Le nouveau manager du Racing 92, Stuart Lancaster s’est confié dans les colonnes du Midi Olympique pour évoquer son arrivée en France.
Il affirme être très heureux de débarquer au Racing 92. Extrait:
Avant tout chose, ce fut une grande décision personnelle pour moi de venir ici, d’y déplacer ma famille, et de quitter le Leinster. Je suis arrivé ici il y a six semaines. Durant la première semaine, j’ai réglé les problèmes pratiques : la maison, la voiture, mon bureau… C’est une présaison beaucoup plus courte que toutes celles que j’ai pu vivre auparavant. Le Racing 92 a perdu en demi-finale, staff et joueurs sont partis en vacances, et la saison démarre très tôt. Malgré tout, nous avons voulu changer pas mal de choses…
Il affirme avoir changé pas mal de choses dans le club depuis son arrivée. Extrait:
Des choses dans l’environnement du club : la façon dont on s’entraîne à la salle de musculation, la façon de l’utiliser, la construction des semaines, le programme des joueurs… il y a aussi des fondations solides ici, donc il n’était pas question de tout changer. Et puis quand on y regarde bien, il y a déjà suffisamment de changements dans le staff : il y a d’abord l’arrivée de Frédéric Michalak, puis Dimitri Szarzewski, qui a pris en charge les avants et dont la contribution est précieuse, sans oublier Joe Rokocoko qui nous a rejoints également. Sur le plan du jeu, j’ai mes propres convictions et ma philosophie sur l’attaque et la défense, selon l’expérience que j’ai eue en entraînant l’Angleterre et le Leinster.
J’ai rencontré tous les membres du staff, ainsi que les joueurs, notamment ceux que je ne connaissais pas encore et nous nous sommes mis au travail avant les matchs amicaux. Nous avions bien besoin de ces deux matchs de préparation, et nous avons beaucoup appris sur le niveau où nous nous situons en tant que groupe, même si le vrai test va arriver ce week-end contre Bordeaux-Bègles.
Il avait vraiment envie de découvrir le Top 14. Extrait:
J’avais envie de découvrir le Top 14, oui. En tant qu’entraîneur, j’avais envie de m’y mesurer, car c’est un championnat long, éprouvant, qui vous challenge. Et puis j’adore le rugby de club. J’ai connu le niveau international mais je préfère le quotidien d’un club : travailler jour après jour, être au contact du groupe, aller de match en match, construire progressivement l’équipe, développer les joueurs, faire évoluer le plan de jeu… Le rugby international est totalement différent : tu n’as que dix ou douze matchs par an, avec seulement trois fenêtres internationales hors année de Coupe du monde. Avec le Racing et le Top 14, je sais que l’on part pour 26 matchs de championnat, sans compter la Coupe d’Europe : on pourrait donc jouer jusqu’à 35 rencontres, ce qui est colossal. Mais cela fait partie de mon challenge : je suis venu ici pour me tester. Voir si, en tant qu’entraîneur anglophone, je suis capable de développer une équipe de Top 14 pour qu’elle gagne de façon durable jusqu’à remporter un trophée à la fin de la saison.
Il souhaite apprendre le français pour être plus performant encore. Extrait:
J’ai déjà commencé et je progresse petit à petit ! Je ne suis pas encore assez à l’aise pour faire toute une réunion en français, et je pense que les joueurs préfèrent que je parle un anglais correct plutôt qu’un français écorché ! (rires) Pour l’instant, c’est un peu frustrant pour moi car j’ai envie de faire mon job du mieux possible, échanger avec les joueurs et construire une relation avec eux et je sais que cela passe par la maîtrise du français. Cela va venir, mais il y a aussi beaucoup de choses qui sont prioritaires par rapport à mon apprentissage de la langue.
Il explique ensuite pourquoi il a choisi le Racing 92. Extrait:
Ma relation avec ce club a commencé en 2016, après avoir quitté mon poste de sélectionneur de l’Angleterre. Je crois que c’était en mars ou en avril, les deux Laurent (Labit et Travers, N.D.L.R.) m’ont invité au club pour faire une sorte d’audit car ils souhaitaient avoir un point de vue extérieur : ils voulaient savoir comment les équipes adverses pouvaient tenter de battre le Racing. J’ai donc fait un exposé dans lequel je montrais comment on pouvait exploiter quelques failles dans son jeu. Puis nous avons nous les avons affrontés avec le Leinster en 2018 et l’année dernière, et c’est ainsi que nous avons conservé un lien. Quand j’y repense, je me dis que dans le rugby, il est assez rare que l’on vous sollicite un an après avoir été remercié par une fédération. Quand Jacky et Laurent m’ont recontacté il y a un an, ils recherchaient un manager. Ils m’ont parlé de leurs valeurs familiales, de celles du club, de leurs ambitions… Laurent a été très réceptif à la perspective de l’arrivée d’un nouveau manager. Et puis ils ont été directs : ils voulaient vraiment que je vienne. Il n’y avait pas de plan B. Quand on dit cela à un entraîneur, il est stimulé et a envie de relever le défi.
Le Racing a toujours été une équipe portée vers l’attaque, et je ne veux pas changer son ADN. Et de toute façon, ma philosophie du jeu va dans ce sens : jouer dans les espaces pour marquer des essais. Sauf que l’année dernière, l’équipe en a encaissé beaucoup trop. Nous devons progresser en défense, ainsi qu’en conquête. J’espère apporter aussi des choses que j’ai apprises en Angleterre et au Leinster.
Il explique aussi comment il a travaillé sur le recrutement. Extrait:
J’ai commencé à m’y mettre dès l’année dernière, alors que j’étais encore en poste au Leinster. Plusieurs soirs par semaine, nous nous appelions avec Laurent Travers pour faire le point, évaluer les besoins, les joueurs qui allaient partir… Nous étions très sollicités par les agents car le Racing est un club très attractif. Mais nous voulons aussi développer nos joueurs issus de la formation, c’est pourquoi nous ne voulions pas trop recruter non plus. On voulait que nos jeunes se sentent pleinement intégrés à l’effectif, et qu’ils sentent que l’on compte sur eux.
Il évoque le recrutement de Siya Kolisi. Extrait:
En effet… C’est l’un des premiers joueurs que j’ai contacté quand on m’a confié cette mission. Nous sommes très heureux qu’il nous rejoigne. C’était un sacré choix à faire pour lui, car il n’a encore jamais quitté l’Afrique du Sud. Mais c’est la même chose pour tout le monde : moi, Fred Michalak, Tom Whitford, Will Rowlands avons tous fait migrer nos familles ici. Cela me donne aussi la responsabilité de leur offrir un bon environnement de travail pour qu’ils se sentent bien dans le club et qu’ils s’épanouissent dans le travail.