Cinq semaines après l’amputation de sa jambe droite, Matthieu Lartot a repris la marche avec une prothèse.
Le commentateur rugby de France Télévisions a publié une vidéo sur son compte Instagram pour montrer son évolution.
Lors d’un entretien accordé au journal Le Parisien, Matthieu Lartot a expliqué aller bien. Extrait:
“Je vais bien, je vais très bien (Il insiste). Je sors d’un long tunnel, et là, je vois la lumière. Je suis dans un centre de rééducation spécialisé, je fais mes premiers pas avec ma prothèse depuis quelques jours, je fournis beaucoup d’effort, mais tout va bien. Mes résultats de santé sont très bons depuis quelques semaines, les nouvelles se sont transformées en bonnes nouvelles.”
Il se veut optimiste même s’il est conscient que tout peut rapidement basculer en ce qui concerne le cancer. Extrait:
“On ne peut pas être définitif sur ce sujet, car on sait très bien que les récidives existent, mais on s‘est donné le maximum de chances. On a mis le paquet sur la chimiothérapie, on a atteint le seuil de produits, assez agressifs, que j’étais capable de recevoir. C’est le même protocole que j’ai subi il y a vingt-cinq ans. Là, j’ai fait deux cures qui se sont révélées être positives sur le sarcome de la zone, où j’avais eu une radiothérapie par le passé. Souvent, ça ne fonctionne pas dans ce genre de cas, mais la chimiothérapie a eu beaucoup d’effets ici. On a la certitude que les cellules cancéreuses ne sont pas parties plus haut dans la jambe. Mais la surveillance va être étroite, car les gens qui ont eu ce genre de choses savent qu’il faut continuer à regarder pendant cinq ans si le cancer ne revient pas.”
Il raconte ensuite comment s’est passée l’amputation de sa jambe droite. Extrait:
“Ma chirurgienne a été extraordinaire, a fait des miracles. Les spécialistes qui me suivaient pensaient que j’aurais un moignon court de 10 cm. Mais elle a réussi à garder 4 cm de plus, ce qui change beaucoup de choses par rapport à l’appareillage et la capacité à marcher avec une prothèse. C’est plus fonctionnel. Trois heures après l’opération, j’étais debout à marcher en béquilles. On m’a enlevé les fils au bout de seize jours, j’ai très vite cicatrisé, je suis en avance sur les temps de passage.”
Il indique ne pas avoir appréhendé à regarder sous le drap à l’issue de son opération. Extrait:
“Je m’y étais préparé mentalement. Dans le centre où je me trouve, je vois que les individus ne réagissent pas pareil selon les pathologies. Un accidenté de la route ne vit sans doute pas la même chose que moi qui ai pu anticiper la chose. À mon réveil, je n’ai pas eu d’appréhension à regarder sous le drap. C’était fidèle à ce que j’avais imaginé, et je n’ai pas eu le temps de gamberger puisqu’on m’a très vite fait marcher avec des béquilles. Je n’étais pas abasourdi, sonné ou coulé psychologiquement, et c’est important, car le mental joue beaucoup.”
Il explique dans la foulée pourquoi il a publié sur les réseaux sociaux une vidéo de lui en train de marcher avec sa prothèse. Extrait:
“J’ai été appareillé mardi avec un genou mécanique, mais les prothésistes et les kinés ont été stupéfaits de voir que je marchais convenablement en 24 heures Depuis vendredi, j’ai un genou électronique plus élaboré qui sera mon genou définitif. J’ai des permissions le week-end où je quitte le centre, et j’ai tenu à expérimenter la marche dans la rue et à le montrer aux gens qui demandent des nouvelles. C’est là qu’on voit que les trottoirs ne sont pas droits, qu’il faut gérer les pavés et qu’on se rend compte de ce que vivent les gens handicapés au quotidien. La vie de tous les jours n’est pas faite pour nous.”
Il rajoute recevoir de nombreux messages de soutien au quotidien. Extrait:
“Oui, ça m’a énormément touché. Depuis avril, c’est un tsunami. Je n’ai jamais reçu autant de courriers de ma carrière à France Télévisions. Les plus jeunes entrent en contact avec moi par Internet. Il y a des passionnés de sport, mais aussi des malades du cancer dans la même galère qui puisent, sans doute, de l’énergie ou de la force dans ce que je peux poster sur les réseaux sociaux. Il y a des gens touchés par le cancer dans des phases plus avancées. J’ai reçu des messages poignants, très difficiles à lire. J’ai tissé une relation particulière avec deux femmes en phase terminale de cancer très rare. Ce sont des maladies qui ne se terminent pas toujours bien, c’est important d’accompagner les gens.”
Il indique avoir le soutien de Fabien Galthié quasiment tous les jours. Extrait:
“Évidemment, Fabien Galthié (sélectionneur du XV de France et son ancien binôme aux commentaires à France Télévisions) est très présent, et m’appelle quasiment tous les jours. Il est venu me voir à peu près à chaque étape du traitement. Le président de la République m’a écrit également, et j’en profite pour le remercier parce que je ne lui ai pas encore répondu. J’ai aussi le soutien étroit de la ministre des Sports, mais aussi de Bruno Solo. Il est entré en contact avec moi, et c’est un gars bien, qui m’aide beaucoup. Les joueurs du XV de France m’envoient aussi des mots, des petites vidéos. On ne se sent pas oublié. Eux, autant que les anonymes, m’aident dans ce que je vis.”
Matthieu Lartot annonce la bonne nouvelle : il pourra commenter les matches du Mondial. Extrait:
“C’est même quasiment acté. Il y a des choses à régler au niveau de la médecine du travail, mais je serai présent. Déjà, je serai là, et debout, au match d’ouverture du XV de France face à la Nouvelle-Zélande, puis à commenter des matchs, dont France Télévisions détient les droits. On pensait que je ne pourrais pas marcher à ce moment-là, mais mon périmètre augmente de jour en jour. On verra où ça en sera, mais j’irai au stade en marchant ou alors avec les béquilles, ou en fauteuil.”
Il précise cependant que certaines enceintes sportives ne sont pas adaptées pour les personnes handicapées, dont notamment le Stade Mayol de Toulon. Extrait:
“Certaines enceintes de Coupe d’Europe ne sont pas faites pour les handicapés. Je pense à la tribune de presse du stade Mayol à Toulon, où j’avais déjà du mal à monter avec ma jambe raide. Aujourd’hui, je ne pourrais pas. Ça va être ma bataille : convaincre les présidents de clubs du travail à faire dans l’accueil des handicapés. À un an des Jeux paralympiques, il y a d’ailleurs des choses scandaleuses en France, comme déjà des transports en commun pas adaptés.”