Récemment, le président du club de Montpellier, Mohed Altrad a indiqué qu’il n’allait pas laisser tomber son pilier droit Mohamed Haouas, lequel a été condamné à deux ans de prison dont un an ferme pour avoir frappé sa femme dans le centre ville de Montpellier.
Suite à cette affaire extra sportive, le joueur va probablement voir son précontrat signé avec Clermont être déchiré tandis que la Fédération Française de Rugby a d’ores et déjà indiqué que Mohamed Haouas n’allait plus être sélectionné avec les Bleus.
Dans la semaine, le président de Montpellier, Mohed Altrad a indiqué qu’il ne souhaitait pas laisser tomber son joueur, même si celui-ci ne sera plus dans l’effectif du MHR cet été.
Rapidement, certains observateurs ont pesté contre Mohed Altrad pour sa réaction jugée trop tendre envers le pilier international Français.
Frustré, Mohed Altrad a décidé d’envoyer un courrier à Midi Olympique pour faire le point sur la situation.
Voici son communiqué :
“Je voudrais revenir, dans ce court papier, sur notre joueur, Mohamed Haouas. Nous savons ce qui s’est passé tout récemment, dans un centre commercial de Montpellier, et les violences et la condamnation, il est inutile de rappeler les faits.
À l’issue de cette triste séquence, j’ai déclaré que je n’abandonnerai pas Mohamed Haouas, ou plus précisément que “nous – le club et son président – ne le laisserons pas tomber”.
Or, à ma grande surprise, on s’est questionné sur ma démarche. Grande surprise, c’est beaucoup dire ; certaines affaires aujourd’hui suscitent des réactions virulentes et sans compromis, et l’on pouvait s’y attendre dans le cas présent. J’ai été néanmoins surpris, d’autant que, si l’on se penche sur l’affaire, il se trouve que je ne dis rien de très différent de ce qu’a dit la victime, son épouse, au terme du procès. Tous deux nous condamnons les faits mais nous pensons à l’homme et tous deux nous espérons le voir s’amender.
Mais je sens que je dois me faire comprendre. Comment ? Tout d’abord humainement – même si cela défrise certains aujourd’hui qu’on parle ainsi – donc humainement j’aurais trouvé scandaleuse l’idée de me détourner de Mohamed parce qu’il avait fauté, de poursuivre mon chemin en me lavant les mains. Je fais la différence entre ceux qui ne le connaissent pas – même s’ils n’en sont pas pour autant exonérés d’humanité – et ceux qui, comme moi, sommes proches de lui.
Cette proximité crée des responsabilités, humaines encore une fois, ni légales ni même morales. Ni même morales, oui, car on le sait, les moralistes sont redoutables et font fuir l’humanité. Mais ce n’est toujours pas suffisant. On m’objectera en effet une autre humanité, celle de la victime, ses droits et ses exigences. Qui a dit que je les niais ? Je ne nie ni la gravité des faits, ni la nécessité de justice, ni le jugement ; rien. Je ne demande même pas le pardon, comme ce terme a circulé ; seuls Dieu et la victime sont en mesure de pardonner, et la victime avant Dieu.
Je m’interroge en revanche sur l’idée que la faute deviendrait irrémédiable, qu’elle ferait du fautif définitivement un paria, un être “incompatible”. Ce n’est pas mon point de vue. Une faute appelle une sanction. Mais en sanctionnant s’agit-il de rendre simplement le mal pour le mal ? Ou d’éveiller, d’éduquer ? Platon pensait que la punition devait servir à faire du criminel un homme plus juste. Pourquoi punit-on un enfant ? C’est dans cette perspective que j’ai dit : “Nous ne le laisserons pas tomber », parce que si l’on veut que cette vertu éducative de la sanction opère il faut des gens pour accompagner celui qui a été sanctionné, pour le soutenir ; et nous sommes de ceux-là. Et nous savons combien ce sera difficile. Et nous savons que ce n’est pas gagné.
Il y a des gens qui viennent de loin. Le chemin pour eux est long, plein de rechutes, sans certitudes. Alors, non, je ne sais pas ce que nous dira l’avenir. Nul ne le sait. Mais s’il y a une chance que Mohamed Haouas s’amende il faut, par humanité et par devoir, pour lui et pour sa famille, la tenter. C’est tout ce que je voulais dire.”