Condamné le 13 décembre 2022 pour corruption, Bernard Laporte a depuis annoncé sa mise en retrait de la présidence de la Fédération française de rugby. Ce jeudi 22 décembre, il a été convoqué par la ministre des Sports. Il n’est toujours pas question de démission. Explications.
Au lendemain d’un long entretien avec la ministre des Sports, Bernard Laporte est toujours officiellement président de la Fédération française de rugby. Après sa condamnation à deux ans de prison avec sursis pour corruption, le natif de l’Aveyron a proposé sa mise en retrait de ses fonctions à la FFR. Amélie Oudéa-Castéra, elle, souhaite obtenir des garanties. Un bureau fédéral se tient ce vendredi 23 décembre.
Une série de garanties demandées “à l’effectivité de cette mise en retrait”
Il y a une dizaine de jours, à l’annonce de la condamnation en première instance de Bernard Laporte, la ministre des Sports n’a pas pris de gants, estimant que cette décision de justice “faisait obstacle” à ce que Bernard Laporte reste à la tête du rugby français et réclamant des élections. Une question “d’exigence éthique” et “d’image de la France” pour Amélie Oudéa-Castéra.
Après plus de deux heures d’entretien, qualifié de “très constructif”, la ministre a réitéré ses demandes de “garanties” et insisté sur le fait que le choix du président délégué, destiné à remplacer Bernard Laporte à la tête de l’instance, puisse être “validé démocratiquement” et “selon un processus irréprochable et un calendrier précis et rapide”.
Invitée de RTL ce vendredi 23 décembre, la ministre des Sports a déclaré : “pour moi, ce qui est important, c’est le résultat. Si on a une mise en retrait qui est effective avec toutes ses prérogatives qui sont désactivées, le résultat est atteint et c’est ça qui est important.”
Après avoir été dans le déni au début de cet entretien, Bernard Laporte a ensuite “compris qu’il fallait arrêter”, a également précisé la ministre sur RTL ce vendredi matin.
Pas de démission, un scandale ?
La ministre des Sports a insisté sur les conditions de désignation d’un président délégué, souhaitant notamment le vote des clubs. Mais à première vue, l’article du règlement intérieur de la FFR sur lequel repose cette solution “n’évoque pas de validation démocratique par les clubs, mais une désignation par le président lui-même, à savoir Bernard Laporte”, indique l’AFP.
Dans un communiqué daté du 15 décembre, la Ligue nationale de rugby s’est rangée derrière la ministre. “Le bureau de la LNR considère qu’il convient de ramener l’apaisement au sein du rugby français à travers l’organisation par la FFR de nouvelles élections, ainsi que le demande la ministre des Sports. Cette démarche permettra à la gouvernance désignée à l’issue de ces élections d’avancer sereinement vers les grandes échéances qui se présentent au rugby français.”
Du côté de la Fédération internationale, World Rugby a “pris note, le 13 décembre 2022, de la décision prise par son vice-président Bernard Laporte de se retirer temporairement et volontairement de toutes les fonctions occupées au sein de la gouvernance de la fédération internationale, avec effet immédiat, suite à sa condamnation.” Toutefois, “en raison de la nature sérieuse du verdict, le comité exécutif de World Rugby a confié le dossier à son responsable de l’éthique indépendant pour examen conformément à son code d’intégrité.”
Enfin, parmi les fans de rugby, certains ne se cachent pas pour réclamer la démission de Bernard Laporte. C’est le cas d’anciens joueurs qui ont signé une lettre ouverte en ce sens.
Les supporters ne sont pas en reste. Exemple avec ce message : “ce weekend, dans tous les stades de rugby : un carton rouge en l’air et un petit « Laporte Démission » pour sauver le rugby français”, peut-on voir circuler sur Twitter.
Formé au poste de demi-de-mêlée au club de Gaillac dans le Tarn, Bernard Laporte a ensuite joué à Bordeaux. Passé entraîneur en 1993, il est nommé secrétaire d’État chargé des Sports au sein du second gouvernement Fillon en octobre 2007. Président de la FFR depuis 2016, il a été réélu en 2020 et son mandat court jusqu’en 2024.