaient pas en parler par peur d’en parler puissent aller vers d’autres qui ont eu des opérations, ou alors en parler en famille ou avec des amis. C’est quelque chose que l’on garderait plutôt en soi car c’est tabou, c’est la peur de parler de cela avec les gênes.
J’ai considéré que le fait d’en parler, ça allait faire du bien à ceux avec qui on a l’occasion d’échanger. J’ai eu des occasions par les médias mais aussi par des personnes qui ont eu mes coordonnées pou échanger avec moi. J’ai toujours accepté ces échanges car ça fait partie de notre ADN et du sport collectif, de la transmission. J’appelle cela la main tendue. et la main tendue ça fait beaucoup de bien. Il faut être là pour aider son coéquipier qui n’est pas très bien. Quand ton coéquipier rate un plaquage, tu fais l’effort pour aller plaquer ce joueur. C’est un soutien. Mon action est fait dans ce sens : des échanges, du collectif, du soutien. Cela me semble être la normalité et je n’ai pas eu peur.”
Il ne cache pas avoir été un véritable zombie en apprenant qu’il était malade. Extrait:
“Il faut l’accepter quand ça arrive. C’est un peu dur. Au départ j’ai eu des moments de faiblesse. Je me sentais comme un zombie, je n’étais pas bien. Je disais à mes collègues “qu’est-ce que je fous là”. Je n’avais plus le sens du travail. Il fallait que je réagisse. C’est important. J’ai eu deux opérations pour l’opération de la prostate et des ganglions au bas-ventre qu’il a fallu enlevé. Aujourd’hui, j’ai 33 séances de radiothérapies, pour ne pas prendre de risques et éliminer des microcellules qui sont revenues. J’ai 5 séances par semaine.
On a trouvé un problème, des tâches au niveau neurologique qui n’étaient pas là quand j’ai arrêté ma carrière. C’est comme ça. Mais aujourd’hui tout va bien..J’ai passé une période très introvertie, ce n’était pas moi. Désormais je suis à nouveau la personne que j’ai toujours été. J’ai des moments de fatigue à cause du cancer, des soins. Ça dépend des jours. Mais je suis bien suivi avec les docteurs, les soignants…”