A la fin du mois de décembre dernier, l’ailier de Perpignan, Mathieu Acebes perdait les pédales et infligeait un terrible coup de tête sur Jonathan Danty, alors qu’il était allongé au sol.
Le Catalan a alors écopé de 9 semaines de suspension pour ce dérapage.
Interrogé via Midi Olympique, Mathieu Acebes a brisé le silence.
Il tente d’expliquer son geste. Extrait:
“Je vivais alors une période assez complexe… J’étais même à bout, je crois… J’ai craqué. L’Usap est un club particulier et le capitanat me demande beaucoup d’énergie : il y a la partie visible, sur le terrain ; et il y a la partie invisible, les autres jours. En tant que capitaine, je reçois les coups le premier… (il soupire) Avant ce match contre La Rochelle, on était en danger et j’ai craqué, voilà tout…”
Il affirme que ce sont finalement ses coéquipiers qui l’ont sauvé. Il explique comment. Extrait:
“La plus belle chose que mes coéquipiers m’ont donnée, ce ne sont pas des paroles : ce sont des actes. Après ce match, ils ont renversé la table, enchaîné des performances énormes et sans ça, j’aurais probablement payé ce geste beaucoup plus cher que je ne l’ai payé… Les gens m’auraient brûlé sur le bûcher, reproché d’avoir lâché l’équipe, d’avoir été le fossoyeur de la saison… […] Mes copains m’ont donc sauvé de toute cette merde : parce que je n’aurais pas eu la force de tout porter tout seul…”
Il confirme s’être excusé auprès de Jonathan Danty dès la fin de la rencontre, malgré les dires du centre Rochelais. Extrait:
“Moi, j’ai attendu Jonathan Danty à la fin du match pour m’excuser. Il le sait. Nous n’étions pas seuls. Je ne faisais pas ça pour plaire à la commission de discipline qui m’attendait quelques jours plus tard. Je le faisais parce que je regrettais profondément ; je le faisais parce que c’est ainsi que les choses se règlent habituellement, au rugby. […] Derrière ça, j’ai mis un message sur les réseaux sociaux pour calmer un peu le torrent de colère qui s’était abattu et c’était une erreur : les gens se sont alors déchaînés davantage. C’était de la haine pure… […] Pour moi, l’incident est aujourd’hui clos et la seule chose que je souhaite à Jonathan Danty, c’est d’offrir une première Coupe du monde à notre beau pays.”
Dans la foulée, Mathieu Acebes indique avoir reçu tout un flot d’insultes sur les réseaux sociaux, ainsi que des menaces. Extrait:
“Les réseaux sociaux sont un espace bien plus violent que ne le sera jamais un terrain de rugby. Et puis, je pense que les paris ne font qu’empirer l’agressivité qu’ont parfois les gens vis-à-vis des sportifs : un mec qui vient de perdre 50 ou 100 balles te tiendra parfois responsable, s’il perd sa mise… Et cette haine, je la ressens très bien après les défaites : « Tu n’es qu’une grosse merde… Tu n’as rien à faire en Top 14… » C’est une drogue, pour certains ! Ils en deviennent fous.
J’ai été déçu. On m’a traité de raciste, de facho, de nazi… On a insulté ma mère, ma grand-mère… On m’a dit qu’on m’attraperait dans une rue sombre et qu’on me fracasserait… Certains sont donc débiles et ça me chagrine. Je n’avais pas besoin d’eux pour savoir que j’avais fait une connerie. Je n’avais pas besoin d’eux pour me sentir mal, pour culpabiliser…
J’ai aussi parfois eu l’impression d’être un assassin, après ce geste. J’ai été stupide mais je n’ai violé ni tué personne, que je sache. Il y a des sujets de société autrement plus graves et pourtant, j’avais alors l’impression qu’on ne voyait plus que moi… Je ne suis pas un gendre idéal mais tout ça a pris de telles proportions, franchement…”
Durant ses neuf semaines de suspension, il a essayé d’aider ses coéquipiers. Extrait:
“J’ai essayé de m’effacer, d’aider mes coéquipiers comme je le pouvais…”
Pour conclure, Mathieu Acebes dévoile le message qui lui a remonté le moral durant cette période délicate. Extrait:
“Un jour, deux mecs du Pays basque (Damien et Andoni Dutaret, rugbymen à Nafarroa) m’ont envoyé un message qui m’a fait pleurer de rire : « Ecoute, Acebes : vu que tu vas avoir du temps devant toi, tu devrais passer au chantier nous filer un coup de main, au black ». Ils m’ont fait du bien et on est alors entré en contact. Pour les remercier, je les inviterai d’ailleurs ce week-end à Aimé-Giral pour leur faire découvrir les coulisses de l’équipe. Pour tout vous dire, on songe même à monter une SARL du bâtiment (« Dutacebes »), au Pays basque ! Au final, on fait de belles rencontres même dans ce genre de galères…”