Le deuxième ligne international Français Paul Willemse s’est confié dans les colonnes du Midi Olympique sur sa vie.
Dans un premier temps, il affirme être un garçon gentil et calme.
Mais il a rapidement compris que pour percer dans le rugby, il fallait être “un peu con et méchant”.
C’est ainsi qu’il a décidé de faire mal sur les terrains de rugby. Extrait:
“Je crois que je suis un garçon gentil, plutôt calme. Sauf que dans le rugby, ça ne m’aidait pas. J’ai vite compris que sur un terrain il fallait être un peu con, un peu méchant. Au début, je n’y arrivais pas. Ce n’était pas moi. Et en lisant différents témoignages, j’ai commencé à voir le rugby comme un spectacle.
Aujourd’hui, pour moi, un match c’est comme un film. Et je suis un acteur qui doit performer (sic). J’aime faire mal sur un terrain alors que ce n’est pas moi dans la vie de tous les jours.”
Pour savoir faire mal et s’imposer sur un terrain de rugby, il s’est inspiré de certains sports de combat. Extrait:
“Je m’inspire de ce qui se fait dans les sports de combat. J’ai lu notamment comment Tyson Fury a réussi à battre Wladimir Klitschko en 2015. Quelques années plus tôt, avec d’autres jeunes boxeurs, il avait fait un stage dans le centre d’entraînement de Klitschko. Un vieil entraîneur américain qui travaillait avec Klitschko lui avait dit : “Tu sais que Wladimir est le roi du sauna, montre-lui le respect. Il aime sortir le dernier après que tout le monde soit parti.” Fury a raconté qu’il savait que pour devenir le meilleur boxeur du monde, il devait réussir à rester plus longtemps dans le sauna que Klitschko. C’est ce qu’il a fait et quelques années plus tard, il l’a battu. Cette histoire m’a marqué très fortement.”
Il ne le cache pas : sa vie n’a pas été de tout repos, notamment sa jeunesse.
Son père l’a mis à la porte à l’âge de 16 ans. Extrait:
“Il a toujours fallu que je me batte pour réussir. J’ai grandi à Pretoria avec le rêve de jouer pour les Bulls. Seulement, à 16 ans, mon père m’a foutu dehors parce qu’il s’est remarié avec une nouvelle femme. Je suis donc parti vivre avec ma mère en Namibie. J’ai cru à la fin de mon rêve de rugbyman aux Bulls. J’avais 16 ans et j’étais un peu désespéré. Je jouais dans un club en Namibie sans trop y croire. Et puis, un jour, nous sommes partis en stage à Pretoria. Nous avons donc fait la visite du stade des Bulls où il y a un long tunnel pour entrer sur la pelouse. Quand je suis arrivé à l’entrée, je me suis arrêté. Je n’ai pas pu aller plus loin. J’avais trop d’émotions en moi.”
Son rêve absolu ? C’était de jouer avec les Bulls. Il raconte alors une anecdote. Extrait:
“Mon rêve, c’était d’entrer sur cette pelouse avec les maillots des Bulls sur les épaules. Pas en simple visiteur. J’ai donc fait le tour et pris un autre chemin sans rien dire à personne pour entrer sur la pelouse. Pour moi, c’était impossible de faire autrement. Et quatre ans plus tard, j’ai finalement réalisé ce rêve en empruntant ce tunnel avec le maillot des Bulls.
Je vous raconte une anecdote. Après cette saison en Namibie, j’ai réussi à entrer dans une école à Johannesbourg, ce qui m’a permis de jouer pour les Lions. Seulement, j’ai été obligé de mentir à ma mère. En fait, mon internat était du lundi au vendredi. J’ai dit à ma mère que c’était sept jours sur sept. Sinon, elle ne m’aurait pas laissé partir.
Le week-end, je dormais à droite, à gauche. Chez des copains… Je me débrouillais comme je pouvais. Mes parents n’étaient pas riches et je savais que le rugby était ma seule chance dans la vie. Ça m’a donné une force immense. Au départ, le rugby n’était qu’un rêve. Mais quand j’ai eu des difficultés avec mon père, c’est devenu un objectif. Sans le rugby, j’aurais basculé du mauvais côté de la vie. Et aujourd’hui, je suis là, en équipe de France avec un nouvel objectif : jouer et gagner la Coupe du monde.”