C’est lors d’un entretien exclusif accordé à Midi Olympique que le commentateur rugby de France Télévisions, Matthieu Lartot a annoncé qu’il allait devoir se faire amputer d’une jambe suite à la récidive de son cancer du genou.
Dans un premier temps, le consultant rugby a expliqué sa décision de rendre publique la récidive de son cancer. Extrait:
“Déjà, je savais que compte tenu de l’exposition que m’offre France Télévisions, le fait que je disparaisse de l’antenne pousserait les gens à se poser des questions. J’ai donc préféré prendre les devants. […] J’ai aussi souhaité jouer la transparence sur mon histoire personnelle parce qu’il y a trois ans, soit le jour où j’ai évoqué pour la première fois mon handicap dans l’émission de Faustine Bollaert, les messages reçus dans la foulée m’avaient bouleversé : des gens isolés par la maladie et souffrant probablement beaucoup plus que moi m’avaient remercié, s’étaient confiés… Dans des épreuves comme ça, on se sent plus fort lorsque l’on est épaulé…”
Il précise avoir reçu énormément de soutien après avoir publié cette triste nouvelle sur les réseaux. Extrait:
“Quand j’ai publié ce message sur les réseaux sociaux, ce fut un tsunami d’encouragements et franchement, j’en ai pleuré : certaines de ces personnes me parlaient comme si j’étais un membre de leur famille. À tel point qu’à présent, je me dis que les jours où la fatigue se fera sentir, les jours où la douleur sera trop forte et le moral moins bon, je relirai ces milliers de témoignages et ils me donneront de la force. Je n’oublie pas, non plus, que la présidente de France Télévisions (Delphine Ernotte, N.D.L.R.) m’a appelé pour me dire qu’elle « m’attendait ». Ça m’a touché, forcément.”
Il précise que la douleur était intense ces dernières semaines. Extrait:
“Lors des derniers matchs de Champions Cup, j’avais vraiment mal mais je baissais la tête, en mode robot. Le jour où j’ai été à Toulouse pour le quart de finale de la compétition (Toulouse-Sharks), un monsieur m’a arrêté et m’a dit : “On pense souvent à vous, vous savez ». C’était comme s’il savait quelque chose et ça m’a ému. C’est aussi pour ça que j’ai décidé de jouer cartes sur table.”
Dans la foulée, Matthieu Lartot annonce presque naturellement qu’il va devoir se faire amputer. Extrait:
“Et bientôt, après la chimio, les chirurgiens vont devoir m’amputer de ma jambe droite : c’est une question de survie. […] Derrière ça, il me faudra réapprendre à marcher et c’est un sacré challenge. (il soupire) Alors, quand on évoque un retour au micro pour la Coupe du monde, ça me semble loin : l’objectif, c’est surtout d’être sur mes deux jambes pour le match d’ouverture du Mondial, que je vivrai j’espère en tant que supporter du XV de France…”
Il explique les prochaines étapes. Extrait:
“Je commence la chimio ce lundi. Derrière ça, j’aurai trois semaines pour me refaire l’immunité que m’auront saccagé les premiers médicaments. Après, ce sera l’acte chirurgical (l’amputation) et enfin, l’appareillage et la rééducation. Je me donne tout l’été pour m’acclimater à ma nouvelle mobilité et pouvoir à ce terme assister au match d’ouverture de la Coupe du monde en tant que supporter du XV de France. Le seul objectif que je me fixe, c’est d’être debout, quoi.”
Cette amputation, pour lui, c’est une libération. Extrait:
“Honnêtement, je le prends plutôt comme une libération. Ce travail, il y a d’ailleurs des années que je le fais dans ma tête. La prothèse que j’ai depuis vingt-cinq ans a une durée limitée et ma jambe était trop abîmée pour en avoir une autre. Je savais donc que l’amputation arriverait tôt ou tard. Mais entre s’y préparer psychologiquement et se réveiller après l’opération avec un membre en moins, il y a un fossé que je ne maîtrise pas… Mais l’important, c’est le combat pour la vie ; ce n’est pas de garder ou pas ma jambe.
J’aurai des examens de contrôle très réguliers pour savoir si l’acte chirurgical a suffi à faire disparaître le mal. Pour l’instant, il n’y a rien ailleurs mais la tumeur étant très rare et très agressive, je ne peux vraiment me prononcer…”
Il l’affirme : personne ne saura réellement qu’il porte une prothèse, sauf s’il se met en short. Extrait:
“Si je ne me mets pas en short devant les gens, personne ne verra la différence. Et puis surtout, je serai moins handicapé que je ne le suis aujourd’hui. Il existe des genoux biomécaniques qui me permettront peut-être de faire du vélo, du ski et des trucs que je n’ai jamais pu faire avec mes enfants… Et puis, le fait de pouvoir enfin me mettre à genoux me poussera peut-être à redemander ma femme en mariage, allez savoir…”