L’ancien international Français et consultant rugby pour RMC Sport, Denis Charvet a rendu un merveilleux hommage à l’ouvreur Toulousain Romain Ntamack suite à l’essai de la gagne qu’il inscrit à la 78ème minute de jeu de la finale du Top 14 contre le Stade Rochelais.
Via Midi Olympique, il ne manque pas d’encenser l’ouvreur international Français pour son magnifique essai qui permet au Stade-Toulousain d’arracher le Brennus.
A lire ci-dessous :
« Ce ne sont pas toujours les grands joueurs qui font gagner les grands matchs. Mais, parfois, c’est le cas… Quand tu as un garçon de la classe de Romain, tu peux t’attendre à un exploit jusqu’au bout. Quelque part, c’est la loi du plus fort.
La Rochelle peut se reprocher plein de choses mais, la vérité, c’est qu’un mec est né avec un talent pas ordinaire. Sur le coup, je ne disais plus rien, je ne commentais pas. Habituellement, je suis toujours dans le feu de l’action. Pas là… Je l’ai regardé comme un spectateur lambda. Je l’ai senti arriver dès qu’il a pris le ballon, voyant que les Rochelais se replaçaient mal. C’est bizarre, une fois qu’il est parti, je me suis dit qu’il allait marquer. De la tribune, on a une meilleure photographie et il n’y avait pas de second rideau rochelais, je ne sais pas pourquoi. Après, Romain a vraiment des cannes. Il est même surprenant.
Le plus magnifique, c’est de faire ça après avoir raté son match. Mais il a un tel mental. Il y a chez lui une forme de résilience incroyable. En son for intérieur, il s’est dit : «Je vais nous faire gagner » Après, peut-on nous comparer. C’est très flatteur mais ce n’est pas pareil.
Ma première réflexion fut de penser à mon essai en 1989, bien sûr… Moi, ça fait trente ans qu’on me parle de la même chose. J’ai l’impression de n’avoir fait qu’une action dans ma carrière (rires). C’est réducteur mais c’est ainsi. C’était un essai qui faisait plus ou moins la différence mais lui, c’est l’essai qui fait gagner. Je ne dis pas qu’il n’y a pas de parallèle mais le sien est encore plus symbolique. Lui, c’est le K.-O. en boxe. Romain a inventé le K.-O. en rugby ! Il a crucifié La Rochelle.
Ce garçon a une dimension que peu d’autres ont. Il a cette sobriété, alliée à un talent inné et gigantesque. Je sais qu’il n’aime pas entendre qu’il est sobre mais c’est la plus grande des qualités pour un ouvreur. Un mec qui se fait oublier et qui te fait gagner, c’est un très grand joueur. C’est Wilkinson, qui était d’une immense sobriété. C’est le plus beau des compliments. Romain est de cette trempe. Il n’a aucun doute. Je l’ai eu avec les Barbarians à 18 ans. J’ai joué avec son père, et j’ai vu Romain arriver si jeune.
Je me rappelle qu’on allait manger des huîtres sur un bateau sur le bassin d’Arcachon. J’avais donné des bières à tout le monde et je n’ai pas osé lui en tendre une. Je le prenais pour un gamin et lui m’a dit en souriant : « Oh, je n’en ai pas, tu me prends pour qui ? » J’avais trouvé ça formidable à 18 ans. Il avait tellement raison. Ça montre la personne qu’il est. Il sait ce qu’il veut. »